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jeudi 22 septembre 2016

GO GO Tales d'Abel Ferrara (2007)



Avant d'aborder une œuvre d'Abel Ferrara à laquelle je tiens tout particulièrement, j'ai décidé de m'amuser un peu en parcourant quelques longs-métrages qu'il a réalisé depuis que j'ai décidé de lui être infidèle et d'aller voir ailleurs. En fait, depuis qu'il a tourné cet affreux remake de l'excellent L'Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel qui connut sa meilleure relecture auprès du cinéaste Philip Kaufman en 1978 avec L'Invasion des profanateurs. Et pourtant, si l'on regarde dans la chronologie du cinéaste, on découvrira que le film dont je parlerai bientôt (et dont je préfère pour le moment garder le secret) lui est postérieur. Mais tout s'explique, hors cela, nous le verrons beaucoup plus tard. J'ai donc pioché au hasard. Sans lire le moindre synopsis et sans me référer à aucune sorte de classement ou de notation. Pour une fois, j'ai aussi décidé de respecter la chronologie des sorties. C'est ainsi que le premier long-métrage dont je vais parler est GO GO Tales qu'Abel Ferrara a tourné durant l'année 2007.

GO GO Tales, c'est l'histoire d'un cabaret chic dont l’affluence s'amenuise de jour en jour. Les danseuses qui s'y produisent n'ont pas touché d'argent depuis deux jours et pour cause, celui qui dirige le Paradise, Ray Ruby, dilapide les recettes en s'adonnant à son vice : le loto. Mais tout va s'arranger car enfin, il a gagné. Dix-huit millions de dollars. De quoi relancer la machine, surtout qu'il a plein de projets en tête. Il lui suffit juste de retrouver le billet gagnant qu'il a malencontreusement égaré. Et sans celui-ci, aucun chance d'empocher l'argent. Les danseuses veulent leur pognon, et sans lui, plus de représentation. En plus, la propriétaire vient de débarquer et menace de virer tout ce petit monde. Si jusqu'à maintenant le Paradise a maintenu ses portes ouvertes, c'est surtout grâce à l'apport financier de Johnie, le frère de Ray. Mais celui-ci a décidé de fermer les vannes et d'envoyer son frère bronzer sur une plage. Mais Ray n'est pas de cet avis...

Tout GO GO Tales semble tenir dans pas grand chose. C'est du moins l'impression que donne le film d'Abel Ferrara qui nous noie dans un trop plein de filles qui se trémoussent inutilement sur scènes. Les danses sont un peu vaines, pas du tout sexy, d'un amateurisme qui rendrait l'ensemble un peu glauque si l'on n'avait pas l'impression parfois de regarder un téléfilm réalisé pour une chaîne du câble de petite envergure. La caméra se déchaîne au beau milieu des clients, d'un cuisinier qui tente de se débarrasser de ses Hot-dogs Bio, du service d'ordre, des collaborateurs des frères Ruby, et de danseuses de plus en plus nerveuses à l'idée de ne pas toucher leur comptant de billets verts. Tout le monde passe devant la caméra mais Ferrara semble n'en avoir rien à faire. Une Asia Argento exagérément vue comme une icône de la provoc' qui n'offre qu'une performance très moyenne, de jolies filles mal cadrées, et surtout, oui surtout, un show mal écrit. Des danses ennuyeuses qui manquent de piment, de sexe, de sueur et de gros plans.

Mais le Paradise de Ferrara, en demeurant un endroit chic où les clients n'ont pas droit de toucher, seulement de regarder, condamne le spectateur à l'ennui. Ce qui sauve en réalité le film du naufrage, c'est bien la présence de l'acteur fétiche du cinéaste, Willem Dafoe. Willem Dafoe le conteur, le chanteur, le régisseur, l'animateur, le joueur. Ferrara y bâcle sa mise en scène et pourtant, Dafoe y demeure royal, impérial, salvateur. Les quelques sursauts d'intérêt que génère GO GO Taless sont le fruit de sa présence sur la scène. La sienne, mais celle aussi de l'acteur Matthew Modine qui semble ici échappé d'un quelconque long-métrage de David Lynch. Si le cinéaste s'était donné les moyens de suivre scrupuleusement son œuvre au lieu d'aller, sans doute, écluser des bières au fond de la salle, GO GO Tales aurait pu être un vrai bon film. Il n'en demeure seulement qu'un curieux petit film qui manque d'ambition. Et c'est bien dommage...

5 commentaires:

  1. Maintenant que tu en parles (mais à propos de Matthew Modine), et sans que cela n'ait de lien avec Go go tales, je suis un peu surpris de l'absence de Willem Dafoe dans la filmographie de Lynch, à l'exception de son interprétation grandiose et malsaine dans Wild At Heart, film qui, étrangement, a très mal vieilli.

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  2. Je n'ai jamais été fan de "Wild At Heart". Vas savoir pourquoi. Peut-être à cause de la présence Cage dont je n'étais pas du tout un adepte avant de le découvrir dans le sublime "Leaving Las Vegas".

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    1. Je pense que c'est parce qu'il n'y a pas beaucoup de Lynch dans ce film : l'univers n'est pas totalement le sien (un film comme Elephant Man est bien plus lynchéen), les situations absurdes ne suffisent pas à faire du bon Lynch puisqu'elles ne le définissent pas mais le caractérisent tout simplement. Paradoxalement, j'en avais fait une de mes analyses les plus enthousiastes pour mon mémoire, alors que je préférais de fort loin Eraserhead, Twin Peaks : Fire Walk With Me et Lost Highway. Blue Velvet, bizarrement, ne m'avait inspiré que quelques généralités fort banales... Néanmoins, il y a dans Wild At Heart des scènes cultes, dont les meilleures sont celles qui incluent Willem Dafoe.

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    2. J'ai toujours porté une attention toute particulière à "Blue Velvet" tout simplement parce qu'il a été pour moi l'une des toutes premières excursions dans l'univers de Lynch. mais pas seulement pour cette raison. Simplement parce que je le trouve remarquable... Obsédant, même...

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    3. Dans un article consacré à trois films de Lynch, je citais "Blue Velvet" parmi les quelques films qui ont vraiment révolutionné le cinéma, aux côtés de Intolérance de Griffith, Citizen Kane, Psycho, A Bout de Souffle et Eraserhead... c'est dire toute la considération que j'ai pour Blue Velvet. Et c'est pour cela même que je m'étonne toujours d'avoir eu si peu à dire à son propos... Etonnement qui n'en est pas vraiment un : Blue Velvet n'entrait pas dans le cadre purement narratologique de mes analyses, en fait. J'ai toujours pensé que mon mémoire n'était qu'une première partie d'une analyse vraiment approfondie de l'oeuvre de Lynch : face aux critiques qui disaient ne rien comprendre des films du réalisateur, je voulais surtout dégager le récit et expliquer "de quoi ça parle". Dans un second temps, la question du "De quoi ça parle" réglée, j'aurais pu prendre par un autre biais l'oeuvre et sans doute pu y pénétrer de manière plus cinématographique.

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