Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mercredi 9 mars 2016

Mais ne nous Délivrez pas du Mal de Joél Séria (1970)



Parce qu'elles s'ennuient. Parce qu'elles détestent leur conditions de filles de familles aisées. Parce qu'elles en ont assez de prêcher le bien. Et parce qu'elles découvrent et lisent l'ouvrage d'Isidore Ducasse, Les Chants de Maldoror, planquées sous les draps de leur lit pendant que les autres pensionnaires de l'institution religieuse qui les abrite dorment, Anne et Lore choisissent désormais de prêcher le Mal...

Mais ne nous Délivrez pas du Mal est le tout premier long-métrage du cinéaste Joél Séria, surtout connu pour avoir mis en scène Jean-Pierre Marielle dans le cultissime Les Galettes de Pont-Aven. Il réalisera huit films dont cinq seront interprétés par l'actrice Jeanne Goupil dont ce film sera le premier en tant qu'actrice. Toute la question qui demeure ici est de savoir si son personnage et celui de Lore (interprété par Catherine Wagener) sont véritablement possédés par le Diable ou s'il s'agit simplement d'un jeu orchestré par deux gamines qui s'ennuient et qui n'ont pas conscience de la dangerosité de certains actes qu'elles commettent.

Tout commence par une cigarette fumée en cachette dans une chambre. Rien de très grave ni de très important en soit. Il s'agit juste du premier signe de rébellion de la part d'Anne qui tout au long du métrage aura une ascendance sur sa compagne de jeux. Les parents d'Anne se vouvoient et possèdent des règles de moralités très strictes à commencer par la prière, à l'église le dimanche. Anne et Lore se refusent à ingérer le Corpus Christi, le Corps du Christ. Elles cachent dans leurs affaires, les hosties servies par le curée de la paroisse jusqu'à en obtenir une centaine. Petit à petit, le mal gagne du terrain. Elles se mettent à voler, elles émoustillent les hommes du village et vont même jusqu'à commettre l'irréparable.

C'est un vent de révolte qui souffle sur Mais ne nous Délivrez pas du Mal. Celui de deux jeunes filles parties pour s'amuser le temps de deux mois de vacances en plein été. Elles expliquent en partie leur comportement par le sentiment de ne pas être aimées par leurs parents. D'ailleurs, ceux d'Anne n'acceptent-ils pas de la laisser seule au château durant leur voyage ? Elles volent ou aguichent ceux qu'elles méprisent. On ne sait parfois quoi trop penser. Entre les larmes bien réelles de la jeune Anne et son côté pervers, guidant la main de son amie totalement acquise à sa cause, les actrices Jeanne Goupil et Catherine Wagener campent à la perfection ces deux jeunes adolescentes, mi-anges, mi-démons. Autour d'elles, des acteurs plutôt convaincants : Bernard Dheran, Gérard Darrieu, Marc Dudicourt, Véronique Silver et Michel Robin pour ne citer qu'eux.

Mais ne nous Délivrez pas du Mal est une belle réussite, témoin d'une époque révolue, véritablement libérée sexuellement, du moins, beaucoup moins hypocritement que de nos jours. La bande originale signée Dominique Ney rappelle celle de films très innocents, à la manière d'un David Hamilton. Pourtant, le film est parfois dérangeant. Le contraste entre l'ingénuité des deux gamines et leurs méfaits provoque un certain malaise. Joél Séria, pour son premier long-métrage, signe une belle réussite qu'il confirmera à travers quelques films à venir...


1 commentaire:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...