Alors que Thierry
Taugourdeau fait le bilan d'une énième formation qui n'a, elle
aussi, débouché sur aucune embauche, d'anciens collègues qui comme
lui ont été licenciés par une entreprise qui faisait pourtant des
bénéfices, ont l'intention de traîner leurs anciens patrons devant
les tribunaux. Thierry, lui, dans l'incompréhension générale, a
choisi de tourner la page. Il élève seul avec son épouse leur fils
Matthieu, handicapé mental qui poursuit des études scolaires
normales.
Le père de famille a
bien du mal à gérer les difficultés financières que connais son
foyer. La banque lui demande des comptes, les patrons hésitent à
l'embaucher malgré ses qualifications, et la vente de leur
mobile-homme qui soulagerait un temps le poids des dettes n’aboutit
finalement pas.
Pour se changer les idées
et remplir leurs journées, son épouse et lui prennent des cours de
danse. Lors d'un rendez-vous avec un conseiller de l'école où
étudie Matthieu, Thierry apprend que ce dernier relâche un peu son
attention et que s'il veut poursuivre ses études, il doit se
ressaisir.
Un jour, l'opportunité
d'un poste de vigile dans un grand supermarché s'offre à lui. Ne
pouvant se permettre de faire la fine bouche, Thierry accepte. Il se
soumet aux règles de l'entreprise : surveiller les clients,
voleurs potentiels, les contraindre de payer le fruit de leur vol et
de fournir une pièce d'identité. Mais dès lors que la situation
dégénère au sein de l'entreprise au cœur de laquelle, même ses
propres employés se retrouvent licenciés pour faute grave, Thierry
ne supportent plus de travailler dans de telles conditions...
Qui mieux que Vincent
Lindon, cet éternel écorché vif, pouvait endosser le difficile
rôle de Thierry, cet homme aux abois, tenté d'accepter tout et
n'importe quoi pour s'en sortir, faire vivre les siens et conserver
sa dignité ? Le cinéaste français Stéphane Brizé
(Mademoiselle Chambon) trouve la grâce avec ce film
aux relents de critique sociale réaliste qui ne mise jamais vraiment
tous ses jetons sur le mode du divertissement mais préfère au
contraire jouer la carte du réalisme.
Vincent Lindon, on
connaît. Un acteur à part dans le paysage cinématographique
français. Capable de jouer autant dans le registre comique que celui
du drame. Plus sombre que son rôle dans Ma Petite Entreprise
de Pierre Jolivet qui demeurait malgré son aspect déjà social, une
franche comédie, celui qu'il interprète dans La Loi du
Marché,
on le sent, est au bord de la rupture. A ses côtés, un panel
d'actrices et d'acteurs inconnus qui demeurent pourtant d'une
présence fondamentale puisque si c'est bien l'immense acteur qui a
reçu les honneurs du Prix
d'interprétation masculine
au festival de Cannes l'année dernière, c'est aussi et surtout
parce que Stéphane Brizé a su bien entourer son principal
interprète. Mis en lumières par ses partenaires à l'écran,
Vincent Lindon expose du talent qu'on lui connaît, et cela, parfois
sans même ouvrir la bouche. Tour à tour, agacé par l'inutilité
des démarches auxquelles son personnage accepte de se plier, inquiet
pour le devenir des siens, et résigné à accepter un emploi qui va
finalement le confronter à ce qu'il était lui-même jusque là,
l'acteur donne la pleine mesure de son talent.
A
ses côtés, l'actrice débutante Karine De Mirbeck (La
Loi du Marché
est son premier long-métrage), le jeune Matthieu Schaller dans le
rôle du fils handicapé, et même Xavier Mathieu (qui s'est fait
connaître pour son combat contre la fermeture de l'usine Continental
de Clairoix annoncée le 11 mars 2009) dans celui d'un collègue,
fort logiquement, syndicaliste. La Loi du Marché
est une œuvre forte, réaliste, qui montre au grand public
l'effroyable machine écrasant les salariés d'une entreprise qui
cherche à faire du chiffre en licenciant dès que cette possibilité
s'offre à elle. Un prix de l'interprétation masculine méritée
pour Vincent Lindon et la découverte de seconds rôles talentueux...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire