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mardi 30 décembre 2025

Perpetrator de Jennifer Reeder (2023) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Drôle de film que Perpetrator, cinquième long-métrage de la réalisatrice et scénariste américaine Jennifer Reeder et second qui sous ce format explore le cinéma d'horreur. Une œuvre politique et fantastique (au sens cinématographique) qui tente de se raccrocher au wagon du féminisme et du mouvement #Me Too d'une manière fort inhabituelle puisque la cinéaste le fait en nous perdant dans les méandres d'un script et d'une mise en scène très souvent opaques. L'exploration du corps féminin et de ses mutations qui interviennent à l'adolescence. On pourrait presque citer David Cronenberg dans cette entreprise fort louable mais souvent maladroite mais la comparaison risque de faire davantage de mal que de bien à Jennifer Reeder et à son œuvre. Pourtant habituée à tenir une caméra puisqu'elle fut avant cela à l'origine non seulement de quatre autres longs-métrages mais aussi d'une cinquantaine de courts, la réalisatrice est diplômée des Beaux-Arts de l’Art Institute de Chicago. Au vu du contexte de Perpetrator l'on ne s'étonnera pas d'apprendre qu'en outre, Jennifer Reeder est à l'origine du Tracers Book Club qui est un groupe de défense des droits des femmes! Son dernier long-métrage transpire littéralement cet esprit féministe en octroyant tout d'abord les principaux rôles à des actrices. Leurs pendants masculins étant quant à eux relégués soit au second plan, soit en étant considérés comme des verrues forcément malintentionnées. Le contexte du long-métrage et la forme qu'il prend très souvent crée un décalage entre ce que peut attendre un public avide de slashers en mode Teen Movie et ceux qui aiment à explorer des univers inhabituels qui les contraint généralement à une grande réflexion. C'est ainsi que l'on évoquera parfois mais avec toute la mesure qui s'impose, le cinéma d'un autre David. Celui de Lost Highway, de Mullholand Drive ou encore davantage de Twin Peaks : Fire Walk With Me. Le bien nommé David Lynch. Toutes proportions gardées bien entendu puisque la maîtrise formelle de cet immense artiste malheureusement disparu en début d'année ne se reconnaît pas toujours dans le travail de Jennifer Reeder qui même si elle produit une œuvre qui souvent interroge autant qu'elle laisse perplexe, semble avoir manqué d'esprit de ''partage'' en se laissant enfermée dans un concept dont elle n'offre qu'une toute petite partie de la résolution...


Une approche cependant louable et qui témoigne en contrepartie d'un profond respect pour son public en ne cherchant pas à lui tendre une liste exhaustive consistant en la résolution intégrale de l'intrigue ! Ce sera donc à nous, pauvres pécheurs (ceux de sexe masculin, s'entend), de tendre à explorer l'univers féministe et anti-patriarcal de la cinéaste à travers le portrait de Jonny (Kiah McKirnan) qui en venant s'installer chez sa tante Hildie (Alicia Silverstone) découvre qu'elle possède une singularité génétique qui va lui permettre de combattre ces bons vieux hommes qui forcément incarnent ici les antagonistes du récit. Car pour Jennifer Reeder, c'est du moins dans le cas de Perpetrator, un fait : tous les hommes sont des pourris. À différents degrés bien entendu. Du père violent et jusqu'à l'extrême limite voulant que la violence aille jusqu'à l'enlèvement, la séquestration et la mort. La réalisatrice et scénariste est maline. En effet, celle-ci tente de cacher la trop grande simplicité et le manque de développement de son scénario. Car ôtés tous les éléments ''surnaturels'' et cette chape de plomb qui à juste titre ''plombe'' inutilement le récit, que reste-t-il de Perpetrator ? En réalité, pas grand chose. Un concept trop fluet pour véritablement marquer l'esprit des amateurs et le genre en question. Alors qu'en ajoutant des couches successives de sous-entendus prétextant plus ou moins ouvertement et plus ou moins clairement que l'homme est toxique et donc un poison pour la femme à travers des ''idéogrammes'' visuels et conceptuels intellectuellement flous, Jennifer Reeder donne l'impression d'avoir créé une œuvre dense, fougueuse et déchaînée alors qu'elle ne ressemble en réalité à rien d'autre qu'un Teen Movie auquel l'on aurait abusivement collé l'étiquette d'expérience sensorielle ultime. À dire vrai, le film relance surtout un intérêt certain pour une œuvre qui douze ans en arrière marqua de manière beaucoup plus tranchée et positive l'esprit de ceux qui la découvrirent à l'époque : Under the Skin de Jonathan Glazer. Car si le cadre n'est plus le même le réalisateur jetait un regard sur la prédation masculine dans un contexte très particulier mais autrement plus maîtrisé. Bref, l'expérience Perpetrator risque d'en dérouter plus d'un et d'en abandonner une grande partie sur le bord de la route...

 

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