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vendredi 15 avril 2016

Polytechnique de Denis Villeneuve (2012)





Le 6 décembre 1989, un jeune étudiant à l'école polytechnique de Montréal a décidé d'en finir avec la vie. Après avoir écrit une longue lettre dans laquelle il revendique et explique les raisons de l'acte qu'il va bientôt accomplir dans l'établissement scolaire, il prépare un fusil et emporte plusieurs chargeurs avec lui. A l'école polytechnique, les étudiants vaquent à leurs occupations. Valérie s'apprête à passer un entretien afin d'être admise à un stage de mécanique tandis que Jean-François, lui, étudie.
La jeune femme rejoint sa classe en compagnie de sa meilleure amie Stéphanie, bientôt suivies de Jean-François. Alors que leur professeur donne son cours, le jeune étudiant armé de son fusil fait irruption dans la salle. Après avoir tiré un coup en l'air, il ordonne à tous les hommes présents d'évacuer la salle. Les femmes étant cantonnées au fond de la pièce, le jeune homme les exécute sommairement. Dehors, la foule commence à prendre conscience du drame qui se joue dans l'établissement. Toutes les femmes qui passent à proximité du tueur risquent leur vie, le jeune homme ayant concentré ses tirs sur elles, épargnant ainsi les hommes...

En adaptant un fait divers authentique ayant ensanglanté l'école polytechnique de Montréal au Québec en 1989, le cinéaste Denis Villeneuve s'empare d'un sujet grave pour en faire une œuvre magnifique. Sobrement intitulé Polytechnique, son film est un témoignage terrible et bouleversant d'une tragédie mais aussi des conséquences qu'elle va avoir sur l'état mental de celles et ceux qui l'ont vécu. En respectant scrupuleusement certains aspects de l'affaire décrite à travers le regard et les paroles de plusieurs victimes (ici les personnages de Valérie (Karine Vanasse) et Jean-François (Sébastien Huberdeau)), Denis Villeneuve crée une œuvre à la fois réelle et imaginaire.

Pour n'en point faire un héros, du moins pas le principal de cette intrigue, le tueur de Villeneuve n'aura pas de nom à proprement parler. Simplement décrit comme étant « le tueur », le film s'ouvre cependant sur une lettre explicative écrite par la main-même du tueur. Un jeune homme qui explique, intelligemment d'ailleurs, les raisons qui vont le pousser des actes aussi horrifiant que l'élimination pure et simple des jeunes femmes qui hantent les couloirs de l'établissement scolaire dans lequel il étudie tout en sachant qu'il n'ira jamais jusqu'au bout de ses études. Avec modestie, il reconnaît être brillant, et le message qu'il tente de faire passer à travers cette lettre qui explique également qu'il mettra un terme à ses jours ne demeure pas en tout points totalement délirant.

Fou, le tueur de Denis Villeneuve ne l'est sûrement pas. Plutôt la victime d'une certaine lassitude et probablement dans un état dépressif insurmontable. Le cinéaste aurait pu se résoudre à ne montrer que la tuerie de manière froide et clinique mais il tient à donner la parole aux victimes même lorsqu'elles connaissent une fin tragique. Polytechnique est aussi une œuvre sur l'après-tuerie. Sur ceux qui tentent de survivre émotionnellement à l'horreur sans pour autant toujours y parvenir. Denis Villeneuve décrit deux approches d'une réalité qui hante encore longtemps celles et ceux qui l'ont vécue de plein fouet. Entre Jean-François qui ne résiste pas à la « tentation » de suivre le même chemin que ceux qui sont morts là-bas, et une Valérie combattante mais à l'intérieur, toujours marquée par ce fameux 6 décembre 1989.

La particularité de Polytechnique est de n'être presque exclusivement interprété que par de jeunes acteurs. Martin Watier, Maxim Gaudette, Karine Vanasse, Sébastien Huberdeau et les autres assurent une interprétation sans faille et la mise en scène toute en finesse et magnifiée par un superbe noir et blanc font de cette œuvre une très belle réussite, que certaines scènes filmées en plans-séquences auraient pourtant peut-être rendu encore plus flamboyante...

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