Réalisé par Jean
Girault sur un scénario adapté de la pièce de théâtre The
Gazebo d'Alec Coppel par Claude Magnier et Jacques Vilfrid, Jo
aurait tout aussi bien pu sortir de l'esprit fertile de l'immense
Louis de Funès qui, comme on le sait très bien, imaginait lui-même
certains des gags qui le mettaient en scène. Lorsque l'acteur et le
cinéaste tournent en 1971 cette comédie matinée d'intrigue
policier et de thriller, c'est la huitième fois que les deux hommes
se rencontrent. Outre la série des Gendarme, il
tournèrent ensemble Pouic-Pouic (dont la structure
narrative et étonnamment similaire à celle de Jo),
Faites Sauter la Banque, et Les Grandes Vacances.
Un sujet que Louis de
Funès aurait lui-même pu adapter d'une expérience personnelle ?
Oui, effectivement. Car trois ans plus tôt, sa femme et lui furent
les victimes d'un maître-chanteur qu exigea du comédien qui lui
donne la somme de 150 000 francs et de sa femme qu'elle lui remette
l'argent. Finalement, toute cette affaire se termina sans heurts
puisque l'homme (un malade mental échappé de l'hôpital
psychiatrique de Villejuif qui fut tout de même responsable de la
mort de son propre père) fut arrêté et enfermé.
Pourtant, rien d'aussi tragique dans
Jo. Quoique. Cela
étant assez rare dans la carrière d'acteur de Louis de Funès pour
que cela soit évoqué, mais Antoine Brisebard, son personnage, tue
un homme au début du film. Rare car cela ne s'était produit qu'en
deux autres occasions. En 1964 et 1965 avec respectivement Des
pissenlits par la racine de
Georges Lautner et Fantômas
se déchaîne de
André Hunebelle. Fort heureusement, dans Jo, ce meurtre prémédité
se déroulera finalement dans des conditions accidentelles. Pas de
quoi reprocher finalement à son personnage d'avoir voulu défendre
son bien.
Si
l'on compare Jo
à des œuvres telles que Le
Corniaud,
La Grande Vadrouille,
Les Aventures de Rabbi Jacob,
Le Gendarme de Saint-Tropez,
ou L'Aile ou la Cuisse,
le film de Jean Girault n'est pas forcément l’œuvre que l'on
évoque en début de liste. Au box-office des films mettant en
vedette notre plus grand comique, il n'arrive même seulement qu'à
la quarante-troisième place, juste après Ni
vu, Ni Connu
d'Yves Robert et avant L'Avare
que l'acteur réalisa lui-même avec son éternel compagnon Jean
Girault. Pourtant, force est de reconnaître que Jo
est un immense tour de force. Le genre de long-métrage qui à
l'image de Oscar d'Édouard Molinaro vous file le tournis.
Un
récit passionnant (comment se débarrasser d'un cadavre qui remonte
sans cesse à la surface alors même qu'un inspecteur de police
persiste à tourner dans les alentours) et surtout, des gags très
nombreux, millimétrés à la perfection et mis en valeur par une
ribambelle d'interprètes tous aussi savoureux les uns que les
autres. Outre la présence de l'actrice Claude Gensac (qui nous a
malheureusement quittés le 27 décembre de l'année passée) et qui
fut très souvent l'épouse de Luis de Funès, outre celle de Michel
Galabru, excellent en entrepreneur, c'est bien la présence à
l'image de l'immense Bernard Blier qui donne un caractère très
spécial au film de Jean Girault. Dès sa première apparition à
l'écran, on sait d'avance que le duo va fonctionner. Deux acteurs
qui se rencontrèrent sur les plateaux de Sans
laisser d'adresse,
Je l'ai été trois
fois,
L'agence matrimoniale
et Scènes de ménage
avant d'exploser ensemble dans Le
Grand Restaurant
en 1966 et Jo
en 1971.
Jo
fourmille de scènes cultes presque impossibles à lister dans un
simple article lui étant consacré. Mais tout ceux qui l'ont vu
n'oublieront sans doute jamais Louis de Funès tentant de planquer le
corps de celui qu'il prend pour son maître-chanteur (la sculpture
qu'il fabrique afin d'y cacher le corps du mort est à hurler de
rire). le duel persistant entre son personnage et celui de Bernard
Blier, l'inspecteur Ducros. Le couple Grunder (Ferdy Mayne et Yvonne
Clech), et leur promoteur immobilier (la géniale Florence Blot), la
bonne (Christiane Muller), et bien entendu Claude Gensac et Michel
Galabru. N'oublions pas non plus l'excellente musique de Raymond
Lefèvre, parmi les meilleures de la filmographie de Louis de Funès.
Un classique de la comédie « made
in France »...
On se le regarde la semaine prochaine !
RépondreSupprimerLà, on s'est loué des Pissenlits par la Racine (c'est drôle que tu en parles).
Ni vu ni connu : ça m'a bien fait marrer en tout cas.