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lundi 17 octobre 2016

Préjudice de Antoine Cuypers (2015) - ★★★★★★★★★☆



Préjudice, du cinéaste français Antoine Cuypers. S'il ne m'avait pas été conseillé par l'ami Mike, sans doute n'aurais-je pas entendu parler de ce long-métrage avant longtemps. Un film s'articulant autour d'un repas de famille ne pouvait que m'évoquer des œuvres aussi passionnantes que Cuisine et Dépendances, Un Air de Famille ou Le Prénom. Et pourtant, le spectacle auquel je m'apprêtais à assister allait nettement dépasser le simple cadre de la comédie familiale.
Il y a des œuvres qui méritent qu'on ne les juge surtout pas après seulement quelques minutes. Préjudice fait partie de ces longs-métrages qui mettent en place ses personnages et l'environnement qui servira de cadre pour le reste du récit. Des premières minutes hésitantes. Qui est donc ce drôle de type, passionné par l'Autriche, et pas franchement engageant qui s'entraîne à courir dans sa chambre ? Si le casting de Préjudice est constitué d'un peu moins d'une dizaine d'interprètes, son intrigue s'articule surtout autour de Cédric, et de sa mère. La demeure, nous le découvrirons aisément, est le berceau d'une rancœur tenace qui va littéralement exploser lors d'un repas familiale durant lequel, Caroline, la sœur de Cédric, va annoncer qu'elle attend un enfant de Gaëtan, le beau-fils.

La grande force de Préjudice est de nous plonger, nous spectateurs, au cœur d'un drame dont nous ignorons tout des origines. En nous jetant en pleine figure cette mère et ce fils sans même connaître leur passif, il provoque en nous des réactions légitimes qui vont pourtant s'effilocher au fil de l'intrigue. Qui sommes-nous donc pour juger cette mère castratrice, cette sœur dénigrant son frère et ce père qui fuit devant ses responsabilités ?
Si l'on se place d'abord en toute logique du côté de ce fils, pieds et points liés qui n'a semble-t-il jamais eu les mêmes droits que ses frère et sœur, le récit nous délivre peu à peu un discours différent, et l'on se rend compte alors que tout les jugements que nous pouvions avoir jusque là étaient faussés pas cette absence volontaire d'informations.

Si Préjudice arbore en premier lieu les allures d'une comédie française légère, il sombre peu à peu dans l'horreur d'une cellule familiale s’autodétruisant de l'intérieur. Devant le refus d'être assistée par une quelconque institution médicale, la mère de famille se condamne ainsi que ses proches à vivre l'enfer auprès d'un enfant auquel elle a sans doute donné le plus mais qui, lui, devant la peur de celle-ci, et devant son refus de le laisser vivre son rêve (qui est de partir faire un voyage en Autriche), est persuadé d'être le moins aimé de tous.

Avec une vérité glaçante, Antoine Cuypers fait de ce repas familiale sinistre, un document d'une intensité dramatique qui ne cesse de grimper vers des hauteurs insoupçonnées. Si la réalisation est largement à la hauteur de nos espérances, le film repose également sur une interprétation sans faille de la totalité des acteurs et actrices. Bien que différents, les portraits demeurent aussi saisissants que ceux mis en avant par le cinéaste Jaco Van Dormael dans Le Tout Nouveau Testament (ceux qui ont été marqués par ce film comprendront ce que je veux dire). De la belle-fille et le beau-fils (respectivement Cathy Min Jung et Eric Caravaca), forcément en retrait par rapport aux événements, en passant par le père (l'acteur et chanteur belge Arno, admirable de retenue), jusqu'au duo formé par la mère et le fils Cédric (la formidable Nathalie Baye et l'extraordinaire composition de Thomas Blanchard), Préjudice est une œuvre essentielle, accompagnée d'une superbe en anxyogène partition musicale signée fant de Kanter et Francesco Pastacaldi, et qui nous en apprend beaucoup sur les autres et sur nous-mêmes également. Un chef-d’œuvre...

1 commentaire:

  1. Oh mon dieu ! Effectivement, si tu partais d'un a priori, de la comédie genre "Le Prénom", c'est certain que ce film pouvait passer comme facilement dispensable. Ah ah ! Comme je le disais dans mon article, le début n'était pas prometteur... mais plus ça va, pire ça va et mieux c'est ! Je suis content que tu aies adoré ce film, en tout cas.

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