Pour celles et ceux qui apprécient tout particulièrement les
références surréalistes à la pelle, Mr. K
de la réalisatrice et scénariste néerlando-norvégienne Tallulah
Hazekamp Schwab pourrait bien être le film qu'il n'aura pas fallut
manquer en cette année 2025 où l'originalité aura été la ''vache
maigre'' du septième art. Des remakes, des reprises, des séquelles
et des reboot à foison parmi lesquels destination
finale : Bloodlines,
28 ans plus tard,
Souviens-toi... l'été dernier,
The Toxic Avenger,
Conjuring : l'heure du jugement,
Predator : Badlands,
Dracula,
Frankenstein
et j'en passe et des pires comme le Running Man
d'Edgar Wright dont la bande-annonce... n'annonce malheureusement
rien de bon... Pour faire simple et pour bien comprendre ce à quoi
nous avons à faire avec Mr.K,
disons que le court nom du héros se réfère au personnage de Joseph
K qui dans le roman posthume Der
Prozess écrit
par l'austro-hongrois Franz Kafka en 1914 avant d'être édité en
1925 était tout d'abord arrêté par deux hommes pour une raison
inconnue. Un ouvrage passionnant, complexe mais malheureusement
inachevé... Mais Mr.K
renvoie aussi et surtout à certaines œuvres cinématographiques que
les cinéphiles prendront sans doute un malin plaisir à lister de
mémoire. Comme le Brazil
de Terry Gilliam et son réseau de tuyauterie apparent. L'univers de
Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro du temps de leur riche collaboration.
Le film évoque effectivement et en priorité le géniallissime
Delicatessen
réalisé en 1991. Plus troublante encore s'inscrit l'arrivée du
personnage de Mr. K à la réception d'un hôtel où il a tout
d'abord prévu de passer la nuit. S'ensuit le parcourt du couloir
menant jusqu'à sa chambre. Des murs tapissés d'un vieux
papier-peint verdâtre qui prend l'eau puis se décolle... Cela ne
vous rappelle-t-il rien ? À la vue de cet établissement qui
d'emblée commence à se détériorer, il est quasiment impossible de
ne pas penser au chef-d’œuvre des frères Joel et Ethan Coen,
Barton Fink
qui en 1991 mettait en scène l'acteur John Turturro dans le
rôle-titre d'un dramaturge qui à la suite d'une commande
particulière allait se retrouver victime du syndrome de la Page
Blanche... L'hôtel dans lequel se situe l'action de Mr.K
ressemble tant à celui de Barton Fink
que l'on a tout d'abord la sensation que le héros finira par croiser
la route de Barton Fink... Bourré d'idées absolument géniales, le
script de Tallulah Hazekamp Schwab met en scène un personnage tout
d'abord confronté à un problème de taille : au réveil,
celui-ci ne parvient pas à trouver la sortie. Et bien qu'il ait fait
le tour de l'étage, Mr.K se retrouve à chaque fois bloqué par un
''cul-de-sac'' !
Il
a beau demander de l'aide à un couple de vieilles sœurs (Fionnula
Flanagan et Dearbhla Molloy dans le rôles des clientes françaises
Ruth et Sara Monchien) ou au cuistot Anton (Jan Gunnar Røise), Mr.K
se rend rapidement compte que tous ceux qui vivent ou travaillent à
l'hôtel le font par contrainte. Car avant lui, tous se sont un jour
retrouvés condamnés à errer dans les couloirs et les chambres de
l'établissement... S'il y a peu de chance que la cinéaste se soit
inspirée d'ouvrages littéraires hexagonaux, son dernier
long-métrage explore à sa manière certaines facettes propres à
deux ouvrages écrits par deux auteurs français parus respectivement
en 1985 et 1995. Le premier, intitulé
Le festin séculaire
et écrit par Georges-Jean Arnaud décrivait une demeure qui semblait
être littéralement vivante. Le second, Le
Haut-lieu
de Serge Lehman, enfermait David et Anne dans un appartement dont les
pièces, les unes après les autres, se transformaient en
trompes-l’œil dorénavant infranchissables... Maintenant,
évoquons l'acteur qui incarne le rôle de Mr.K. Imprimant d'une
empreinte indélébile par sa présence le cinéma adolescent des
années quatre-vingt, Crispin Glover incarna effectivement le rôle
de George McFly dans les deux premiers volets de la mythique trilogie
de Robert Zemeckis, Retour vers le futur.
Découvert avant cela dans le MEILLEUR volet de la franchise Vendredi
13
(le quatrième, intitulé Chapitre final et
réalisé par Joseph Zito) dans lequel il incarnait le jeune Jimmy
Mortimer, il interprète dans Mr.K
un illusionniste sans succès qui lors de sa tournée s’arrête
donc donc un hôtel où il sera semble-t-il condamné à finir ses
jours ! Claustrophobe, humide,surréaliste, loufoque et absurde,
le long-métrage de Tallulah Hazekamp Schwab ne livre pas toutes les
clés de l'intrigue. Abandonnant ainsi le spectateur à l'issue d'un
récit parfois redondant mais aussi plein de surprises. Comme la
découverte d'une vie propre à l'hôtel, camouflée derrière le
papier-peint, donnant ainsi l'impression que l'établissement est
vivant. Provoquant ainsi des phénomènes dont le rétrécissement
des chambres et des couloirs n'est pas la plus mauvaise idée qu'ait
pu avoir la réalisatrice même si l'on aurait aimé que le concept
soit plus démonstratif ! Mr.K découvrira en outre que l'hôtel
est le lieu d'une vie foisonnante qui semble avoir accepté l'idée
de terminer ses jours entre les quatre murs de l'établissement... Au
final, Mr.K
est une expérience très originale, surréaliste et délirante mais
qui souffre parfois de longueurs due à la répétitivité de
certaines actions. Un bon cru malgré tout...

.png)
.png)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire