S'il est difficile pour
un cinéaste de reprendre à son compte l’œuvre d'un autre, le
réalisateur Kazuo Mori s'en était fort bien accommodé et avait
signé un Secret presque en tout point aussi réussi
que Le Masseur Aveugle, lui, signé par l'immense Kenji
Misumi. Pour ce Nouveau Voyage, c'est un autre qui
encore prend la relève. Il s'agit ici du cinéaste Tokuzo Tanaka. Il
en signera deux autres épisodes. L'un en 1963, soit la même année
que Le Nouveau Voyage, puis plus tard en 1966 avec La
Vengeance. Entre Le Nouveau Voyage et les deux qui l'ont
précédé, il existe de nombreuses différences. D'abord, et cela
n'est pas anecdotique, cette troisième aventure du masseur aveugle
Zatoichi est en couleur. Si durant les quelques secondes qui ouvrent
l'intrigue de ce Nouveau Voyage on a la sensation d'y
perdre un peu du charme des précédents volets, ce détail est très
vite relégué au second plan car Tokuzo Tanaka a réussi à se
hisser au niveau de ses prédécesseurs et propose un voyage
véritablement excitant.
De part l’attrait d'un
retour sur le passé du héros. Pas de flash-back mais la rencontre
d'anciens compagnons dont l'un, et non des moindres, va cimenter un
scénario qui diffère en partie du Masseur Aveugle et
du Secret. Si l'on a droit comme on s'en doute à un
combat final de haute volée entre Zatoichi et une bande de voleurs,
l'intrigue tourne surtout autour du personnage de Banno qui n'est
autre que le maître de Zatoichi. Celui qui lui appris le maniement
du sabre.
Un homme que l'on suppose
forcément bon mais qui va révéler un visage bien sombre. Alors
qu'il a marié sa première sœur à un homme par convenance, la
seconde Yayoi, alors âgée de dix-huit ans, est déjà promise à un
homme qu'elle n'aime pas. En tombant follement amoureuse de Zatoichi,
elle espère ne plus épouser celui auquel elle a été promise et
cela, avec l'accord de son frère Banno. Mais celui-ci n'entend pas
respecter le vœu de Yayoi et chasse alors Zatoichi...
La Légende de
Zatoichi : Le Nouveau Voyage
parvient miraculeusement à dominer très nettement les deux épisodes
précédents. Moins de combats (qui déjà étaient plutôt rares),
mais surtout, davantage d'émotion. Une émotion que l'on doit en
partie au compositeur Akira Ifukube qui accompagne avec une grande
sensibilité des instants de tragédie formidablement mis en scène
(il faut voir comment Tokuzo Tanaka place sa caméra) et interprété
avec autant de grâce et de pudeur par l'acteur Shintarō Katsu qui
continue à incarner le personnage de Zatoichi.
Un
Zatoichi prêt à renoncer à son statut de yakuza pour l'amour d'une
Yayoi émouvante (l'actrice Mikiko Tsubouchi). On aurait pu craindre
une certaine redondance mais non, le miracle a lieu. Les aventures de
Zatoichi demeurent toujours aussi passionnantes à suivre et l'on
prend toujours autant de plaisir à le voir évoluer. A aller de
l'avant tout en en apprenant davantage sur son passé. Sur qui il
est vraiment. Et à force d'en connaître un peu plus sur ce
personnage charismatique à chaque épisode, forcément, on s'y
attache de plus en plus. Tokuzo Tanaka signera lui-même l'épisode
suivant, Le Fugitif...
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