Edgar
travaille comme serveur dans un grand restaurant. .Il est marié à
une épouse gravement malade et pour laquelle il n'éprouve rien. Il
est également l'amant de Victoria avec laquelle il s'ennuie à
mourir. Les clients du restaurant le méprisent et le traitent comme
une serpillière tandis que ses voisins lui en font voir de toutes
les couleurs. Edgar aspire à une vie meilleure. Personnage fictif
d'un roman dont l'auteur, Herman, ne connaît pas encore la fin, le
serveur débarque dans l'appartement de son "géniteur"
avec la ferme intention d'avoir des explications avec lui. En
effet, Edgar ne comprend pas et, surtout, n'accepte plus
l'acharnement de Herman à faire de son existence un enfer. Il
demande, supplie même, l'écrivain de modifier un peu son destin. Il
veut qu'Herman rende sa vie un pu plus rose et moins noire.
Herman
lui promet donc un peu de réconfort auprès d'une nouvelle maîtresse
prénommée Stella. Une ravissante jeune femme, mariée, mère d'un
tout jeune enfant, et épouse de Walter... ami et collègue de Edgar.
La compagne de Herman, Suzy, se mèle d'un peu trop près du roman
qu'il écrit. Elle tente de mettre un peu de piment dans l'histoire
dont Edgar est le principal personnage, et ce, au risque de
mécontenter son compagnon.
L'existence
de Edgar, à mesure que l'écriture du roman avance, devient de plus
en plus noire. Il rencontre des personnages toujours plus inquiétants
et se retrouve face à des situations apparemment inextricables. Mais
c'est sans compter sur l'aide de Suzy qui, à sa manière, va aider
le personnage à se dégager quelque peu des problèmes qu'il
accumule autour de lui. Sauf que le seul à pouvoir mettre un terme à
cette folle et sombre histoire ne peut être, semble-t-il, que
l'auteur lui-même...
Avant
de réaliser Ober
en 2007, Alex
van Warmerdam
a été le réalisateur d'une poignée de films. Cet ancien diplômé
de l'académie de Rietveld d'Amsterdam en peinture et graphisme se
lance dans le théâtre avant de tourner son premier long-métrage,
Abel en
1986. Ober
est une œuvre curieuse. Aussi burlesque que sordide, elle cueille le
spectateur là où il ne s'y attend pas. On apprécie les situations
rocambolesques dans lesquelles est plongé le héros sans toutefois
hurler de rire devant le sort que lui inflige son auteur. Outre le
fait qu'il soit systématiquement entouré de personnages peu
recommandables, Edgar a l'inconvénient de ne pouvoir pratiquement
pas agir sur son état de personnage fictif. On découvrira malgré
tout qu'il peut, avec beaucoup de volonté, se rebeller devant
l'homme qui l'a créé et le façonne selon ses désirs.
Si le
scénario est effectivement original, il apparaît limité au regard
de la redondance de certaines actions commises par le héros et ceux
qui végètent autour de lui. Il n'est pas rare de ressentir une
sensation proche du malaise devant l'acharnement avec lequel il est
employé. Voisins et clients sont les premiers à lui imposer leur
humaine laideur. Quand à ses proches, relativement rares et
insignifiants, ils n'apportent jamais de solution positive, à part
peut-être le personnage de Stella, véritable bouffée de chaleur
mais qui dégage, tout comme les autres, une véritable ambiguïté.
De
cette triste et morne histoire, on retiendra un vrai fou rire durant
une scène en total décalage avec le reste du récit. Le héros,
confronté à une vendeuse (vendeur?), assiste (même pas éberlué)
à l'agonisante lenteur d'une action qui ne participe pourtant pas à
l'intrigue mais que l'on décrira comme une soupape permettant au
spectateur d'échapper à la camisole dans laquelle Alex van
Warmerdam l'a enfermé. Ober est
un ovni maîtrisé, qui souffre de défauts inhérents à la
fragilité du scénario. Il n'empêche que le cinéaste parvient à
maintenir l'intérêt à travers des tableaux fantaisistes dont on
espère toujours voir le héros se sortir vainqueur. Une bonne
surprise...
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