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samedi 27 juin 2015

Birdman de Alejandro Gonzales Inarritu (2015)



Le nouveau film d'Alejandro Gonzales Inarritu, le bonhomme qui signa quinze années plus tôt un excellent premier film, Amours Chiennes, avant d’enchaîner les succès, revient donc avec un ambitieux projet. Birdman est l'adaptation au cinéma (au théâtre?) d'une nouvelle écrite par Raymond Carver en 1981, Parlez-Moi d'Amour. Pour interpréter le rôle-titre, le cinéaste mexicain fait appel à une ancienne gloire du cinéma américain que l'on a surtout suivi dans les années quatre-vingt, quatre-vingt dix, Michael Keaton. Il y a dans ce choix, n'en doutons pas, une certaine ironie, et même pourquoi pas un amour immodéré pour cette vedette qui a perdu ce visage lisse que certains pouvaient parfois trouver agaçant. Aujourd'hui l'acteur a pris de la bouteille et son regard possède désormais une dimension émotionnelle assez stupéfiante qui dénote avec l'interprète d'autrefois. Le Batman vieillissant de 1989 et 1992 a laissé la place à un Birdman dont les fans attendent toujours le quatrième volet de ses aventures. Un nouveau héros mis à nu, aussi fripé que ceux de son âge et caractérisé par un ego parfois tellement gonflé qu'il lui arrive de s'entendre parler à travers la voix du héros qu'il a jusqu'à maintenant campé par trois fois.

Et pour se sentir exister, quoi de mieux que de monter une pièce de Broadway afin de revenir tout en haut de la scène, là où justement de jeunes loups aux dents longues ou au contraire totalement immatures et sûrs d'eux à force de critiques élogieuses vont jouer des coudes pour s'imposer et rendre le retour de ce héros du passé caduque. Face à Michael Keaton, un Edward Norton très « dans l'air du temps ». De cet air frais que d'aucun osera décrire de malodorant, surtout si l'on n'adhère pas à ce point de vue qui fait honneur aux réseaux sociaux plus qu'à l'image glamour de ces vieilles stars du cinéma (et sans doute de la chanson) dont la valeur n'a d'intérêt aux yeux du plus grand nombre que s'ils sont raccordés à Facebook ou Twitter pour ne citer qu'eux. Alejandro Gonzales Inarritu en profite donc pour dresser un constat cinglant et particulièrement réaliste sur le réel statut que l'on veut bien accorder à telle ou telle célébrité.

Birdman offre d'ailleurs à ce propos de très belles ruptures de ton, entre humour, drame, et parfois même fantastique. Michael Keaton n'a peut-être jamais été aussi touchant, surtout dans la langue qui est la sienne, ce regard parfois perdu, tendre, sévère, insoumis mais jamais véritablement abattu. Le film est une plongée dans l'univers implacable du théâtre, celui-là même que l'on n'imaginait pas être aussi féroce que celui du septième art. C'est aussi la reconstruction d'un homme qui doit faire face aux affres de la drogue qui touchent la plus importante créature à ses yeux : sa fille.

Alejandro Gonzales Inarritu nous jette à la gueule une œuvre sensible qui, au delà de sa caméra portée à l'épaule, le brouillard épais qui recouvre certaines situations et l'ultra-réalisme de certaines autres, parvient à atteindre un but auquel on peut avoir du mal à croire les premières minutes. Non, Birdman n'est pas une œuvre « auteurisante » qui se caresse les zones érogènes pendant que les spectateurs s'endorment dans leur fauteuil. Il ne fait même pas partie de cette frange du cinéma dite intellectuelle qui ne s'adresse qu'à un public « d'avertis ». Le cinéaste s'offre le luxe de filmer son œuvre de la manière la plus classique possible, sans jamais nous tromper autrement qu'à travers un faux plan-séquence de presque deux heures que l'on imagine évidemment impossible à réaliser quel que soit le talent du cinéaste.
S'il n'y avait d'ailleurs qu'une seule chose à reprocher au film, ce serait peut-être d'ailleurs cette volonté qu'a eu Alejandro Gonzales Inarritu de faire de Birdman un plan-séquence durant la totalité du film. Car derrière cette petite supercherie se cache un piège dans lequel tomberont inévitablement les forcenés de l'image qui voudront trouver toutes les failles visuelles et dresser ainsi le portrait précis du montage de Douglas Crise et Stephen Mirrione. A part cela, chapeau l'artiste...


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