L'éleveur
de bétail Jacky Vanmarsenille impose aux fermiers de Saint Trond de
ne faire affaire qu'avec son oncle. Participant en famille à un
important trafic, il est en affaire avec la mafia des hormones.
Lorsqu'un un policier chargé de faire tomber les principaux acteurs
du trafic, Diederik, l'ami d'enfance de Jacky refait surface. L'homme
travaille pour L'un des grands pontes de la mafia des hormones mais
en parallèle, informe la police sur les agissements de ceux qui
l'emploient. En effet, cette taupe travaille avec les agents Eva
Forrestier et Antony De Greef dont il est amoureux. Ces derniers
veulent soupçonnent du meurtre du policier et veulent faire tomber
le mafieux Marc De Kuyper et Jacky Vanmarsenillle. Diederik sait que
son ami d'enfance est innocent et veut tout faire pour lui éviter le
moindre ennui avec la justice.
Les
deux hommes partagent un très lourd secret qui hante l'existence de
Jacky depuis sa plus tendre enfance. Vingt ans plus tôt, alors que
les deux jeunes enfants étaient en vadrouille dans la nature, ils
tombèrent sur une bande de gamins dirigée par Bruno Schepers, un
faible d'esprit qui surpris Jacky et Diderik en train de les épier
derrière un arbre. Décidé à attraper les curieux, le déficient
mental mit la main sur Jacky et le castra à grands coups de pierre
devant ses camarades ébahis et un Diederik impuissant.
Émasculé,
Jacky est depuis toutes ces années obligé de se piquer aux
hormones. Robuste gaillard, il est secrètement amoureux de Lucia
Schepers, la sœur de Bruno, mais n'ose s'en approcher du fait de son
handicap. Remplaçant le rôle de père et de mari dont il rêve par
l'élevage d'animaux, il espère pourtant entrer en contact avec
celle qu'il aime...
Il
y a des films comme celui-ci, sur lesquels on tombe tout à fait par
hasard, sans jamais en avoir entendu parler. Des œuvres
exceptionnelles qui, chaque année ne se comptent que sur les doigts d'une seule
main. "Rundskop" fait partie de cette frange de films qui
marquent les esprits pour un long moment. Le cinéaste belge Michael
R. Roskam aurait pu se contenter de réaliser un film autour d'un
sujet unique, à savoir celui qui intéresse les principaux
personnages: le trafic du bétail élevé aux hormones. Mais derrière
l'aura nauséeuse que dégage le sujet (aidée par une flopée
d'interprètes aux visages peu engageants) se noue un drame qui nous
est révélé peu à peu et dont toute l'ampleur va avoir des
conséquences sur l'évolution d'un homme, en l'occurrence Jacky,
personnage rude et violent, et pour lequel pourtant nous avons une
certaine sympathie. Interprété par l'époustouflant Matthias
Schoenaerts, Jacky est un homme déconstruit par le drame qu'il a
vécu il y a longtemps et que rien ni personne ne semble pouvoir lui
faire oublier. Personne à part peut-être Lucia (Jeanne Dandoy)
dont il est amoureux et qu'il ose finalement approcher. Jacky, malgré
son imposante stature n'est encore qu'un enfant timide, peu sur de
lui et maladroit.
Un
personnage presque inquiétant parfois mais dont la sincérité
dénote avec une partie de son entourage. A commencer par Diederik
(Jeroen Perceval), homosexuel et meilleur ami d'enfance de Jacky, et
qui joue un double rôle. La majeure partie des personnages a une
gueule terrible. Même les flics paraissent douteux. Eva (Barbara
Sarafian) ressemble à une vieille pute Hollandaise fatiguée et
Antony (Tibo Vandenborre) à un homosexuel habitué aux salons de
manucures. Le duo de ploucs Christian et David Filippini
(respectivement interprétés par Erico Salamone et Philippe
Grand'Henri) agit comme une soupape humoristique à la noirceur du
propos. Car il ne faut pas s'y tromper. Si "Rundskop" a
d'abord les allures d'un film policier opposant des trafiquants
d'hormones à un service de police dévolu à leur arrestation, le
cinéaste jongle entre ce sujet et ce qui finit par nous intéresser
en priorité: l'histoire de Jacky.
Le
film est une merveille de concision. S'il faut tout d'abord un
certain temps pour s'adapter à la somme de personnages qui nous sont
présentés, le fil de l'intrigue se délie finalement assez vite et
l'on commence ensuite rapidement à comprendre où veut en venir
Michael R. Roskam. La musique de Raf Keunen accompagne et marque de
manière indélébile le calvaire de Jacky et provoque une émotion
vive et de manière régulière tout au long du film. "Rundskop"
fait donc sans conteste parmi les œuvres les plus importantes de
l'année.
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