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samedi 20 juin 2015

Le Dossier Rose de la Prostitution de Rino di Silvestro (1974)




Un porno sur Cinémart ? Et pourquoi pas ? Et comme pour justifier ici la présence de ce Dossier Rose de la Prostitution signé par le cinéaste italien Rino di Silvestro, disons que cette œuvre n'est pas au départ qu'un prétexte à étaler à l'écran des scènes de sexe très explicites (ah oui?) mais avant tout un giallo, genre largement représenté sur Cinémart. Et puis merde, quoi. Un porno, c'est encore du cinéma. Et même si les acteurs y jouissent véritablement, les femmes qu'il chevauchent ne simulent-elles pas l'orgasme ? Enfin, espérons-le pour elles.
Gisèle, jeune et jolie jeune femme qui se prostitue depuis peu est la victime d'un tueur. Le lieutenant Varale enquête aux cotés de son plus proche collaborateur sur le réseau de prostitution dans lequel la victime travaillait. Les collègues de Gisèle sont interrogées, tout comme le maquereau de la jeune femme qui devant les enquêteurs se fait passer pour le fiancé.

Voilà comment débute cette œuvre dont le titre alléchant semble promettre de décortiquer l'univers de la prostitution. Pourtant, malgré un début prometteur qui ne va durer qu'une dizaine de minutes, le film plonge dans un étrange mélange porno/giallo. Les premières scènes de cul (il n'y a pas d'autres mots pour définir le contenu des scènes de sexe) sont plutôt soft, et il faut en réalité attendre vingt-sept ou vingt-huit minutes pour assister à une partouze où fellations, cunnilingus, pénétrations et orgasmes sont explicitement filmés.

Ce que l'on a l'habitude de reprocher au cinéma pornographique, c'est le manque de moyens communément accordés au scénario. En général, on invente une histoire qui tient debout cinq minutes puis on assiste à une succession de scènes hard entrecoupées de minuscules passages censés rappeler au spectateur les dessous d'un récit plutôt fadasse. En lançant ce Dossier Rose de la Prostitution qui mêle donc giallo et pornographie, on est en droit d'espérer qu'une fois n'est pas coutume, l'accent sera mis sur l'histoire, les scène de cul étant alors relayées au second plan. Un faux espoir on le sait bien puisque ces dernières servent toujours dans ce genre de récit à remplir les vides sidéraux qui séparent un passage du scénario originel du suivant. Et c'est bien là l'un des deux points les plus navrants du film de Rino di Silvestro. Outre un montage chaotique qui mélange par la suite plusieurs histoires dont une romance ridicule entre un jeune beau gosse prénommé Antonio (Paolo Giuusti) et une prostituée surnommée Primavera un peu fanée (Maria Fiore), et le récit d'une vengeance dont les responsables d'un viol vont faire les frais, le film est un foutoir sans nom.

Mais rien de grave à cela puisque dans porno/giallo, il y a porno. Et justement, concernant cet aspect de l’œuvre, le bât blesse ici aussi. Le cul est triste, les formes sont flasques et les sexes auraient mérité d'être glabres plutôt que d'être pourvus d'autant de poils. S'aventurer dans ces territoires qui visiblement ne sont plus vierges depuis des lustres devient alors un chemin de croix pour ces caméras dont les porteurs sont de véritables manchots. Les acteurs ont l'air d'y croire aussi forts que les supporters d'une équipe de football qui perd trois-zéros et à laquelle il ne reste plus que deux minutes pour revenir au score. Quand aux doublages, ceux des scènes de sexe sont à l'image des souvenirs de celles que l'on a pu découvrir étant adolescents dans les années quatre-vingt. On croirait presque voir les doubleuses se vernir les ongles, assises devant l'écran projetant le film, tout en poussant de petits cris de chatons que l'on étrangle.

Vous l'aurez compris, Dossier Rose de la Prostitution et un ratage complet. Dans le top dix des plus mauvais gialli, il aurait sa place parmi les trois premiers, tout comme dans un classement identique mais cette fois-ci réservé au porno. En fait, Dossier Rose de la Prostitution n'est ni un véritable porno, et encore moins un giallo. C'est un ovni qui contrairement à la plupart des œuvres atypiques ne mérite à aucun moment qu'on lui accorde le moindre intérêt. A jeter aux ordures...

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