Aussi gentil que le E.T
de Steven Spielberg, il a atterrit sur notre planète en 1984. Muet,
affolé et vêtu d'une tenue aussi peu adéquate qu'un pyjama, il
cherche refuse dans un quartier pas particulièrement connu pour sa
sécurité : Harlem. Et plus spécifiquement un bar où quelques
habitués traînent tous les soirs. "Trois-Orteils" fait
l'objet d'une curiosité auprès de ces derniers qui le croient fou
ou alcoolique. Contrairement à tous les extraterrestres qui un jour
ont atterrit sur notre planète, "Trois-Orteils" possède
un atout: il est noir, ce qui à Harlem est un avantage si l'on veut
se fondre dans la foule. Il a surtout un don qui va lui permettre de
s'intégrer rapidement parmi les habitants du quartier : il est
capable de soigner les blessures et de réparer bornes arcades et
flipper par simple imposition des mains.
L'extraterrestre est
malheureusement poursuivi par deux de ses congénères, deux blancs,
qui comptent bien mettre la main sur le fuyard. "Trois-Orteils"
finit par accepter de travailler pour le propriétaire d'une salle de
jeux qui va lui demander de réparer toutes les bornes d'arcades
tombées en panne. Il va également faire la connaissance de Malverne
Davis, une chanteuse has-been qu'un patron de bar embauche dans
l'espoir de la mettre dans son lit. Il va surtout tout mettre en
œuvre pour faire tomber le chef d'un réseau de drogue qui met en
péril la paisible existence des habitants du quartier et fait des
victimes parmi les jeunes adolescents...
Blaxploitation :
terme relatif à un courant spécifique datant des années
soixante-dix et qui mettait en avant les actrices et acteurs
d'origine afro-américains. Des œuvres qui leur permettaient non
plus de figurer en tant que seconds rôles dans les films mais de
jouer les personnages principaux, les acteurs blancs étant alors
minoritaires et assez rares dans ce genre de poductions.
Brother From Another
Planet est donc de ces films catalogués Blaxploitation. La
naissance de ce courant apparaît comme une alternative au cinéma
"blanc" et peut gêner alors certains de cette dernière
catégorie qui alors ne se reconnaît plus dans ce genre d’œuvre.
Pourtant, le film, malgré le message appuyé auquel il fait
référence régulièrement (le blanc est un oppresseur), On peut
être blanc et pendre celui-ci au deuxième degré pour ne se
concentrer que sur les aventures de ce pesonnage hors du commun
interprété par Joe Morton. Entouré d'une ribambelle d'acteurs
attachants (Steve James, Daryl Edwards, Bill Cobbs), notre gentil
extraterrestre parvient sans dire un mot à émouvoir. D'un simple
geste ou regard, il montre toute l'humanité qu'il porte en lui,
faisant front face à la médiocrité de l'espèce humaine, ici
représentée par l'homme blanc. Les dialogues qu'entretiennent les
habitués du bar sont peut-être pleins de clichés mais ils
demeurent irrésistiblement drôles.
A petits moyens, petits
effets-spéciaux puisque en dehors de pieds étranges formés de
trois orteils (d’où le nom de notre héros) le film ne compte pas
le moindre FX. Tout est dans la simplicité. Les dialogues, nombreux,
ne tombent jamais dans le graveleux et le racisme gratuit. Les joutes
verbales que s'échangent les acteurs et même les monologues de
certains (voir celui du personnage de Bernice, campé par Ren Woods)
sont un riche met dont on ne s'ennuie jamais. Brother From Another
Planet est donc un excellent
représentant de cette catégorie un peu particulière qu'est la
Blaxploitation...
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