Le réalisateur,
scénariste et producteur Felipe Mucci réalise avec son second
long-métrage quatre ans après Two Death of Henry Baker,
un thriller qui nage dans les mêmes eaux que le Reservoir
Dogs
de Quentin Tarantino. Mais de là à imaginer que le compatriote du
célèbre cinéaste américain soit déjà prêt à prendre le même
chemin de la reconnaissance de la part des critiques ou des
cinéphiles, il y a un monde qui sépare l'art du premier de celui du
second. Car aussi ambitieux que soit le script de Detained
qu'il a écrit en collaboration avec le scénariste Jeremy Palmer,
Felipe Mucci manque de ce talent inné qui lui permettrait de
s'extraire d'une filmographie qui jusque là ne semble pas avoir
encore brillé de mille feux ! Detained
contient deux actes. Dont le premier reste le plus court. Et avant
que le second ne débute et ne nous révèle une bonne partie de ce
qui se trame depuis l'entrée dans un commissariat de quartier de la
charmante Rebecca Kamen (incarnée par la blonde et quelque peu
plantureuse Abbir Cornish), le spectateur aura tout loisir d'observer
la présence de nombreuses incohérences scénaristiques dont
l'outrance ferait presque regretter leur remise en question quelques
dizaines de minutes plus tard. Car en effet, lorsque la jeune femme
est arrêtée puis emmenée dans une salle d'interrogatoire afin de
répondre aux questions que l'inspecteur Avery (Laz Alonzo) et la
détective Moon (Moon Bloodgood) ont prévu de lui poser, des
événement qui évacuent toute logique vont amener le spectateur à
se croire devant un thriller dont l'absurdité scénaristique
repousse de très loin les limites de l'invraisemblable. Pour faire
court, Rebecca tente de secourir la détective Moon lors d'une
altercation avec un malfrat durant laquelle elle parvient à se
saisir d'une arme afin d'en user et d'atteindre le bras de
l'assaillant. Malheureusement pour elle, la balle traverse
l'avant-bras de l'énergumène prénommé Sullivan (Silas Weir
Mitchell) pour finir sa course dans le ventre de Moon, laquelle meurt
en quelques secondes...
Débarquant
avec un train de retard, l'inspecteur Avery constate le décès de
son amie et collègue et ne peut logiquement pas s'empêcher de s'en
prendre à Rebecca qu'il menace d'importantes répercussions !
Et devinez quoi : le compte en banque de la jeune femme étant
apparemment bien fourni, celle-ci propose à Avery de virer sur son
compte personnel un million et demi de dollars s'il accepte de la
laisser partir. La logique voudrait que l'homme soit offusqué et
plus énervé que jamais et qu'il jette Rebecca dans l'une des
cellules de la prison... Tu parles ! Le type accepte, se
permettant même de négocier pour que l'involontaire meurtrière
ajoute quelques centaines de milliers de dollars supplémentaires !
Bref, on nage en plein délire, au cœur d'un scénario écrit par
deux types sans doute si fiévreux qu'ils ne se sont pas rendus
compte de la bêtise que revêt leur concept ! C'est là
qu'intervient la seconde partie du long-métrage. Un bouleversement
d'ampleur relativement abyssale va tout remettre en question et
transformera un script bancal en scénario extrêmement clair à
comprendre même si plusieurs twists s'inviteront durant le
déroulement du récit. Mais chut ! Inutile d'en dire davantage,
ce qui risquerait de gâcher le seul élément qui fait l'intérêt
de ce film malheureusement mal fagoté. On sent bien là toute
l'ambition qui habite le réalisateur et son scénariste. Sans doute
même ses interprètes qui malgré leur allégeance à Felipe Mucci
ne parviennent qu'à offrir une misérable incarnation. Grillant
ainsi les rares cartouches qui relancent l'intrigue. Ces fameux
twists qui ne parviennent qu'à maintenir un intérêt poli face au
jeu plus qu'irrégulier de chacun (quoiqu'en interprétant le
personnage le plus effacé, Justin H. Min ne s'en sort pas trop mal).
Le visuel rappelle ces purges qui au début des années 2020 virent
Bruce Willis hanter de pauvres Direct-to-DVD,
lequel est rejoint par une mise en scène indigne du sujet qu'il
traite. Et quand bien même l'on peut ne pas aimer Quentin Tarantino,
comparer son œuvre à celle de Felipe Mucci se doit d'être pour
quiconque une offense. Dommage...
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