Après le drame, la
comédie, le film de guerre et le documentaire, le cinéaste
norvégien Hans Petter Moland s'attaque dans son dernier film au
polar teinté d'un humour noir très présent. Le récit de
Kraftidioten (Chez nous, Refroidis et aux
États-Unis In Order of Disappereance) est celui du
conducteur de chasse-neige Nils dont le fils et l'un de ses amis ont
commis l'erreur de voler des sachets de cocaïne au parrain de la
drogue Greven qui somme ses hommes de tuer les deux gamins. Folle de
douleur, l'épouse de Nils sombre peu à peu dans la folie jusqu'au
jour où elle choisi de partir. Nils, lui, décide d'éliminer
scrupuleusement tous les hommes de main de Greven, ce dernier étant
lui-même sur la liste des hommes à abattre.
Lorsque le gangster voit
la liste de ses gardes du corps diminuer, il est persuadé que
l'homme responsable de la mort de ces derniers est "Papa",
un gangster originaire de Serbie. Afin de se venger, il fait tuer le
fils du Serbe sans imaginer un seul instant que l'homme qui en veut à
sa vie est un simple conducteur de chasse-neige. Nils fait appel à
son frère, un ancien malfrat rangé des affaires qui lui conseille
de faire tuer Greven par un tueur à gages surnommé le Chinois. Mais
après avoir été contacté et payé, ce dernier propose à Greven
de lui donner le nom de celui qui l'a payé pour le tuer en échange
d'une forte somme d'argent...
La Scandinavie, encore et
toujours, et ici plus précisément la Norvège est le pays d'origine
de ce polar assez sombre pourtant bourré d'un humour très, très
noir. Kraftidioten
se déroule dans un décor enneigé permanent. Si le film devient peu
à peu d'un intérêt qui ne faiblira plus jusqu'au générique de
fin, les trois premiers quart-d'heure de cette œuvre qui dure
presque deux heures sont étonnamment faibles en terme de mise en
scène et d'interprétation. Est-ce une volonté du cinéaste d'avoir
fait des quelques premiers meurtres commis par le personnage de Nils
(l'excellent Stellan Skarsgard) des actes plutôt insignifiant d'un
point de vue visuel ? Ou bien est-ce une manière de montrer la
froide réalité d'homicides perpétrés par un homme qui n'était au
départ pas prédestiné à cela.
Toujours
est-il que le film prend par la suite une toute nouvelle dimension.
Et ce, grâce à des personnages de la trempe de Pal Sverre Valheim
Hagen qui campe un Greven totalement barge. Infantile dans son
comportement, il est aussi et surtout un parrain de la drogue qui
pousse ses hommes à avoir la gâchette facile. Les meurtres en effet
se comptent par dizaines. Que ce soit du côté de la famille de
Nils, des hommes de main de Greven ou de ceux du serbe "Papa",
tous tombent comme des mouches. Nils suit un rituel qui consiste à
enrouler ses victimes dans du grillage avant de les jeter du haut
d'une cascade (le grillage ayant d'ailleurs une fonction logique qui
sera expliquée par Nils à son frère).
Pal
Sverre Valheim Hagen est savoureux et parfois inquiétant. Si lors du
premier acte
l'interprétation est plutôt étonnante et déstabilisante, on est
ensuite littéralement emportés par la mise en scène de Hans
Petter Moland. Un vrai polar, noir et glaçant, irrésistiblement
drôle, bourré de répliques incongrues qui ne feront sans doute pas
rire tout le monde mais qui dans cette histoire sur fond de règlement
de compte et de vengeance font très souvent mouche. La Norvège, une
fois encore nous offre un petit chef-d’œuvre que l'on ne se
lassera pas de voir et revoir encore...
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