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jeudi 5 janvier 2017

We are the flesh (Tenemos la carne) de Emeliano Rocha Minter (2016)



Pas facile de parler du second long-métrage du cinéaste mexicain Emeliano Rocha Minter sans forcément le comparer à certains grands artisans du septième art. Comme ça, sans réfléchir, We are the flesh (Tenemos la carne) m'évoque Gaspar Noé, Alessandro Jodorowsky, Fernando Arrabal, Luc Besson ou encore David Lynch. Avec ou pas du tout de légitimité d'ailleurs. L'air de rien, ce petit film risque avec le temps, d'en devenir un grand. D'un bouche à oreille à un festival, il fera (et a déjà d'ailleurs fait) parler de lui. We are the flesh, c'est la rencontre entre un frère et une sœur unis dans un même combat pour la survie. Dans un monde qui nous est décrit d'apocalyptique, ils errent à la recherche de la moindre denrée alimentaire. Jusqu'au jour où ils croisent la route d'un homme plus âgé. La quarantaine tassée. C'est d'ailleurs par lui que tout commence. Un individu sauvage. Une bête suivant des rites immuables. Singeant de vieux restes d'humanité avant d'entreprendre de souiller ces deux jeunes « enfants ». Des âmes pures ? Pas tant que cela puisque sans doute bien avant leur rencontre, Lucio et Fauna avaient déjà en tête une idée bien précise de la tournure que prendrait fatalement leur relation de frère et de sœur.

Mariano est cet homme étrange qui va les pousser à aller plus loin dans celle-ci. Les contraindre à franchir la barrière des tabous et des instincts les plus vils. Les forcer à entretenir une relation incestueuse. L'homme sème une graine qui en poussant va donner lieu à une incessantes descente aux enfers. Un catalogue de perversités auquel le cinéaste mexicain a réussi à donner l'apparence d'un poème morbide. C'est peut-être en cela qu'il se rapproche d'un Jodorowsky ou d'un Arrabal. Son barbu aurait pu traîner ses sales pattes dans le El Topo du premier ou dans le Viva la Muerte du second.

Servant de décor, l'appartement dévasté de l'ogre se mue peu à peu dans une pulsion collective en un gigantesque utérus où vont s'ébattre les deux nouveaux amants. Frère et sœur s'unissant dans une étreinte charnelle sauvage et filmée à l'occasion à travers un filtre quelque peu cheap mais reconnaissant espérons-le, comme influence le Lost Highway du cinéaste américain David Lynch. Maria Evoli et Diego Gamaliel forment ce couple auquel l'acteur Noé Hernandez vole la pureté. Sans aucune forme de concession, le cinéaste Emeliano Rocha Minter enchaîne des scènes proprement hallucinante, faisant de l'appartement-utérus le terrain fertile des fantasmes d'un homme qui apparaîtra également comme un pur pervers. Tenemos la Carne... Carne... comme le titre éponyme du troisième court-métrage de Gaspar Noé auquel Emeliano Rocha Minter reprend sensiblement la thématique puisque déjà le cinéaste français y révélait la troublante relation d'un boucher avec sa fille, l'expérience qu'il prolongera sept ans plus tard en 1998 avec l'éprouvant Seul contre Tous avec le génial Philippe Nahon.

Désormais, le spectacle est total mais laisse présager un futur pour un cinéma explosant toute forme de barrière entre simple suggestion et actes réels pratiqués devant la caméra. On ne parle pas d'actes criminels mais bien de sexe. L'actrice Maria Evoli acceptant courageusement de pratiquer une fellation non simulée devant la caméra. Premier actes d'une succession d'actes sexuels dépravés dont le message « d'amour » à son frère n'est pas parmi les moins épouvantables (vous comprendrez en visionnant We are the flesh).

Le film de Emeliano Rocha Minter est un choc sensoriel intense. Une expérience visuelle et sonore fantastique. Un objet inattendu produit par des cinéastes de la trempe de Alejandro Inarritu et Alfonso Cuaron. Le sexe de la femme comme enfer sur Terre. Un Dernier Combat surréaliste, trash et... « menstruellement » dérangeant. L'acteur Noe Hernandez y est époustouflant en monstre, en exégète réinterprétant la face sombre de notre humanité. Celle qu'il a d'ailleurs lui-même façonné puisque l'une des clés de We are the flesh semble professer son retour à l'eternité lors d'une étrange accouchement. Le Diable à visage humain. Le film de Emeliano Rocha Minter est un bijou pour amateur avertis...

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