Erik
Backström retourne dans le village de son enfance, le Norrland, en
Suède, où il est adulé par la foule, considéré comme un héros.
En effet, A Stockholm, ville dans laquelle il a exercé durant des
années en tant que policier, Erik a tué un dangereux criminel,
recevant lui-même des balles dans le corps. Lorsqu'il arrive, la
petite vie tranquille qu'il a connu a bien changé. Dans les forêts
qui entourent le village, des charniers constitués de cadavres de
rennes et d'élans sont retrouvés. Depuis des années maintenant,
des braconniers sévissent dans la région.
Engagé
dans la police locale, Erik se rend sur place en compagnie de son
nouveau collègue de travail Lâsse Beckström. Sept têtes de rennes
reposent sur le sol, décapitées. A leur retour au commissariat,
Lässe demande à Erik d'écrire et de casser le rapport concernant
cette affaire. Erik accepte mais lorsqu'il tombe sur le dossier
relatif aux nombreux cas de meurtres animaliers de la région, il
décide de ne pas classer l'affaire et d'enquêter dessus.
Vivant
auprès de son frère Leif, Erik retrouve ses anciens compagnons, et
notamment Tomme Harela qui en compagnie de Leif et de deux ou trois
autres hommes passent la plupart du temps dans leur bar favori ou
bien au cœur de la forêt. Erik remarque que Tomme porte sur lui un
couteau dont la lame est brisée. Plus tôt, il a trouvé au milieu
du charnier une pointe qui semble parfaitement se marier avec l'arme
de son ami. C'est ainsi que le policier commence à avoir des doutes
envers ses amis, et même envers son frère qui commence à changer
d'humeur et à vouloir payer son frère pour qu'il débarrasse le
plancher...
Les
films nordiques ont toujours eut ce petit quelque chose de
particulier difficile à définir. Même dans l'horreur la plus
sordide, il se dégage toujours une pointe d'humour "pince
sans rire"
qui rappelle par certains aspects celui que l'on dit "So
British".
Même si fondamentalement,
Jägarna
demeure un thriller efficace, l'évidente bonhomie de son héros et
certaines situations font de ce film une œuvre accessible même pour
ceux qui ne sont pas coutumiers d'un cinéma parfois très violent.
Il faut pourtant être capable d'encaisser une introduction jouant
sur l'horreur absolue qu'arbore le braconnage. En effet, le
réalisateur Kjell Sundcall imprègne sa pellicule d'une série
d'images à faire vomir les plus ardents défenseurs des animaux. Et
tout cela sans trucages.
Premier
film du cinéaste, les décors de
Jägarna possèdent
un vrai cachet, mêlant le froid à la chaleur. C'est beau et
inquiétant à la fois. Même les habitants de la région ont cet
aspect qui nous fait parfois douter de leur sincérité. Derrière
certains sourires se cachent des intentions malhonnêtes que devra
déceler ce pauvre Erik, interprété par le peu motivé Rolf
Lassgard. Car derrière le jeu molasson de l'acteur ne se cache pas
uniquement la curieuse impression d'assister à l'agonie d'une police
qui a les mains liées. Même s'il est parfois difficile d'accepter
de le voir se comporter de manière presque détachée devant
certaines situations, on préfère imaginer que cela est dû au
script plutôt qu'à une interprétation pitoyable de la part de Rolf
Lassgard. Car malgré tout, l'acteur à cette physionomie attachante
du policier pépère, immense, robuste mais définitivement touchant.
Une sorte de Derrick un peu plus vigoureux mais qui face à certaines
adversités (notamment lorsqu'il apprend l'identité du meurtrier de
la clandestine égorgée), réagit assez platement alors qu'on
s'attend à le voir sortir de ses gonds.
Dans
un univers qui l'entoure relativement violent, Erik paraît ne pas
être à sa place. L'homme enquête dans une Suède dont on était
loin d'imaginer l'existence. Un peu à la manière des cajuns du
flippant Sans
Retour
de Walter Hill, les braconniers de Jägarna
dégagent
une impression vraiment inquiétante et qui va bien au delà de leurs
pratiques. Ici, on est loin des blockbusters qui inondent les
cinémas. On se retrouve presque devant un cinéma de l'authentique,
différent, dépaysant, magnifique et rude.
Jägarna
est
une plongée dans un pays peu connu finalement. Un décor de carte
postale curieux qui ne donnera sans doute pas envie à tout le monde
d'y faire un tour malheureusement. Répétons-nous le : Ce n'est
qu'un film, ce n'est qu'un film...
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