Fred Cavayé, on le
connaît surtout à travers ses thrillers Pour Elle, A
Bout Portant et Mea Culpa. Et même lorsqu'il
se lance dans la comédie en 2012 avec Les Infidèles,
l’œuvre se révèle en réalité plutôt sinistre et son humour
particulièrement déplacé. Mais cela demeurant juste une histoire
de goût et de morale, c'est avec un certain étonnement que je
découvre alors que Radin ! son dernier
long-métrage, n'est ni réalisé, ni scénarisé par son acteur
principal Dany Boon. Le synopsis du dernier Cavayé est on ne peut
plus simple. Dany Boon y interprète le rôle de François Gautier
qui depuis son plus jeune âge est d'une exceptionnelle avarice.
Économisant jusqu'au moindre centime, ne s'éclairant qu'à la
faveur des lampadaires extérieurs et échappant à la collecte d'un
collègue partant à la retraite, cet excellent violoniste est
relativement peu apprécié des voisins du quartier où il habite, et
des autres musiciens de l'orchestre symphonique dont il fait partie,
à part peut-être la nouvelle violoncelliste Valérie qui très vite
va tomber sous le charme de François. Tellement radin pourtant,
qu'il ne faut pas s'étonner de voir débarquer dans sa vie, Laura,
sa fille dont il ignorait l'existence. La mère de l'adolescente a
envoyé sa fille faire la connaissance de François tout en lui ayant
fait croire depuis sa plus tendre enfance que son père était un
homme bon et généreux qui donnait de son temps pour une œuvre
caritative dont les les bénéfices profitaient à des enfants
mexicains.
Sauf que tout est faux.
Et pour ne pas être découvert, François va non seulement continuer
à cultiver malgré lui son défaut, mais être également obligé de
mentir à sa fille, ses voisins ainsi qu'à ses collègues de
travail...
Rarement aurais-je
entendu une salle de cinéma rire avec autant d'enthousiasme et avec
une telle régularité. C'est bien simple, dès le générique qui,
il faut l'avouer très honnêtement, a été parfaitement conçu dans
ce sens, on rigole à voir Dany Boon, dont le personnage est non
seulement un radin patenté mais également d'une prodigieuse
ingéniosité dans sa manière d'aborder le problème, tenter de
survivre dans un monde où économiser le moindre sou est un emploi à
plein temps. Radin ! fourmille d'idées
savoureuses qui nous font découvrir ce personnage qui contrairement
ce à quoi l'on pourrait s'attendre, n'est jamais véritablement
détestable. Du Tee-shirt « Vivagel »,
seul vêtement trônant au milieu d'une penderie vide jusqu'à sa
manière d'économiser la moindre ressource alimentaire au risque de
se nourrir de denrées dont la date de péremption est dépassée
depuis de nombreuses années, le film dresse une liste presque
exhaustive des tics de l'avarice dont devraient s'inspirer tous les
grippe-sous de la planète.
Au côtés de Dany Boon
on retrouve l'actrice Laurence Arné que l'on a pu voir dans
Dépression et des potes
de
Arnaud Lemort dans lequel elle interprétait le rôle d'une goy
aveugle fiancée au fils d'un opticien, la jeune Noémie Schmidt qui
interprète ici son troisième rôle au cinéma, ou encore Patrick
Ridremont, Anne-Sophie Girard et Stéphan Wojtowicz. Si Radin !
est
une excellente comédie finalement assez piètrement appréciée par
la critique spécialisée française (la presse lui ayant visiblement
préféré Le Coût de
la Vie
de Philippe Le Guay à l'époque de sa sortie), le film de Fred
Cavayé permet également aux spectateurs de découvrir un Dany Boon
émouvant, sachant toucher la corde sensible. Malgré les avis
mitigés des critiques, nul doute que le film est une belle réussite,
le meilleur des témoignages demeurant les rires ininterrompus du
public qui étaient ce soir-là dans la salle...
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