Maniac
de William Lustig, Schizophrenia de Gerald Kargl, Crazy
Murder de Doug Gerber et Caleb Pennypacker, ou encore Clean,
Shaven de Lodge Kerrigan pour ne citer
que les premiers qui me viennent en tête. Ces quatre longs-métrages
sont parmi les exemples les plus frappants consacrés à des
personnages totalement habités par la folie. Qu'elle remonte à
l'enfance, à un profond complexe d’œdipe, que l'on rende
responsable de leur état la société ou bien que la drogue en soit
la principale cause, tous ont un point commun : ils sont
incapables de réprimer les pulsions de mort qui agitent leur
sommeil. Le dernier né de cette « fratrie » très, très
haut perchée, c'est The Alchemist Cookbook
de Joel Potrykus, cinéaste qui apparemment ce que j'ai pu lire sur
sa biographie est habitué à mettre en scène des personnages en
marge de la société.
Malgré son titre très
étonnant, il ne s'agit pas d'une œuvre savante basée sur la
création de la pierre philosophale censée permettre la
transmutation de métaux de piètre envergure en or ou en argent.
Même si d'une certaine manière le héros de The Alchemist
Cookbook paraît
vouloir tenter l'expérience, on peut se demander si son étonnante
« profession »
ne se rapproche pas davantage de celle des « chimistes »,
célèbres pour leurs compétences en matière de fabrication de
drogues dures. Un sujet qui est inlassablement remis sur le tapis
chaque fois que Sean (l'acteur Ty Hickson) fait référence aux
pilules dont il a besoin.
Là
où la frontière entre drame et fantastique est franchie, c'est dans
sa lecture du livre de recettes d'alchimiste qui donne son nom au
titre du film. Répétant régulièrement des phrases entières
inscrites en latin lors de sabbats nocturnes, Sean, dans son
étouffant isolement, est devenu totalement paranoïaque. Vivant dans
un monde fantasmé où le guette un démon qui en veut à ses biens
(comprendre ses dents dont il finira par arracher certaines pour les
donner en offrande), chaque son provenant de la forêt environnante
où il a installé son camping-car signifie le danger. Avec pour seul
compagnon, un chat prénommé Cas' et son ami Cortez qui le
réapprovisionne en denrées multiples, Sean est un individu
totalement habité par ses obsessions.
The Alchemist
Cookbook est
vraiment, vraiment une œuvre très étrange. Minimaliste, et presque
en forme de huis-clos puisque la majorité des plans ont été
tournés dans le camping-car vétuste de son personnage principal. Un
bordel sans nom. Des symboles cryptiques et démoniaques affichés
sur les murs. Des bougies par dizaines jonchant le sol du véhicule.
Chacun cherchant à se protéger à sa façon, Sean n'est pas très
loin dans son raisonnement de Peter, le héros de Bug
de William Friedkin, même si ce dernier lui est mille fois
supérieur. Chacun fait aussi avec ses propres moyens. Beaucoup de
scènes demeurent dérangeantes de part leur absence de
signification. Une signification propre au héros que le cinéaste
n'a pas jugé bon de nous dévoiler, et c'est tant mieux.
Dans
le rôle de Sean, l'acteur américain Ty Hickson est parfait. Tout
comme son acolyte Amari Cheatom (Cortez) l'est, vociférant des
'négro'
à longueur de dialogue. Maintenant, il ne vous reste plus qu'à vous
faire une idée personnelle de ce curieux projet cinématographique
et de décoder la part d'imaginaire du concret que revêt l'existence
de son héros. Ceux qui auront choisi de déserter le camp des
adorateurs de The Witch
sorti en 2016 feraient peut-être bien de jeter un œil à ce The
Alchemist Cookbook
fort intéressant...
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