C'est alors qu'il termine
son service dans la petite ville d'Allemagne où il travaille que
Jakob tombe sur un colis qui lui a été livré. Pourtant adressé à
un autre que lui, le jeune policier l'emporte chez lui et reçoit
plus tard dans la soirée un étrange coup de téléphone de la part
de celui auquel est destiné le paquet. Jakob se rend alors chez cet
homme et tombe nez à nez avec un curieux personnage vêtu d'une
robe. Celui-ci prend possession de son colis, qu'il ouvre, laissant
pantois Jakob qui découvre alors que l'objet qu'il renferme est un
katana.
Mais l'homme prend la
fuite avant même que le policier ait pu le retenir et s'ensuit alors
une course-poursuite entre ce dernier et le travesti, amateur de
décapitation qui va dès lors semer la mort en ville...
Avant d'être son premier
long-métrage à sortir au cinéma, faisant ainsi suite à quelques
courts-métrages, Der Samurai fut
avant tout le travail de fin d'études du cinéaste allemand Till
Kleinert. On excusera donc les hypothétiques maladresses de
l'ensemble pour ne s'attarder que sur l'essentiel de cette œuvre
tout à fait originale, brassant des thèmes bien connus et qui, ici,
prennent une dimension inattendue. Dans une petite ville d'Allemagne
rurale que l'Allemand parvient à rendre d'une tristesse à mourir
grâce à la photographie de Martin Hanslmayr, un flic erre en
voiture, seul, sans compagne, ni compagnon, et encore moins de
collègue pour l'accompagner dans ses rondes. Son quotidien se
cantonne à sa tâche de policier. Flic sous les ordres d'une
hiérarchie un peu retorse, veillant sur une grand-mère un brin
sénile, Jakob n'a pour passion que le loup qu'il est censé chassé
et qu'il nourrit en réalité des abats que le boucher du coin
accepte de lui donner.
La rencontre entre Jakob
et ce travesti au charisme évident est l'occasion pour le cinéaste
de développer quelques thèmes, et non des moindres puisqu'il joue
sur une certaine ambiguïté sexuelle d'un coté comme de l'autre.
Déjà, bien avant leur rencontre, il semble que Jakob soit
sensiblement attiré par le chez d'une bande de motards, attirance
qui semble prendre véritablement forme lors de son contact avec cet
être mi-homme, mi-animal à l'aisance incroyable qui paraît se
mouvoir avec une facilité déconcertante.
Der Samurai n'est
pas simplement le film policier auquel on pourrait s'attendre mais
aussi une fable, un conte des ténèbres admirablement interprété
par ses deux principaux acteurs Michel Diercks et Pit Bukowski. Le
film de Til Kleinert provoque pourtant une certaine gène. Son statut
de film de fins d'études excusant peut-être cela, Der Samurai
ressemble parfois aux téléfilms diffusés sur M6 le dimanche
après-midi. Détail quelque peu gênant qui parvient heureusement à
se faire oublier dès la seconde moitié du film. Et ce notamment
grâce à la superbe partition de Conrad Oleak qui donne à l’œuvre
toute sa dimension onirique. On ne sait jamais vraiment si l'on est
dans le domaine du fantastique ou dans un rêve. Der Samurai
est un curieux huis-clos qui ne se contente pas d'enfermer ses
personnages dans une pièce ou un appartement. Pourtant, ceux-ci
semblent irrémédiablement coincés dans cette ville allemande. Le
film traite également d'une thématique de manière fort originale.
En effet, les apparitions récurrentes du loup nourrit par Jakob
coïncidant très souvent avec celles du dit samouraï, on se demande
si finalement ce curieux personnage ne serait pas atteint de
lycanthropie.
Till Kleinert a du culot
et une belle maîtrise de son sujet. Nous en vouons pour preuve cette
scène durant laquelle les deux héros se lancent dans une danse au
coin d'un feu dans lequel reposent les têtes fraîchement coupées
des motards. La scène est touchante, belle, magique, et donne à
elle seule tout son sens à l’œuvre. Elle rapproche enfin ces deux
êtres qui n'ont jusqu'à maintenant fait que jouer au chat et à la
souris. Le personnage du travesti révélant une profondeur qui était
encore quelque peu dissoute dans ses exactions meurtrières. Der
Samurai est un très beau film, relativement peu sanglant, très
justement interprété. L'aura singulière qu'il dégage fait qu'il
marque les esprits bien après même son générique de fin...
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