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vendredi 15 avril 2016

Enemy de Denis Villeneuve (2013)



Adam Bell est professeur d'histoire à la fac et vit aux côtés de sa petite amie Mary. Lorsqu'un jour il découvre tout à fait par hasard qu'il possède un sosie en la personne d'Anthony St. Clair, acteur de troisième catégorie, le jeune est tenté d'en savoir plus sur ce personnage. Acteur excentrique et adultère, le caractère d'Anthony tranche radicalement avec celui d'Adam. Ce dernier va malgré sa timidité se fondre dans le personnage d'Anthony jusqu'à pénetrer la demeure de l'acteur, allant même jusqu'à lui téléphoner. Mais Adam tombe sur Helen, l'épouse d'Anthony, qui croit reconnaître la voix de celui qu'elle aime.

Si de son côté, Adam continue à mener des recherches sur son sosie, Anthony lui-même récolte des informations et les deux hommes finissent finalement par se rencontrer. Si Adam apparaît au premier abord comme celui s’immisçant dans la vie de l'autre, la forte personnalité d'Anthony va bousculer les règles, et c'est bien ce dernier qui va se comporter tel un harceleur.

Alors même qu'ils ont déjà tourné ensemble pour le film Prisoners en cette année 2013 , le cinéaste Denis Villeneuve et l'acteur Jake Gyllenhaal se retrouvent pour Enemy, thriller à l'ambiance vénéneuse qui ne laissera personne indifférent. L’œuvre offre l'occasion à l'acteur de camper un double rôle, celui d'Adam et d'Anthony. La première question que le spectateur pourrait être en droit de se poser concerne l'identité réelle ou fictive de ce double maléfique qui entre dans l'existence d'un homme simple dont la curiosité piquée au vif provoquera une rencontre qui bouleversera sa vie à jamais. Si l'élément féminin donne une certaine crédibilité à ce personnage d'Anthony, ayant lui-même une jeune femme enceinte pour compagne, divers faits ne collent pas avec cette idée du jumeau mais plutôt avec celle qui voudrait que tout ce auquel l'on assiste n'est que le fruit de l'esprit torturé d'un petit professeur d'histoire. A commencer par cette cicatrice que les deux personnages ont en commun.

Que les deux hommes partagent la même apparence est une chose, mais que certains détails beaucoup plus intimes renforcent encore leur similitude, le hasard n'a plus vraiment sa place ici. Anthony serait-il en fin de compte une vision fantasmée de ce qu'est incapable d'être lui-même un Adam timide et effacé ? Denis Villeneuve opte pour une esthétique en mode sépia, histoire de nous perdre davantage encore puisque en nimbant la totalité des décors d'une seule et même teinte et en accentuant l'aspect minimaliste des intérieurs, on finit par ne plus savoir qui est qui, le cinéaste parvenant à retranscrire le trouble du personnage tout en permettant au spectateur d'être lui-même quelque peu perdu.

Les actrices Mélanie Laurent et Sarah Gadon campent les compagnes respectives d'Adam et d'Anthony. Si la première apparaît furtivement et n'est que très peu représentée, la seconde au contraire jouera un rôle important dans l'acceptation de soit dont devra faire preuve l'un des deux hommes. Une troisième actrice, et non des moindres, fera son apparition. Isabella Rosselini, ancienne compagne et égérie du cinéaste David Lynch (Blue Velvet). C'est la mère d'Adam, mais peut-être aussi également cette araignée que l'on remarque à différents endroits du film. Comme celle qui semble prendre possession d'une ville toute entière, reflétant quelque part l'impossibilité du fils de s'en défaire tout à fait malgré le gigantisme et les nombreux recoins que propose une cité aussi tentaculaire. Ou comme celle qui clot la scène finale et dont tout explication est laissée à l'interprétation individuelle.

Le film de Denis Villeneuve est une adaptation du roman L'Autre que Moi de l'écrivain portugais José Saramago. Le cinéaste parvient avec cet récit labyrinthique aux portes de la folie, à démontrer sa grande maîtrise en matière de mise en scène et de découpage. Jake Gyllenhaal est impeccable comme à son habitude et rend crédible cette histoire au scénario au départ minimaliste mais qui prend avec lui des allures d'oeuvre touffue et complexe sous certains aspects. Une certitude naît de Enemy : comme déjà dit plus haut, ce film ne vous laissera pas indifférent...

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