L'inspecteur Simon
Triquet est pétrit de scrupules depuis que le dangereux criminel
connu sous le nom de Mickey le Bénédictin a été arrêté et
enfermé par ses soins. En effet, la justice l'ayant condamné à
mort, l'homme doit être aujourd'hui guillotiné, en présence de
Triquet. Mais la guillotine étant enraillée, c'est le bourreau qui
perd la tête en tentant de la réparer, Mickey profitant de
l’inattention de ses gardes pour prendre la fuite. Le supérieur
de Triquet les envoie lui et son collègue Virgus enquêter chacun
dans un village différent. Si Virgus a bien l'intention de retrouver
le criminel et faussaire afin que sa sentence soit exécutée comme
cela était prévue, Triquet, lui, a désormais l'intention de
mettre la main sur Mickey afin de lui éviter le pire.
Son enquête le mène
jusqu'à Barges, petit village d'Auvergne dans lequel il trouve une
preuve de la présence de Mickey : un faux billet de banque.
Triquet tente de se fondre dans la population en se faisant passer
pour un architecte mais la vérité sur son identité va vite se
propager dans cet endroit où tout le monde se connaît et dans
lequel une légende veut qu'une bête rode le soir, faisant trembler
les habitants de Barges. Triquet fait la connaissance du maire, du
pharmacien, du gendarme loupiot ou encore du boucher. Mais alors
qu'il questionne autour de lui ceux qu'il soupçonne être au courant
de la présence du faussaire, Mr Franqui, qui épie ses voisins à
l'aide de jumelles, meurt dans d'étranges circonstances...
Tourné en 1964, La
Grande Frousse est le sixième film de Jean-Pierre Mocky.
L'année précédente, on découvrait le trio d'acteurs Bourvil, Jean
Poiret et Francis Blanche dans l'excellent Un Drôle de
Paroissien, et c'est donc avec un immense plaisir que l'on
retrouve les trois hommes dans ce qui s'apparente autant à un film
fantastique qu'à une comédie policière. Dix-spet ans plus tard, le
cinéaste donnera d'ailleurs ses lettres de noblesses au genre
fantastique avec l'une des rares réussites du genre pour l'époque,
Litan : la Cité des Spectres Verts. Afin de créer
une véritable ambiance pour cette Grande Frousse qui
en réalité n'effraiera que les personnages eux-mêmes, Jean-Pierre
Mocky fait appel aux intempérie et surtout à la légende tournant
autour d'une bête, finalement assez ridicule et qui pourtant,
demeure la plus grande crainte d'un village dirigé par un maire un
peu trop souriant pour être honnête. Mocky joue avec la satire et
ridiculise la police à travers le personnage de Loupiot (Jean
Poiret), gendarme respectueux des lois mais abusivement protocolaire
et qui termine presque toutes ses phrases en prononçant toujours les
mêmes trois mots: « Par arrêté municipal ».
Bourvil porte la perruque
et campe un inspecteur apparemment pas très malin lancé à la
poursuite d'un criminel qu'il identifie chaque fois comme étant
chauve, alcoolique et frileux. Se déplaçant en sautillant et
poussant de petits cris de bêtes apeurée, c'est un être
profondément honnête et pas si naïf qu'on le croire. Face à lui,
une galerie de personnages hauts en couleur interprétés par Francis
Blanche donc, mais également par Jean-Louis Barrault, Jacques
Dufilho, Victore Francen, René-Louis Lafforgue ou encore Véronique
Nordey.
Adaptation du roman de
Jean Ray, "La cité de l'indicible peur", La
Grande Frousse se vit expurgé de plusieurs scènes. Alors
que l'oeuvre littéraire et le long-métrage portaient à l'origine
le même titre, les distributeurs de l'époque en imposèrent donc un
autre. Lorsque Jean-Pierre Mocky récupéra les droits de son œuvre,
il racheta l'intégralité des bandes et remonta le film dans son
montage d'origine et lui redonna le titre du roman de Jean Ray. La
Grande Frousse
demeure un Mocky de grand cru...
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