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mercredi 13 août 2014

Multiple Maniacs de John Waters (1970)



Une troupe de saltimbanques propose des tours scabreux à qui veut bien donner un peu de son temps. Mr. David harangue les foules, les attire sous une des tentes plantées en toute illégalité dans un parc de Batimore, promettant monts et merveilles et autres joyeusetés décadentes. Des pédés qui se dévorent la bouche, un type qui se fait brûler le dos à l'aide d'une cigarette, un toxicomane sevré de force exhibé en pleine crise de manque, un autre qui ingurgite ses propres vomissures et surtout, oui, surtout, Lady Divine, la vedette de ce show. Mr David attire ensuite les spectateurs déjà bien écœurés dans une deuxième où leur est promis le spectacle d'une monstruosité « extrême, vivante et incarnée ».

En fait, un piège dans lequel tombent les spectateurs. En effet, la troupe de Lady Divine n'est qu'un ramassis de voleurs. Faites prisonnières, les victimes du guet-apens n'ont d'autre choix, sous la menace d'une arme pointée sur eux, que d'accepter de se délester de leur porte-feuille et de leurs bijoux. L'une d'entre elles va même perdre la vie, tuée d'une balle tirée par Lady Divine elle-même. Du coup, la troupe prend la fuite, se disperse, laissant seuls Lady Divine, son petit ami David et Rick, membre de la troupe. Les trois compères se réfugient chez Cookie, la fille de Lady Divine. Cette dernire en a marre de David. Quand à lui, il entretient une relation intime avec une maîtresse prénommée Bonnie. Une jeune femme qui ne jure que par lui. Lorsque Lady Divine apprend que David la trompe, son sang ne fait qu'un tour. Elle se jure de tuer le couple adultère. De son coté, David réussi à convaincre Bonnie de la nécessité de se débarrasser de l'encombrante femme qui partage son existence...

Réalisé en 1970, Multiple Maniacs est le second long-métrage de John Waters, reconnu comme l'un des maîtres en matière de cinéma Trash. Un film qui transpire, au delà de son propos sulfureux et de ses situations toutes plus hallucinantes les unes que les autres, un certain esprit de liberté. Une œuvre sans contraintes, sans concessions. Un film tourné dans une certaine illégalité, donc dans l'urgence, mais qui démontre une volonté d'outrepasser tout ce qui a pu être montré d'immoral et d'amoral sur les écrans jusque là. On retrouve déjà une majeure partie des interprètes de Mondo Trasho, le premier long-métrage du cinéaste. Divine, David Lochary, Mary Vivian Pearce, Mink Stole débitent des textes crus, sur un ton rêche qui dénote une haine farouche envers ce qu'ils maudissent. L'autorité et l'église en prennent plein la gueule.

Règlement de compte pour John Waters qui livre une scène proprement hallucinante : Alors que lady Divine vient d'être violée par un couple de toxicos se shootant à la colle, elle file tout droit vers le repère où Bonnie et David se sont retrouvés afin de les éliminer tous les deux. Sauf que Lady Divine croise la route de l'Enfant de Pragues qui l'emmène jusqu'aux portes d'une église à l'intérieur de laquelle elle va connaître une expérience sexuelle hors du commun, mélangeant lesbianisme et religion. On y entend Divine citer des passages de la Bible, John Waters mettant en scène le chemin de croix du Christ après qu'il ait été trahi par Judas. Et tout cela, sur fond d'accouplement bestial entre Lady Divine et Mink, une prostituée religieuse dont le rêve de toujours est de prodiguer l'extrême onction. Il faut voir Divine pénétrée à l'aide d'un rosaire par l'inconnue pour le croire. Un summum d’irrévérence et pourtant, il y a dans cette très spectaculaire scène quelque chose de sublime. Une mise en scène peut-être bancale, des moyens sans doute limités, mais une volonté d'aller si loin dans la provocation que l’œuvre déclenche à ce moment très précis, un mécanisme qui ouvre des perspectives assez curieuses. Une certaine poésie se dégage de cette séance visuelle, auditive et irrévérencieuse. Un spectacle qui donne à Multiple Maniacs les allures d'un péplum trash et bricolé. Mais malgré tout généreux envers le public. Car le cinéaste ne lésine par sur les moyens pour emmener le spectateur là où il le désire. Si les décors n'ont aucun intérêt et que l'interprétation est des plus sommaire, le réalisateur compte sur la motivation de sa troupe de comédiens amateurs pour s'en donner à cœur joie et satisfaire le public.

Assez violent, le film nous plonge dans une succession de scènes de dépravation. Une touche d'érotisme (maladif), quelques meurtres (mal filmés), mais surtout, un final impossible à prévoir : Divine violée par un... crustacé géant !!!
A savoir que le sous-entendu concernant le meurtre de l'actrice Sharon Tate (alors épouse du cinéaste Roman Polanski) n'est pas tout à fait innocent. Est-ce pour vendre son œuvre que John Waters laisse entendre que David et Divine seraient les véritables coupables du meurtre sordide dont a été victime l'actrice ? Car en effet, à l'époque où Multiple Maniacs a été tourné, les assassins, Charles Manson et sa clique de tarés, n'avaient pas encore été arrêtés ni même soupçonnés.

Multiple Maniacs demeure encore aujourd'hui une effarante production Trash. Ni son évident amateurisme, ni le manque de moyens, ni même l'âge n'ont eu de prise sur cette œuvre peu connue mais essentielle dans la filmographie du grand John Waters...

1 commentaire:

  1. Ce qui n'a pas empêcher ce vieux renard de John Whaters d'être président du festival de cannes :)
    Bien que moins abouti que la filmographie à venir tous le génie provocateur de la famille Dreamland resplendit de mille éclaboussures dans ce vaudeville punk précurseur.

    Baltimore capitale des fruits de mer douteux ^^

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