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mercredi 4 janvier 2017

The Alchemist Cookbook de Joel Potrykus (2016)



Maniac de William Lustig, Schizophrenia de Gerald Kargl, Crazy Murder de Doug Gerber et Caleb Pennypacker, ou encore Clean, Shaven de Lodge Kerrigan pour ne citer que les premiers qui me viennent en tête. Ces quatre longs-métrages sont parmi les exemples les plus frappants consacrés à des personnages totalement habités par la folie. Qu'elle remonte à l'enfance, à un profond complexe d’œdipe, que l'on rende responsable de leur état la société ou bien que la drogue en soit la principale cause, tous ont un point commun : ils sont incapables de réprimer les pulsions de mort qui agitent leur sommeil. Le dernier né de cette « fratrie » très, très haut perchée, c'est The Alchemist Cookbook de Joel Potrykus, cinéaste qui apparemment ce que j'ai pu lire sur sa biographie est habitué à mettre en scène des personnages en marge de la société.

Malgré son titre très étonnant, il ne s'agit pas d'une œuvre savante basée sur la création de la pierre philosophale censée permettre la transmutation de métaux de piètre envergure en or ou en argent. Même si d'une certaine manière le héros de The Alchemist Cookbook paraît vouloir tenter l'expérience, on peut se demander si son étonnante « profession » ne se rapproche pas davantage de celle des « chimistes », célèbres pour leurs compétences en matière de fabrication de drogues dures. Un sujet qui est inlassablement remis sur le tapis chaque fois que Sean (l'acteur Ty Hickson) fait référence aux pilules dont il a besoin.

Là où la frontière entre drame et fantastique est franchie, c'est dans sa lecture du livre de recettes d'alchimiste qui donne son nom au titre du film. Répétant régulièrement des phrases entières inscrites en latin lors de sabbats nocturnes, Sean, dans son étouffant isolement, est devenu totalement paranoïaque. Vivant dans un monde fantasmé où le guette un démon qui en veut à ses biens (comprendre ses dents dont il finira par arracher certaines pour les donner en offrande), chaque son provenant de la forêt environnante où il a installé son camping-car signifie le danger. Avec pour seul compagnon, un chat prénommé Cas' et son ami Cortez qui le réapprovisionne en denrées multiples, Sean est un individu totalement habité par ses obsessions.

The Alchemist Cookbook est vraiment, vraiment une œuvre très étrange. Minimaliste, et presque en forme de huis-clos puisque la majorité des plans ont été tournés dans le camping-car vétuste de son personnage principal. Un bordel sans nom. Des symboles cryptiques et démoniaques affichés sur les murs. Des bougies par dizaines jonchant le sol du véhicule. Chacun cherchant à se protéger à sa façon, Sean n'est pas très loin dans son raisonnement de Peter, le héros de Bug de William Friedkin, même si ce dernier lui est mille fois supérieur. Chacun fait aussi avec ses propres moyens. Beaucoup de scènes demeurent dérangeantes de part leur absence de signification. Une signification propre au héros que le cinéaste n'a pas jugé bon de nous dévoiler, et c'est tant mieux.

Dans le rôle de Sean, l'acteur américain Ty Hickson est parfait. Tout comme son acolyte Amari Cheatom (Cortez) l'est, vociférant des 'négro' à longueur de dialogue. Maintenant, il ne vous reste plus qu'à vous faire une idée personnelle de ce curieux projet cinématographique et de décoder la part d'imaginaire du concret que revêt l'existence de son héros. Ceux qui auront choisi de déserter le camp des adorateurs de The Witch sorti en 2016 feraient peut-être bien de jeter un œil à ce The Alchemist Cookbook fort intéressant...

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