Dans un monde où devenir
célèbre est accessible à tous, et dans lequel certains restent
dans l'ombre et fantasment sur des individus injustement définis
comme stars, il est aisé d'imaginer les dérives qui peuvent
découler de l'engouement qui naît de cette passion contemporaine.
Une maladie dégénératrice qui touche nos têtes blondes et même,
parfois, leurs parents. Comme des pantins, il restent figés devant
l'écran de leur téléviseur, à savourer d'insipides programmes où
ne véhiculent que des messages sans intérêts. Brandon Cronenberg
extrapole l'idée même de ce fanatisme de pacotille, lui donnant
tous les aspects d'une drogue à laquelle s'essaie la jeunesse dans
l'espoir d'approcher un peu plus encore ceux qu'elle idolâtre.
Syd March travaille pour
Dorian Lucas dont la clinique offre l'opportunité aux fans de
célébrités d'habiter dans leur organisme des échantillons de
virus prélevés sur ces dernières afin de leur donner la
possibilité d'être plus proches encore de celles-ci. Le jeune homme
s'essaie lui-même à ces drogues un peu particulières et notamment
à celles issues des tissus de Hannah Geist, la représentante la
plus célèbre de la marque Lucas. Il emporte chez lui et en toute
illégalité quelques échantillons afin de les tester sur lui-même
avant d'introduire un flacon de son propre sang dans une étrange
machine permettant de donner un visage humain au virus. Une manière
pour lui d'arrondir les fins de mois en revendant le produit de ses
expériences à des trafiquants dont Arvid n'est pas des moindres.
Ambigu, ce personnage au premier abord sympathique voit en Syd non
pas un ami mais un fournisseur sans lequel il ne peut se fournir en
matière premières issues des laboratoires Lucas. Alors que le plus
fidèle collaborateur de Dorian Lucas vient de tomber pour fraude,
c'est Syd qui prend sa place. Lorsque l'on apprend que la star de
l'entreprise Lucas a été infectée par un virus, Syd se rend à
l'hôtel où elle séjourne afin de pratiquer un prélèvement.
Duquel il s'injectera une dose comme à son habitude.
Une erreur fatale
puisqu'après être tombé malade et dans un coma partiel, Syd se
réveille et apprend que Hannah Geist est condamnée à mourir après
voir été infectée par un virus venu de Chine...
Répétez : Blanc,
blanc, blanc, blanc, blanc, blanc... que boit la vache ? Du
lait ? Non ! De l'eau bien sûr. Maintenant dites qu'elle
couleur prédomine dans cet Antiviral nauséeux. Le blanc ?
Oui, peut-être. Mais sans doute beaucoup le rouge également.
Effectivement, tout semble immaculé. Les murs sont blancs, les
meubles aussi. Comme la nourriture vendue par le personnage de Arvid
(interprété par Joe Pingue) et partiellement constituée de
cellules humaines. Après avoir vampirisé le public, les médias
offrent aux cliniques l'opportunité de se faire de l'argent sur le
dos des gamins qui ne voient pas les dangers de cette abominable
dérive qu'est le désir de mimer ceux qu'ils fantasment. Vampirisme,
oui. Mais également cannibalisme au travers de cette viande au
teintes maladive et qui colle parfaitement l'environnement clinique
dans lequel baignent les personnages. Syd lui-même (l'excellent
Caleb Landry Jones) a le visage pâle, maladif. Dès le départ on se
dit qu'il ne va pas aller très loin dans ses recherches et qu'il est
sans doute déjà l'hôte d'un invraisemblable mélange de virus.
Brandon Cronenberg
reprend le flambeau d'une horreur viscérale abandonnée par son
célèbre papa, David Cronenberg. Mieux vaut oublier l'héritage
laissé par ce dernier (Chromosome 3, Rage, Faux-semblants, La
Mouche, etc...) pour se concentrer sur cet Antiviral plutôt
réussi. En tout cas, un essai concluant qui laisse présager d'une
relève à la hauteur. L’œuvre contient suffisamment de scènes
choques pour maintenir en éveil les amateurs d'horreur génétique.
Le fiston s'offre quelques hommages appuyés (l'absence de vulve chez
Hannah Geist et qui rappelle l'utérus trifide de Claire Niveau dans
Faux-semblants) et même quelques impressionnantes visions de
cauchemars comme celle durant laquelle Syd est littéralement
"branché" à sa machine.
Antiviral s'inscrit
finalement dans l'air du temps. Il suffit de voir l'engouement de
certains à vouloir ressembler à leur idôle pour imaginer les excès
jusqu’aux-quels ils seraient peut-être prêts à se rendre pour
leur ressembler. Heureusement, ceci n'est encore aujourd'hui que de
la science-fiction. Mais pour combien de temps ?
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