En cinq ans et 544
articles, je ne me souviens pas avoir ne serait-ce qu'une seule fois
employé ce type de langage, mais aujourd'hui, et pour ce
Blackenstein de 1972, réalisé par le cinéaste,
producteur et scénariste William A. Levey, je ne vais pas me gêner :
ce film est une merde ! Épelez-le ainsi, M.E.R.D.E, si cela
vous incommode.
La même année, la vague
Blaxploitation a vu naître quelques œuvres fantastiques,
dont l’inénarrable The Thing With Two Heads de Lee
Frost, ou le Blacula de William Crain. Si ces deux
films avaient un tant soit peu d'intérêt, Blackenstein n'en a que
pour le cinéphile (cinéphage?) qui voudra compléter sa collection
de pépites issues d'un courant (la blaxploitation en question) créé
afin de revaloriser l'image des afro-américains dans des œuvres
cinématographiques les mettant au premier plan et surtout dans des
rôles les reconsidérant comme des héros et non comme des méchants.
Je n'ai absolument rien
contre cette vague de films où l'homme blanc est souvent décrit
comme le mal absolu, mais si j'ai choisi l'un de ceux-ci pour
affirmer pour la toute première fois qu'il s'agit d'une merde, c'est
bien parce qu'il en est une. D'abord, d'un point de vue artistique,
c'est le vide absolu. S'il avait été offert à l'écrivaine (!!!)
anglaise Mary Shelley l'opportunité de se retourner dans sa tombe,
elle ne se serait sans doute pas gênée pour le faire. Si toute la
poésie du roman (et des œuvres cinématographiques qui en ont
découlé par la suite) est absente du film de William A. Levey, ça
n'est pas là le plus grave. A la limite on s'en fiche un peu.
Transcrire l’œuvre de l'écrivaine dans un univers urbain et
contemporain n'a pas donné que des résultats négatifs (voire
l'excellent Frankenstein de Bernard Rose sorti l'an
passé). Le problème vient du fait que ni l'interprétation, ni les
décors, ni le travail (y-en a-t-il d'ailleurs un?) sur la
photographie et l'éclairage ne viennent provoquer le moindre sursaut
d'intérêt du public pour cette vision quelque peu aveuglante d'un
mythe sur lequel le cinéaste américain aurait mieux fait de cracher
plutôt que d’œuvrer dans la production d'une telle purge
cinématographique.
La quasi totalité du
film, du moins dès lors que la créature s'éveille pour assassiner
toutes celles et ceux qu'elle croise sur son chemin, est filmé dans
le noir. Visiblement, seuls les éclairages naturels nocturnes
semblent avoir servi puisqu'on n'y rien d'autre que des ombres
furtives, sans doute afin de faire passer la pilule d'effets-spéciaux
qui, soit dit en passant n'ont même pas le mérite d'égaler ceux de
son aîné de dix ans, le Blood Feast de Herschell
Gordon Lewis, officiellement premier film gore de l'histoire du
cinéma.
Quant au scénario, il
n'a en réalité que peu de rapports avec l’œuvre originale de
Mary Shelley. Le docteur Winifred Walker fait appel au professeur
Stein afin d'aider son ami Eddie Turner qui a perdu ses jambes et ses
bras (pas de bol, vraiment) au Vietnam. Le professeur Stein travaille
depuis quelques temps sur une formule permettant aux cellules de
garder leur jeunesse et aux greffes d'organes et de membres de
résister aux rejets. Alors que le professeur intervient en compagnie
de son assistant Malcomb et de Winifred, sur son nouveau patient,
tout se déroule à merveille. Mais Malcomb, amoureux de Winifred,
sent bien que la présence d'Eddie lui interdit tout espoir de
l'avoir pour compagne. C'est ainsi que l'assistant du professeur
Stein ajoute à la formule secrète du professeur une substance qui
va avoir de curieux effets sur l'organisme d'Eddie.
Bon, allez, je retire ce
que j'ai écrit: Blackenstein n'est pas une merde.
C'est juste un très mauvais film. Un navet. Un bon gros nanar...
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