Un premier long-métrage
étrange, captivant, intriguant.. Les univers de Gaspar Noé, David
Lynch et Frank
Henenlotter se
télescopant dans une œuvre sensorielle puissante et éreintante.
Enter the Void,
Eraserhead,
Lost Highway ou
Basket Case pour principales
sources d'inspiration ? Peut-être faudrait-il poser la question
directement à Achim
Bornhak , le
cinéaste allemand qui a commis ce Der Nachtmahr
atypique.
En
cherchant bien, on y découvrira un peu des anciennes obsessions du
canadien David Cronenberg également, et tout particulièrement un
rapport avec son Chromosome 3.
On ne sait pas réellement dans quelle mesure l'histoire qui nous est
contée n'est que le fruit d'un fantasme ou bien l'expression
physique et concrète d'un mal-être. Tout semble débuter lors de
cette soirée techno durant laquelle une amie proche de Tina,
l'héroïne de ce cauchemar contenu dans le titre, prend celle-ci en
photo et exécute un morphing qui la montre se transformant en un
être difforme. C'est de ce cette créature là dont il va être
question. La médecine traditionnelle et les traitements médicaux
n'ayant aucun effet sur ce que tous pensent sortir de l'esprit de
Tina, on évoque un moment son internement. L'imagerie glaçante de
L'Exorciste de
William Friedkin n'est plus très loin.
L'adolescente
de dix-sept ans est la seule à être confrontée à l'étrange
créature qui semble désormais faire intégralement corps avec son
hôte. Un bébé monstrueux, aux yeux globuleux et aveugles, au corps
difforme. Presque un mix entre l'hydrocéphale inquiétant de La
Colline à des Yeux et le
E.T de Steven
Spielberg dans l'empathie qu'il génère chez le spectateur et dans
ce que tentera prochainement d'en faire la médecine. Der
Nachtmahr
est également très étonnant dans ce qu'il possède de qualités,
comme de défauts. N'étant pas exempt de ces derniers, le film de
Achim Bomhak est parfois redondants. Des plans se répétant mais ne
participant pourtant pas à l'élaboration d'un script labyrinthique.
A côté de ça, le film est parcouru d'idées géniales comme cette
vidéo d'une jeune femme écrasée par une voiture roulant à toute
allure, scène qui se répétera en mettant cette fois-ci Tina aux
premières loges.
Achim
Bornhak prévient son public. Images stroboscopiques et sons binaires
technoïdes risquent de provoquer chez certains des dommages
collatéraux. La créature qu'il impose à sa principale interprète
semble issue d'un cauchemar. Celui de Tina. Peut-être un, mais plus
sûrement trois ou quatre de plus. Le cauchemar d'une famille sans
cesse sur son dos, celui d'une bande de copains qui ne vivent que par
et pour la fête. Et qui dit fête, dit drogues et alcool. Sur une
musique techno assourdissante et brutale, le cinéaste exécute un
long-métrage au montage complexe, épileptique, déstructuré, mais
d'une logique forcenée. Son héroïne, c'est l'actrice Carolyn
Genzkow, qui comme peu avant elle, ose presque tout, comme ne rien
cacher de son intimité lors d'un fort besoin d'uriner. Un cinéma
qui repousse peut-être les limites du réalisme tout en développant
une intrigue qui fleure bon le fantastique tout en n'étant rien de
plus qu'un drame.
Dans
la logique même que ce que produit le cinéaste américain David
Lynch, Achim Bornhak propose un script bourré d'interrogations mais
sans jamais tout à fait nous en apporter un éclaircissement.
L'idéal étant de laisser au public se forger sa propre opinion.
Afin d'appuyer le propos entre la belle et la bête, l'allemand fait
de ses personnages secondaires des individus dont on n'apprend pas
grand chose, ou en tout cas qui nous laissent terriblement
indifférents. C'est bien sur l'exploit de la jeune actrice que se
fonde toute l'intrigue de Der
Nachtmahr.
Pourtant fort réussi, le film laissera pourtant certainement un
sentiment d'inachevé que l'on ne ressent pas devant les grands film
qui nous ont lessivé... Une jolie curiosité tout de même...
J'essaierai de me le procurer celui-là.
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