Une troupe de
saltimbanques propose des tours scabreux à qui veut bien donner un
peu de son temps. Mr. David harangue les foules, les attire sous une
des tentes plantées en toute illégalité dans un parc de Batimore,
promettant monts et merveilles et autres joyeusetés décadentes. Des
pédés qui se dévorent la bouche, un type qui se fait brûler le
dos à l'aide d'une cigarette, un toxicomane sevré de force exhibé
en pleine crise de manque, un autre qui ingurgite ses propres
vomissures et surtout, oui, surtout, Lady Divine, la vedette de ce
show. Mr David attire ensuite les spectateurs déjà bien écœurés
dans une deuxième où leur est promis le spectacle d'une
monstruosité « extrême, vivante et incarnée ».
En fait, un piège dans
lequel tombent les spectateurs. En effet, la troupe de Lady Divine
n'est qu'un ramassis de voleurs. Faites prisonnières, les victimes
du guet-apens n'ont d'autre choix, sous la menace d'une arme pointée
sur eux, que d'accepter de se délester de leur porte-feuille et de
leurs bijoux. L'une d'entre elles va même perdre la vie, tuée
d'une balle tirée par Lady Divine elle-même. Du coup, la troupe
prend la fuite, se disperse, laissant seuls Lady Divine, son petit
ami David et Rick, membre de la troupe. Les trois compères se
réfugient chez Cookie, la fille de Lady Divine. Cette dernire en a
marre de David. Quand à lui, il entretient une relation intime avec
une maîtresse prénommée Bonnie. Une jeune femme qui ne jure que
par lui. Lorsque Lady Divine apprend que David la trompe, son sang ne
fait qu'un tour. Elle se jure de tuer le couple adultère. De son
coté, David réussi à convaincre Bonnie de la nécessité de se
débarrasser de l'encombrante femme qui partage son existence...
Réalisé en 1970,
Multiple Maniacs est le second long-métrage de John
Waters, reconnu comme l'un des maîtres en matière de cinéma Trash.
Un film qui transpire, au delà de son propos sulfureux et de ses
situations toutes plus hallucinantes les unes que les autres, un
certain esprit de liberté. Une œuvre sans contraintes, sans
concessions. Un film tourné dans une certaine illégalité, donc
dans l'urgence, mais qui démontre une volonté d'outrepasser tout ce
qui a pu être montré d'immoral et d'amoral sur les écrans jusque
là. On retrouve déjà une majeure partie des interprètes de Mondo
Trasho, le premier long-métrage du cinéaste. Divine, David
Lochary, Mary Vivian Pearce, Mink Stole débitent des textes crus,
sur un ton rêche qui dénote une haine farouche envers ce qu'ils
maudissent. L'autorité et l'église en prennent plein la gueule.
Règlement de compte pour
John Waters qui livre une scène proprement hallucinante : Alors
que lady Divine vient d'être violée par un couple de toxicos se
shootant à la colle, elle file tout droit vers le repère où Bonnie
et David se sont retrouvés afin de les éliminer tous les deux. Sauf
que Lady Divine croise la route de l'Enfant de Pragues qui l'emmène
jusqu'aux portes d'une église à l'intérieur de laquelle elle va
connaître une expérience sexuelle hors du commun, mélangeant
lesbianisme et religion. On y entend Divine citer des passages de la
Bible, John Waters mettant en scène le chemin de croix du Christ
après qu'il ait été trahi par Judas. Et tout cela, sur fond
d'accouplement bestial entre Lady Divine et Mink, une prostituée
religieuse dont le rêve de toujours est de prodiguer l'extrême
onction. Il faut voir Divine pénétrée à l'aide d'un rosaire par
l'inconnue pour le croire. Un summum d’irrévérence et pourtant,
il y a dans cette très spectaculaire scène quelque chose de
sublime. Une mise en scène peut-être bancale, des moyens sans doute
limités, mais une volonté d'aller si loin dans la provocation que
l’œuvre déclenche à ce moment très précis, un mécanisme qui
ouvre des perspectives assez curieuses. Une certaine poésie se
dégage de cette séance visuelle, auditive et irrévérencieuse. Un
spectacle qui donne à Multiple Maniacs les allures
d'un péplum trash et bricolé. Mais malgré tout généreux envers
le public. Car le cinéaste ne lésine par sur les moyens pour
emmener le spectateur là où il le désire. Si les décors n'ont
aucun intérêt et que l'interprétation est des plus sommaire, le
réalisateur compte sur la motivation de sa troupe de comédiens
amateurs pour s'en donner à cœur joie et satisfaire le public.
Assez violent, le film
nous plonge dans une succession de scènes de dépravation. Une
touche d'érotisme (maladif), quelques meurtres (mal filmés), mais
surtout, un final impossible à prévoir : Divine violée par
un... crustacé géant !!!
A savoir que le
sous-entendu concernant le meurtre de l'actrice Sharon Tate (alors
épouse du cinéaste Roman Polanski) n'est pas tout à fait innocent.
Est-ce pour vendre son œuvre que John Waters laisse entendre que
David et Divine seraient les véritables coupables du meurtre sordide
dont a été victime l'actrice ? Car en effet, à l'époque où
Multiple Maniacs a été tourné, les assassins, Charles Manson et sa clique de tarés, n'avaient pas encore
été arrêtés ni même soupçonnés.
Multiple Maniacs
demeure encore aujourd'hui une effarante production Trash. Ni son
évident amateurisme, ni le manque de moyens, ni même l'âge n'ont eu
de prise sur cette œuvre peu connue mais essentielle dans la
filmographie du grand John Waters...
Ce qui n'a pas empêcher ce vieux renard de John Whaters d'être président du festival de cannes :)
RépondreSupprimerBien que moins abouti que la filmographie à venir tous le génie provocateur de la famille Dreamland resplendit de mille éclaboussures dans ce vaudeville punk précurseur.
Baltimore capitale des fruits de mer douteux ^^