Après deux tentatives
infructueuses qui ont couté la vie à différents reporters et
cameramen, une chaîne de télévision belge parvient à imposer une
équipe de journalistes au sein d'une famille de vampires et de leurs
voisins. Georges, Bertha, Samson et Grace sont les quatre membres de
la lignée Saint-Germain. Au sous-sol vivent deux de leurs
congénères, descendants d'un famille différente de la leur. Si
ceux-ci vivent dans la cave, c'est parce qu'ils n'ont pas d'enfant et
que leur statut n'est pas reconnu. Derrière une baie vitrée, les
Saint-Germain conservent leur Viande. Une jeune femme qui fait
don de son sang à chaque repas.
Les Saint-Germain font
partie d'une communauté de plusieurs dizaines de vampires qui se
réunissent lors de soirées organisées par le plus illustre d'entre
eux. Les vampires n'ont pas de tabous. Ils peuvent aussi bien
entretenir des relations entre frère et sœur que mère et fils.
Afin de subvenir à leur effroyable appétit, il arrive que les
Saint-Germain se fassent livrer de la viande de contrebande. En fait,
des immigrés, pour la plupart noirs, et en situation irrégulière...
Le réalisateur,
producteur et scénariste belge Vincent Lannoo signe deux ans avant
le corrosif Au Nom du Fils, un film curieux, hors
normes, et lui aussi parfois irrévérencieux. Sous le prétexte de
nous montrer le quotidien d'une famille de vampires, le cinéaste
mêle, plutôt habilement, faux documentaire, satire sociale et
fiction débridée. Un peu comme si l'émission Strip-Tease croisait
le fer avec le film culte C'est arrivé près de chez vous
de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde.
Si le principe et la
manière de faire de Vincent Lannoo sont au départ assez
déstabilisantes, on fini par se laisser prendre au jeu de cette
fausse famille de vampires qui en dehors de certains points peut
ressembler n'importe quelle autre. Si le chef de famille apparaît
comme un individu tout à fait normal, son épouse est un brin
dérangée, très excitée à l'idée de recevoir des êtres humains
dits normaux. On a d'ailleurs l'impression que la frontière
entre son désir de mordre ses invités et celui de répondre
à leurs questions est très mince. Le fils, lui, est peut-être le
personnage le plus inquiétant de la famille. Amoureux éperdu de
l'épouse du chef de la communauté (leur relation aura des
conséquences terribles), il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il
se laisse à sucer le sang de l'équipe de tournage toute entière.
Quand à sa jeune sœur, c'est l'adolescente classique. Et comme les
vampires ont par défaut l'habitude de se vêtir de noir, elle, pour
ennuyer ses parents, s'habille en rose.
Vincent Lannoo s'en prend
à l'immigration, à la religion, à l'histoire même, dans un récit
parfois manquant de tact (la scène du handicapé aurait pu être
acceptable si elle avait été au moins amusante), assez
irrévérencieux. Il arrive parfois que l'on sourit ou que l'on
s'amuse de certaines situations même si les éclats de rire ne sont
pas véritablement au rendez-vous. Le choix de tourner caméra à
l'épaule est légitime puisque c'est le scénario qui veut ça.
Concernant les dialogues, si certains apparaissent écrits, d'autres
semblent réfléchis avant d'être prononcés, ce qui tue un peu le
rythme et le semblant de réalisme que veut imposer le récit.
Toujours est-il que Vampires demeure une tentative
louable et risquée. C'est un peu le trash du grand public. Assez
pour en faire parler certains mais sans doute trop peu pour ceux qui
ont l'habitude d'en voir bien davantage en matière de provocation...
Ah... je crois que je vais essayer de me le procurer pour m'en faire une idée (même si d'après ce que tu dis, ça risque d'être un peu comme "Les Chèvres du Pentagone, très prometteur mais pas abouti). Question "immigrés", en revanche, je ne pense pas que ça corresponde à la situation réelle : à voir le nombre d'associations sans but lucratif qui se la jouent pro-immigrés (dont une association verviétoise particulièrement agressive, dont j'ai pu faire les frais), ça devient presque "prospère dans l'illégalité ou crève".
RépondreSupprimer