16 ans après sa sortie et la hype qui l'a entouré, il est de bon
ton de faire un bilan sur les aspects négatifs et positifs de cette
œuvre qui, si elle n'a pas inventé un genre qui remonte aux années
soixante et dont le cinéaste Ruggero Deodato a su user des
fondements avec son célèbre Cannibal
Holocaust, a
su exploiter au mieux l'engouement d'un public avide de
pseudo-vérité. Nous allons vite faire le tour des points positifs
du film de Daniel Myrick et d'Eduardo Sanchez puisque Le
Projet Blair Witch
n'a en réalité conservé pratiquement rien de ce qui faisait sa
force. Cette oeuvre qui fut pourtant un modèle du genre se révèle
en effet aujourd'hui d'un ennui extraordinaire. Tout au plus
pourra-t-on louer la part donnée au dialogues qui, s'ils sont au
moins aussi répétitifs que les situations, ont l'avantage de ne pas
trop donner dans l'insipide et le “Post-adolescent attardé”.
A
l'époque de sa sortie, je le rappelle en 1999, Internet est encore
un outil presque tout neuf pour les usagers alors qu'il existe en
réalité déjà confidentiellement depuis de nombreuses années.
Daniel Myrick et d'Eduardo Sanchez vont profiter de ce merveilleux
espace de publicité pour promouvoir leur film, innovant ainsi dans
le domaine du net et motivant les troupes à filer tout droit dans
les salles pour aller voir cet objet devenu fantasme.
Pour
une mise au départ de 25 000 $ gonflée à 50 000, le film a
bénéficié d'un tel engouement qu'il a, à travers le monde entier,
fait pas moins de 500 000 000 d'entrées (dont un peu plus de 800 000
en France), rapportant , en faisant le calcul, plusieurs centaines de
fois le budget initial. Le film a été plusieurs fois nominé dans
des festivals comme ceux des British Independent Films Award, les MTV
Awards ou encore l'Académie des Films de Science-Fiction,
Fantastique et Horreur. Il a notamment reçu le Prix de la Jeunesse
au festival de Cannes et celui de la première œuvre ayant un budget
inférieur à 500 000 dollars au Film Independent's Spirit Awards.
Outre
le fait que Le Projet Blair Witch
ait inspiré toute une foule de copies plus ou moins bonnes, on a pu
découvrir sur les chaines de télévision américaines des épisodes
des séries Les Simpsons
et Charmed
clairement inspirés par le film du duo.
Aujourd'hui
donc, seize ans après, que reste-t-il de ce minuscule film que ses
auteurs allèrent vendre comme un fait divers authentique? Et bien,
pas grand-chose en réalité. Bien sûr, comparé au nullissime
Paranormal Activity
de Oren Peli, Le Projet
Blair Witch
demeure d'une assez bonne tenue. Mais si on le compare au chef-d’œuvre de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoit Poelvoorde,
C'est arrivé près de
chez vous,
le film fait peine à voir. On s'y ennuie donc terriblement et la
fameuse scène finale dans la demeure abandonnée qui terrifia tant
de monde (dont votre serviteur) n'effraie plus personne.
A
revoir aujourd'hui Le
Projet Blair Witch
peut se voir comme un document d'époque qui n'hésita tout de même
pas à reprendre quelques codes déjà utilisés dans certains grands
films d'horreur des années soixante-dix. Et l'on ne parle pas ici du
principe consistant à montrer à un public à l'époque peut-être
encore crédule le film d'un trio de reporters amateurs ayant disparu
dans une forêt alors qu'ils enquêtaient sur la légende d'une
sorcière, mais de certains aspects du décor. Et dont l'un, non des
moindres, demeure ces symboles fixés aux arbres qui rappellent
indéniablement les inquiétantes sculptures suspendues dans la
demeure de la famille Tronçonneuse dans le classique de Tobe Hooper,
Massacre à la
Tronçonneuse.
Il
est fou de voir comme le sujet a pu empiéter sur l'existence de
certains comme sur celle d'un certain GussDX qui n'hésite pas à
braver sa peur de l'inconnu pour partager avec son public de fidèles
(qui grandit chaque jour) de grands moments de frayeur. C'est ainsi
qu'un épisode de sa série, le nommé Tanaïs– Nuits 2, 3 & 4,
renvoie directement au film de Daniel Myrick et d'Eduardo Sanchez.
Le parallèle est saisissant. Et tout ce que l'on a voulu nous faire
croire sur la véracité des faits relatés dans Le
Projet Blair Witch s'effondre
devant ce document-vérité que même les plus sceptiques d'entre
nous auront la curiosité de regarder. Si Le
Projet Blair Witch
a depuis perdu de sa force, il ne faut pas oublier qu'il a tout de
même écrit une page de l'histoire du film d'horreur. Les Rec,
Grave Encounters,
Cloverfield
et même la comédie française Babysitting
n'auraient peut-être pas vu le jour, ou du moins, d'une manière
bien différente...
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