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mardi 1 mars 2016

Goodnight Mommy de Veronika Franz et Severin Fiala (2014)



De père et mère divorcés, Lukas et Élias vivent en un lieu reculé à la campagne. Ils n'ont pour compagnons que des blattes qu'ils récoltent un peu partout dans la maison et qu'ils placent dans un terrarium installé dans le salon. Lorsque leur mère rentre de l’hôpital le visage entièrement bandé, les deux garçons émettent très vite des doutes sur sa réelle identité. Victime d'un accident de voiture très grave, les médecins lui ont reconstruit le visage. Mais pour Lukas et Élias, aucun doute. Celle qui vient de rentrer à la maison n'est pas leur mère mais une étrangère. Son visage est différent. Tout comme son comportement. Plus étrange encore : celle qui se dit être la mère des deux garçons ignore totalement Lukas, dont les traits de caractère lui donnent un ascendant sur son frère. Dès lors, les deux enfants vont tout tenter pour découvrir la vérité sur l'identité de l'intruse...

Réalisé par Veronika Franz et Severin Fiala, le film autrichien Goodnight Mommy est une véritable gifle psychologique empruntant autant au drame qu'à l'horreur pure. Le film écume aussi bien les terres foulées par le prodigieux cinéaste Michael Haneke que par le classique signé par le réalisateur américain Robert Mulligan, The Other. En fait de film d'horreur, l’œuvre du duo est plus un film intimiste, le portrait d'un esprit défaillant marqué par une tragédie trop lourde à porter pour lui.

Goodnight Mommy explore des thèmes aussi divers que la perte de repères, la transformation physique à travers la chirurgie esthétique qui ici, liée à une certaine forme de modification comportementale, fait des ravages dans le psyché d'un gamin de onze ans. Pour mettre en scène leur diabolique scénario, les cinéastes choisissent de faire interpréter les jeunes Lukas et Élias par deux vrais frères Jumeaux, Élias et Lukas Schwarz. Face à eux, un personnage qui finit par le doute émis par ses deux enfants à nous le rendre suspect. Dans la peau de cette mère martyre qui va connaître des affres pires que l'accident de voiture dont elle a été la victime, l'actrice Susanne Wuest.

Goodnight Mommy est également un film sur l'absence et la solitude, le pouvoir de cette dernière permettant parfois à certains de se créer des personnages imaginaires. Il suffisait juste d'un drame pour que le récit de cette enfance innocente décroche vers un sujet beaucoup plus pernicieux dont pourtant nombre d'éléments viennent étayer la crédibilité. La scène durant laquelle la mère des jumeaux offre à Élias un boomerang est d'ailleurs significative. Qu'elle ait simplement choisi d'ignorer son second enfant ou que l'ellipse dont celui-ci fait les frais aux yeux de sa mère ait une raison tout autre, ce boomerang reflète tout à fait l'un des aspects fondamentaux de cette œuvre qui nous est extraordinairement bien contée.

Film sur l'amour fou, sur la folie elle-même, et sur le doute, Goodnight Mommy est un drame psychologique terrassant tout sur son passage. Le rythme plutôt lent confère à la dernière demi-heure une puissance graphique sans précédent. Merveilleusement interprété, visuellement parfait, mis en scène avec une maîtrise parfaite et constante, ce qui s'avère ne point être qu'un simple film d'horreur va pourtant parfois bien plus loin que ceux-ci. Le film de Veronika Franz et Severin Fiala est une œuvre choquante, éprouvante et définitivement passionnante...

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