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mardi 21 juillet 2015

Il ne fait pas bon coucher dehors: Street Trash de Jim Muro (1987) VS Crazy Murder de Doug Gerber et Caleb Pennypacker (2015)



Une immense casse de voiture sert d'abris à une bande de clochards commandée par le dangereux Bronson, ancien combattant de la guerre du Vietnam qui a laissé quelques plumes et est revenu avec le cerveau fêlé et la curieuse habitude de fabriquer des couteaux à partir du fémurs de ceux qui ont la malchance de tomber entre ses mains. Dans cette zone crasseuse demeurent également Fred et Kevin, deux frangin qui survivent tant bien que mal. Kevin entretient des rapports amicaux avec la jolie Wendy, secrétaire de l'immonde propriétaire des lieux qui aimerait en faire son quatre-heure.
Lorsque Ed, le propriétaire d'une petite épicerie, met la main sur une caisse renfermant de vieilles bouteilles d'alcool dans son arrière-boutique, il décide de les mettre en vente à un dollar pour les clodos du quartier. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que ces fioles renferment une boisson corrosive dont les effets vont très vite se faire ressentir parmi les clochards qui vont s'en procurer une...

"- Vous êtes bien le genre de flic à profiter d'une infraction au code de la route pour essayer de me violer.
- Sûrement pas ma p'tite, t'es bien trop moche pour ça."


Premier et dernier film de Jim Muro dont la carrière de cameraman l'a amené à travailler aux cotés de Martin scorcese et de James Cameron, Street Trash est l'un des plus célèbres et des plus réussis films gore de l'histoire du cinéma. Réalisé il y a presque trente ans, l’œuvre n'a pourtant pas à rougir face à tous ceux qui lui ont succédé. Une affiche qui en dit long sur le contenu du film. Un univers craspec, une irrévérence permanente. Ici, on pisse dans le dos des flics violents. Ceux-là mêmes qui se font vomir pour couvrir du contenu de leur estomac le visage d'un mafieux passé à tabac. On joue au football américain avec le sexe du clochard qui a uriné au mauvais endroit. On baise le cadavre d'une femme préalablement violée la veille au soir par une bande de clodos vraiment dégueulasses. On mélange la gnôle au contenu de sa vessie et on partage le tout avec ses amis. Mais, surtout, oui surtout, on finit par mourir d'étrange façon en buvant ces petites bouteilles de "Viper" qui ont une action des plus curieuse sur ceux qui en ingurgitent. Street Trash est ce que l'on peut appeler un film gore multicolore. En effet, contrairement à ce que l'on avait l'habitude de voir jusqu'à maintenant, les scènes d'horreur ne se contentent plus de montrer des gerbes de sang mais ressemblent plus à des feux d'artifices organiques de toutes les couleurs. 

Rouge, donc, mais aussi bleu, vert, jaune, Jim Muro choisi l'option colorée et fait de Street Trash une œuvre, certes, très graphique, mais aussi finalement très "grand public". Pourtant située dans un univers particulièrement morbide que d'autres parviendront à rendre véritablement dérangeant (Combat Shock de Buddy Giovinazzo), le film est nanti d'un humour si présent qu'il peut se voir également comme une comédie gore. Ce qui ne l'empêche pas d'être très réussi en matière d'effets-spéciaux. La spécificité de la boisson "Viper" est d'avoir une action différente en fonction du profil de celui qui en boit. Street Trah demeure encore aujourd'hui comme l'un des tout meilleurs films gore de l'histoire du cinéma et se situe dans un univers qu'il est rare de voir abordé au septième art...

Presque trente ans plus tard, un duo explore à nouveau le phénomène en plongeant dans l'univers crapoteux et sordide d'un ancien combattant qui n'a jamais vraiment réussi à se débarrasser de ses démons. Totalement obsédé par une hypothétique invasion de la Chine dont il compte les habitants en nombre de dents (sic!), le héros de Crazy Murder est à son retour de la guerre devenu un clochard à la logorrhée verbale ne s'étendant pas au delà de quelques phrases du type "Allez vous faire foutre". Il erre dans les rues d'un New-York qui lui est étranger et qui, d'ailleurs, le lui rend bien puisque marchant, sans but, et comme une ombre, il croise des concitoyens qui ne le voient même plus. Il va vous falloir un estomac bien accroché pour pouvoir ingurgiter le contenu de cette œuvre signée Doug Gerbert et Caleb Pennypacker. Oubliez John Waters, Pape des Détritus et Prince du Vomi. Le héros de Crazy Murder enfonce toutes les portes du mauvais goût avec une délectation que le public ne partagera peut-être pas forcément vu le degré d'intensité des horreurs accomplies devant la caméra.

Plusieurs questions se bousculent dans notre tête. S'agit-il d'une fiction, d'un documentaire ? Kevin Kenny est-il un véritable acteur ou bien un schizophrène dont on a autorisé la sortie le temps d'un tournage ? Si l'histoire repose sur un principe simple, l'intérêt demeure uniquement dans l'incroyable performance du principal acteur. Fort heureusement puisque à part son hallucinante interprétation, il n'y a pas grand chose à retenir. Alors, bien évidemment, certains diront que Crazy Murder, c'est de la merde. Ces critiques élitistes à l'avis sans nuances n'auront, malgré leur jugement hâtif, jamais été aussi proches de la vérité. Et cela, quel que soit le sens du mot "merde" qu'ils aient pu entendre par là. Le héros patauge dans la sienne. S'en sert comme d'une arme qu'il manie avec autant de dextérité que le couteau dont il use pour tuer, s'automutiler et se défendre. Mais contre qui ? Toujours ses mauvais démons, ceux que sa conscience réveille le soir venu. Blancs, noirs, jaunes, femmes, hommes et même nouveaux-nés, tout le monde y passe.

"Maniac + Combat Shock + Rock N' Roll Overdose = Crazy Murder"

Kevin Kenny ose franchir une étape à laquelle beaucoup d'autres auraient tenté d'échapper. Après quelques plans dérangeants de laissés pour compte scrupuleusement respectés puisque floutés au visage, son personnage débarque, expression de folie pure dessiné sur le sien, regard halluciné, monologue haché, incohérent, définissant ses obsessions, look de clochard encore relativement "propre" si l'on tient compte du degré de saletés qu'il va lui-même s'infliger. Les auteurs lui en ont demandé beaucoup (trop?). Il y a surenchère. C'est crade, vraiment. Repoussant, certainement. Jusqu’au-boutiste, indéniablement. Mais contrairement à la majeure partie des films qui œuvrent dans ce domaine, Crazy Murder possède ce petit quelque chose qui fait que l'on ne peut l'oublier. Et cette chose, c'est une fois de plus Kevin Kenny. Le bonhomme, excusez du peu, se chie dessus, vomit, erre dans les rues le pantalon sur les genous et les matières fécales dégoulinants le long de ses jambes. Pathétique mais aussi (presque) émouvant dans sa tentative totalement ratée de séduction auprès de cette jeune femme qui harangue les foules, l'acteur devient même époustouflant lors des scènes qui le montrent en phase avec les maux qui le taraudent.


On en viendrait presque à croire que tout ce à quoi l'on assiste est vrai. Qui sait d'ailleurs, s'il ne vomit pas réellement, s'il ne libère pas vraiment ses intestins de leur contenu. Il y a des images qui ne trompent pas. Et dire qu'il existe sur Terre des êtres qui vivent ainsi, en marge de cette société puritaine qui ignore ses brebis aux abois. Crazy Murder est un cas à part. Outrancier, mais peut-être quelque part, une pièce essentielle qui colmate les besoins de certains cinéphiles en mal de perversion et de vérité crue...

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