Un porno sur Cinémart ?
Et pourquoi pas ? Et comme pour justifier ici la présence de ce
Dossier Rose de la Prostitution signé par le cinéaste
italien Rino di Silvestro, disons que cette œuvre n'est pas au
départ qu'un prétexte à étaler à l'écran des scènes de sexe
très explicites (ah oui?) mais avant tout un giallo, genre largement
représenté sur Cinémart. Et puis merde, quoi. Un porno, c'est
encore du cinéma. Et même si les acteurs y jouissent véritablement,
les femmes qu'il chevauchent ne simulent-elles pas l'orgasme ?
Enfin, espérons-le pour elles.
Gisèle, jeune et jolie
jeune femme qui se prostitue depuis peu est la victime d'un tueur. Le
lieutenant Varale enquête aux cotés de son plus proche
collaborateur sur le réseau de prostitution dans lequel la victime
travaillait. Les collègues de Gisèle sont interrogées, tout comme
le maquereau de la jeune femme qui devant les enquêteurs se fait
passer pour le fiancé.
Voilà comment débute
cette œuvre dont le titre alléchant semble promettre de décortiquer
l'univers de la prostitution. Pourtant, malgré un début prometteur
qui ne va durer qu'une dizaine de minutes, le film plonge dans un
étrange mélange porno/giallo. Les premières scènes de cul
(il n'y a pas d'autres mots pour définir le contenu des scènes de
sexe) sont plutôt soft, et il faut en réalité attendre vingt-sept
ou vingt-huit minutes pour assister à une partouze où fellations,
cunnilingus, pénétrations et orgasmes sont explicitement filmés.
Ce que l'on a l'habitude
de reprocher au cinéma pornographique, c'est le manque de moyens
communément accordés au scénario. En général, on invente une
histoire qui tient debout cinq minutes puis on assiste à une
succession de scènes hard entrecoupées de minuscules passages
censés rappeler au spectateur les dessous d'un récit plutôt
fadasse. En lançant ce Dossier Rose de la Prostitution
qui mêle donc giallo et pornographie, on est en droit d'espérer
qu'une fois n'est pas coutume, l'accent sera mis sur l'histoire, les
scène de cul étant alors relayées au second plan. Un faux espoir
on le sait bien puisque ces dernières servent toujours dans ce genre
de récit à remplir les vides sidéraux qui séparent un passage du
scénario originel du suivant. Et c'est bien là l'un des deux points
les plus navrants du film de Rino di Silvestro. Outre un montage
chaotique qui mélange par la suite plusieurs histoires dont une
romance ridicule entre un jeune beau gosse prénommé Antonio (Paolo
Giuusti) et une
prostituée surnommée Primavera un peu fanée (Maria Fiore), et le
récit d'une vengeance dont les responsables d'un viol vont faire les
frais, le film est un foutoir sans nom.
Mais
rien de grave à cela puisque dans porno/giallo,
il y a porno. Et justement, concernant cet aspect de l’œuvre, le
bât blesse ici aussi. Le cul est triste, les formes sont flasques et
les sexes auraient mérité d'être glabres plutôt que d'être
pourvus d'autant de poils. S'aventurer dans ces territoires qui
visiblement ne sont plus vierges depuis des lustres devient alors un
chemin de croix pour ces caméras dont les porteurs sont de
véritables manchots. Les acteurs ont l'air d'y croire aussi forts
que les supporters d'une équipe de football qui perd trois-zéros et
à laquelle il ne reste plus que deux minutes pour revenir au score.
Quand aux doublages, ceux des scènes de sexe sont à l'image des
souvenirs de celles que l'on a pu découvrir étant adolescents dans
les années quatre-vingt. On croirait presque voir les doubleuses se
vernir les ongles, assises devant l'écran projetant le film, tout en
poussant de petits cris de chatons que l'on étrangle.
Vous
l'aurez compris, Dossier Rose de la Prostitution
et un ratage complet. Dans le top dix des plus mauvais gialli, il
aurait sa place parmi les trois premiers, tout comme dans un
classement identique mais cette fois-ci réservé au porno. En fait,
Dossier Rose de la Prostitution
n'est ni un véritable porno, et encore moins un giallo. C'est un
ovni qui contrairement à la plupart des œuvres atypiques ne mérite
à aucun moment qu'on lui accorde le moindre intérêt. A jeter aux
ordures...
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