Benny
est féru de vidéos. Actualités, enregistrements de caméras de
surveillance, location de films au vidéoclub du coin... Sa chambre,
perpétuellement plongée dans le noir n'est, la majeure partie du
temps, éclairée que par les images qui tournent en boucle sur fond
de musique hard rock. Un arsenal impressionnant compose l'univers de
Benny. Caméras, poste de télévision, magnétoscope, cassettes
envahissent le lieu dans lequel il passe le plus clair de son temps.
Mais l'objet le plus curieux qui traîne dans le tiroir du meuble de
sa chambre est un pistolet volé dans une ferme et qui a servi à
l'abattage d'un cochon auquel on assiste dans une vidéo réalisée
par Benny lui-même et qui tourne régulièrement sur son poste de
télévision. Une arme mortelle dont fera les frais une jeune fille
rencontrée devant la vitrine du vidéoclub dans lequel Benny se
réapprovisionne. Enfermés tous les deux dans la chambre du jeune
homme, ce dernier joue avec l'arme jusqu'à ce que le coup parte
(accidentellement?), jetant la fille au sol. Encore vivante, celle-ci
gémit et cri même, se traînant sur le sol folle de douleur.
Benny
la supplie vainement de se taire mais rien n'y fait. Alors ne s'offre
à lui qu'une seule et unique solution. Il recharge le pistolet
d'abattage une première fois, tire à nouveau sur la jeune fille,
puis le recharge encore et fait feu une dernière fois avant que le
silence n'emplisse la pièce...
Alors
que le corps repose inanimé dans sa chambre, Benny vaque à ses
occupations, sans avoir conscience des conséquences de ses actes.
Les rapports qu'il entretient avec son père sont conflictuels. Avec sa mère aussi les rapports sont difficiles. Il faut dire que les deux parents de Benny sont rarement à la maison et rentrent très tard le soir.
Benny est renvoyé d'un cours le jour où il frappe son meilleur ami dont il avait emprunté un exercice d'informatique qu'il nie avoir eu en sa possession. Il se rend alors dans un salon de coiffure où il demande à avoir le crâne entièrement rasé...
Benny's
Vidéo est
le dernier volet de la trilogie de la Glaciation
Émotionnelle,
féroce critique de la société bourgeoise. On reconnaît bien
la touche personnelle du cinéaste et ce dès les premières images.
Attentiste, son film déroule le fil de son intrigue de manière
lancinante. Austère et monotone (plans fixes et quasi absence de
bande-son), la mise en scène est glaçante. Le travail sur les
teintes qui prédominent est d'ailleurs intéressant et donne
l'impression que les personnages vivent dans un univers
perpétuellement plongé dans l'obscurité. Les rideaux noirs et
fermés de la chambre de Benny sont d'ailleurs à l'image du
personnage. Coupé du monde extérieur il n'a très souvent de lui
que l'idée qu'il s'en fait au travers des informations télévisées.
De quoi devenir fou lorsque l'on ne nourrit son esprit que d'images
violentes à longueur de journée. Plus tard, assister à nouveau au
meurtre filmé par la caméra de Benny en compagnie de ses parents
est un moment terrible auquel on aurait aimé échapper. Regarder à
travers ce qu'a filmé l'œil de la caméra nous met dans la position
du voyeur et finit par mettre mal à l'aise. Beaucoup plus loin
encore lorsque Benny rentre de voyage d'avec sa mère en Égypte, il
semble lavé du mal qui l'a poussé au meurtre et l'image de sa
chambre pour la première fois baignée de lumière semble être la
représentation de cette nouvelle existence qui s'ouvre à lui.
Il
faut adhérer au style très particulier de Michael Haneke (Le
septième Continent,
Funny Games,
La Pianiste,
etc...) parfois avant-gardiste et austère. Mais c'est certainement
cette particularité qui donne toute sa force à son cinéma. Il a
sans doute inspiré toute une génération de cinéastes indépendants
américains. Et pas des moindres. Petit bémol cependant concernant
Benny's Vidéo.
La scène durant laquelle les parents sont assis autour d'une table
afin de parler de la situation de leur fils aurait selon moi méritée
d'être tournée en plan-séquence pour plus de force.
Néanmoins, le film se révèle être une œuvre puissante. Tour à tour pessimiste et optimiste avant d'être irrémédiablement fataliste. Michael Haneke n'aime pas les belles fins. Il préfère la vérité crue à la romance cliché. Un grand film, Un grand cinéaste...
Néanmoins, le film se révèle être une œuvre puissante. Tour à tour pessimiste et optimiste avant d'être irrémédiablement fataliste. Michael Haneke n'aime pas les belles fins. Il préfère la vérité crue à la romance cliché. Un grand film, Un grand cinéaste...
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