Paul Wertret est chargé
d'affaire dans une banque et marié à Françoise. Un matin, alors
qu'il se rend comme tous les jours au travail, Paul arrive à la
banque armé d'un revolver dont il se sert pour tuer deux employés.
Une fois le double meurtre commis, il part s'enfermer dans son bureau
et repense aux événement qui l'ont poussé à commettre cet acte.
La banque vient de
connaître un déficit de plus de deux milliards d'euros et le
supérieur direct de Paul, Alain Fisher, tente de découvrir les
responsables de cet échec. Paul est chargé de former le jeune
Fabrice Van Listeich, un nouveau venu. Alcoolique, le chargé
d'affaire a bien du mal à communiquer avec son fils Benoit. La
direction de la banque, bien décidée à la dégraisser de ses
employés les moins productifs, s'en prend tout d'abord à Lancelin,
l'un des plus proches collègues de Paul, accusé d'escroquerie. Puis
c'est au tour de Clarisse, une autre collègue, d'être renvoyée par
Alain Fisher, prétextant que c'est un rapport écrit par Paul sur
Clarisse qui a influencé son licenciement. Paul est ensuite forcé
par la direction à consulter un psychologue. Rien ne va plus pour
cet employé qui va peu à peu sombrer dans une certaine forme de
psychose. On lui retire certains dossiers sur lesquels il planche
mais on le félicite dès lors qu'un concurrent lui propose un poste.
Jean-Pierre Darroussin est cet homme poussé à bout par ses supérieurs. Ce n'est pas la première fois que l'on retrouve l'acteur aux prises avec une société inhumaine prête à sacrifier certains de ses employés afin d'assurer son avenir (Rien De Personnel). Dans De Bon Matin, on découvre la direction d'une banque qui n'assume pas ses choix et préfère faire endosser la responsabilité de ses actes à certains de ses employés. Ces mêmes victimes que l'on pousse vers la porte de sortie (et pourquoi pas au suicide) de manière détournée, histoire de se dire que l'on n'a rien à se reprocher. On assiste à la lente descente aux enfers d'un homme qui a tout sacrifié pour son métier. Un individu pour qui le bonheur reste une conception à laquelle il demeure étranger.
Le film se veut une
succession de flash-back mais reste dans la forme assez désordonné.
Car dans le fond, si la simplicité du scénario a peut-être
convaincu le réalisateur Jean-Marc Moutout de nous conter
l'histoire de manière originale, on aurait sans doute préféré
davantage de chronologie dans les événements. De très loin, et
sous certains aspects, le film semble s'inspirer de certaines idées
véhiculées par La Moustache
d'Emmanuel Carrère. Comme cette irrépressible envie, sous la
pression, de s'évader vers la Chine pour Lindon ou l'Afrique pour
Darroussin.
Mais l’œuvre qui sans doute sert de référence au film de Jean-Pierre Moutout est Une Étrange Affairede Pierre Granier-Deferre. L'employé Gérard Lanvin y croise un nouveau directeur en la personne de Michel Piccoli. Un homme d'affaires ambigu qui va se servir des craintes de son employé (la peur de se retrouver au chômage) pour en faire son jouet. Qualitativement parlant, et si le film de Moutout est de bonne facture, son ancêtre lui est bien supérieur. Car le malaise inhérent au réalisme des situations vécues par Darroussin est inférieur à celui ressenti devant le film de Granier-Deferre. Ce qui n'enlève évidemment rien à la performance de Jean-Pierre Darroussin qui, comme à son habitude, est impeccable et qui nous prouve une fois de plus qu'il est aussi à l'aise dans la comédie que dans le drame.
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