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jeudi 10 novembre 2016

The Host de Bong Joon-ho (2006)



The Host est une œuvre que le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho signa en 2006. Un thriller fantastique pourtant ancré dans un réalité bien concrète qu'il sera aisé de découvrir durant les deux heures que dure ce faux blokbuster mais véritable chef-d’œuvre asiatique. Un beau voyage au delà de nos contrées, parfois éprouvant visuellement remarquable et parfois d'une puissance émotionnelle enivrante.

Émotion déchirante lorsque devant le portrait de Hyun-seo, sa famille est réunie et pleure sa disparition dans le gymnase de la ville où ont été concentrés tous les habitants de la ville depuis qu'une créature a quitté les eaux de la rivière Han pour s'attaquer à la population. The Host n'est pas qu'un film de « monstre » mais une charge virulente et féroce que le cinéaste espérait pourtant ne pas avoir donné l'illusion d'être une œuvre anti-américaine. Et pourtant, dès les premiers instants, face à son supérieur, un employé de l'armée américaine est forcé de jeter des produits toxiques dans la rivière Han. La créature qui en émerge alors peut être considérée comme la représentation physique des conséquences d'un tel acte. Cette même armée américaine qui tentera plus tard de « nettoyer » sa propre merde. The Host peut davantage s'évaluer comme une critique de la présence de l'armée américaine en Corée du Sud, laquelle présence aurait provoqué à l'aube du vingt et unième siècle, une catastrophe causée par un entrepreneur des pompes funèbres qui aurait ordonné à l'un de ses subalternes de jeter dans la rivière Han, une grande quantité de formaldéhyde, un composé organique de la famille des aldéhydes inflammable à température ambiante. Une scène décrite au tout début de The Host, donnant ainsi, et cette fois-ci de manière tout à fait fictionnelle, naissance à la créature monstrueuse du film.

The Host, c'est aussi quelque part la rédemption d'un homme qui dans une faible mesure demeure très peu considéré par son entourage. La faute lui en incombant totalement du fait de sa grande immaturité, et là on rejoint quelque peu le propos du cinéaste américain Steven Spielberg dans sa vision du roman de Herbert George Wells, La Guerre des Mondes, qui lui-même se retrouvait sans épouse en partie (et peut-être même totalement) à cause de son comportement irrationnel. Voilà donc Park Gang-du bien obligé de prendre ses responsabilités puisqu'après avoir « cru bon » d'imaginer que sa fille était morte, le voilà désormais lancé à sa recherche, maintenant convaincu qu'elle est toujours en vie.
Si les apparitions de la créature donnent à The Host des allures de blockbuster américain, ce dernier demeure pourtant heureusement fort loin de son aspect le plus primitif, celui qui en tout cas peu déranger par sa grande propension à tout miser sur le visuel en oubliant l'essentiel : le scénario. Il suffit d'ailleurs d'imaginer la même œuvre, expurgée de ses effets spéciaux, et nous voici devant un excellent drame mâtiné de thriller.

L'une des grandes forces de The Host, au delà de sa charge anti-militariste, anti-américaine (quoiqu'en pense son auteur), ainsi que la valeur écologique véhiculée à travers d'innombrables scènes (l'Agent jaune servant d'arme ultime contre la créature rappelant fortement l'Agent orange répandu au dessus des forêts vietnamiennes durant la guerre du Vietnam), demeure dans la grande diversité des émotions qui se dégagent de cette œuvre qui gagne au fil du récit, une intensité qui culminera à la fin, lors d'une scène au lyrisme flamboyant. Autant l'on assiste à des moments de bravoure de la part de cette famille à nouveau soudée dans l'épreuve, poursuivie par une armée américaine qui sait pourtant que ses membres ne sont victimes d'aucune forme de virus contrairement à ce qui a été officiellement annoncé par les médias, autant certains passages confinent à l'horreur. Médicale pour commencer, avec ce pauvre Park Gang-du, cobaye forcé qui subit des traitements parfois difficiles à regarder, ou jusqu'aux tréfonds des égouts de la ville où le monstre marin conserve son garde-manger exclusivement constitué de cadavres humains.

Le Sud-Coréen Bong Joon-ho réalise une œuvre qui plane largement au dessus du cinéma américain. The Host est une merveille de mise en scène qui de surcroît est admirablement servie par des actrices et acteurs tous aussi formidables les uns que les autres. A commencer par Song Kang-ho, Byeon Hee-bong, Park Hae-il, Bae Doona et Ko Ah-seong pour ne citer que l'essentiel. N'oublions surtout pas la superbe partition du compositeur sud-coréen Lee Byeong-woo qui, au delà de The Host, possède une belle carrière de compositeur pour le cinéma...



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