The Host est une œuvre
que le cinéaste sud-coréen Bong
Joon-ho signa en 2006. Un thriller fantastique pourtant ancré dans
un réalité bien concrète qu'il sera aisé de découvrir durant les
deux heures que dure ce faux blokbuster mais véritable chef-d’œuvre
asiatique. Un beau voyage au delà de nos contrées, parfois
éprouvant visuellement remarquable et parfois d'une puissance
émotionnelle enivrante.
Émotion déchirante
lorsque devant le portrait de Hyun-seo, sa famille est réunie et
pleure sa disparition dans le gymnase de la ville où ont été
concentrés tous les habitants de la ville depuis qu'une créature a
quitté les eaux de la rivière Han pour s'attaquer à la population.
The Host
n'est pas qu'un film de « monstre »
mais une charge virulente et féroce que le cinéaste
espérait pourtant ne pas avoir donné l'illusion d'être une œuvre
anti-américaine. Et pourtant, dès les premiers instants, face à
son supérieur, un employé de l'armée américaine est forcé de
jeter des produits toxiques dans la rivière Han. La créature qui en
émerge alors peut être considérée comme la représentation
physique des conséquences d'un tel acte. Cette même armée
américaine qui tentera plus tard de « nettoyer »
sa propre merde. The Host peut davantage s'évaluer
comme une critique de la présence de l'armée américaine en Corée
du Sud, laquelle présence aurait provoqué à l'aube du vingt et
unième siècle, une catastrophe causée par un entrepreneur des
pompes funèbres qui aurait ordonné à l'un de ses subalternes de
jeter dans la rivière Han, une grande quantité de formaldéhyde,
un composé organique de la famille des aldéhydes inflammable à
température ambiante. Une scène décrite au tout début de The
Host,
donnant ainsi, et cette fois-ci de manière tout à fait
fictionnelle, naissance à la créature monstrueuse du film.
The Host,
c'est aussi quelque part la rédemption d'un homme qui dans une
faible mesure demeure très peu considéré par son entourage. La
faute lui en incombant totalement du fait de sa grande immaturité,
et là on rejoint quelque peu le propos du cinéaste américain
Steven Spielberg dans sa vision du roman de Herbert
George Wells, La Guerre des Mondes,
qui lui-même se retrouvait sans épouse en partie (et peut-être
même totalement) à cause de son comportement irrationnel. Voilà
donc Park Gang-du bien obligé de prendre ses responsabilités
puisqu'après avoir « cru
bon »
d'imaginer que sa fille était morte, le voilà désormais lancé à
sa recherche, maintenant convaincu qu'elle est toujours en vie.
Si
les apparitions de la créature donnent à The
Host des
allures de blockbuster américain, ce dernier demeure pourtant
heureusement fort loin de son aspect le plus primitif, celui qui en
tout cas peu déranger par sa grande propension à tout miser sur le
visuel en oubliant l'essentiel : le scénario. Il suffit
d'ailleurs d'imaginer la même œuvre, expurgée de ses effets
spéciaux, et nous voici devant un excellent drame mâtiné de
thriller.
L'une
des grandes forces de The Host,
au delà de sa charge anti-militariste, anti-américaine (quoiqu'en
pense son auteur), ainsi que la valeur écologique véhiculée à
travers d'innombrables scènes (l'Agent jaune servant d'arme ultime
contre la créature rappelant fortement l'Agent orange répandu au
dessus des forêts vietnamiennes durant la guerre du Vietnam),
demeure dans la grande diversité des émotions qui se dégagent de
cette œuvre qui gagne au fil du récit, une intensité qui culminera
à la fin, lors d'une scène au lyrisme flamboyant. Autant l'on
assiste à des moments de bravoure de la part de cette famille à
nouveau soudée dans l'épreuve, poursuivie par une armée américaine
qui sait pourtant que ses membres ne sont victimes d'aucune forme de
virus contrairement à ce qui a été officiellement annoncé par les
médias, autant certains passages confinent à l'horreur. Médicale
pour commencer, avec ce pauvre Park Gang-du, cobaye forcé qui subit
des traitements parfois difficiles à regarder, ou jusqu'aux tréfonds
des égouts de la ville où le monstre marin conserve son
garde-manger exclusivement constitué de cadavres humains.
Le
Sud-Coréen Bong Joon-ho réalise une œuvre qui plane largement au
dessus du cinéma américain. The Host
est une merveille de mise en scène qui de surcroît est
admirablement servie par des actrices et acteurs tous aussi
formidables les uns que les autres. A commencer par Song Kang-ho,
Byeon Hee-bong, Park Hae-il, Bae Doona et Ko Ah-seong pour ne citer
que l'essentiel. N'oublions surtout pas la superbe partition du
compositeur sud-coréen Lee
Byeong-woo qui, au delà de The
Host,
possède une belle carrière de compositeur pour le cinéma...
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