Contrairement à ce que
l'on pourrait croire, Carrie
n'est pas le premier roman qu'écrivit Stephen King. Fameuse ébauche
d'un futur classique de la littérature d'épouvante qui termina dans
une poubelle avant que son épouse Tabitha ne parvienne à le
convaincre de continuer son écriture, le célèbre roman adapté en
1976 par Brian De Palma fut édité aux États-Unis deux ans
auparavant. Pourtant, bien avant cela et avant qu'il ne soit édité
sous le pseudonyme de Richard Bachman, Stephen King alors étudiant
s'attela à l'écriture de Marche
ou Crève (The
Long Walk)
durant la seconde moitié des années soixante. Après plusieurs
tentatives avortées, Marche
ou crève devient
le premier roman de son auteur a avoir été achevé. Il faudra
cependant attendre plus de dix ans pour voir l'ouvrage sortir dans
les librairies américaines et patienter dix ans de plus pour qu'en
France l'on découvre ce roman signé de cet ''énigmatique'' Richard
Bachman ! Un récit nerveux, passionnant, de plus de trois-cent
cinquante pages et dans lequel cent jeunes hommes vont participer à
une marche sans ligne d'arrivée et lors de laquelle seul l'un
d'entre eux pourra remporter une énorme somme d'argent ainsi qu'un
souhait ! La genèse du film remonte jusqu'en 1988, année qui
voit l'hypothèse d'une adaptation par George Romero, celui-là même
qui en 1982 réalisa Creepshow
à partir d'un scénario de Stephen King et qui onze ans plus tard
adapta le roman La part des ténèbres
de ce même Stephen King. Une idée de projet qui pourtant n'aboutira
jamais... Il faudra ensuite patienter jusqu'en 2007, lorsque Frank
Darabont (fidèle adaptateur de plusieurs ouvrages du romancier, tels
les formidables Les évadés
en 1994 et La ligne verte
en 1999) émet l'idée et l'envie de transposer Marche
ou crève
sur grand écran. Mais là encore, le projet tombe à l'eau. Ce
dernier passe ensuite entre les mains de la New
Line Cinema
tandis que le réalisateur norvégien André Øvredal est pressenti
mais c'est au final entre celles de la société canado-américaine
Lionsgate
et du réalisateur américano-autrichien Francis Lawrence (la
franchise Hunger Games)
qu'échouera le projet... Difficile concept que d'adapter un ouvrage
tel que Marche ou
crève
dont le principe s'avère tellement simple et minimaliste qu'il faut
avoir un tel sens inné de l'inspiration en terme d'écriture que
l'on imagine mal que le scénario puisse être confié à un inconnu
ou a un scénariste dont la carrière n'a pour l'instant brillé
d'aucune façon. Et pourtant, le script a bien été confié à J. T.
Mollner dont la carrière a débuté voilà une quinzaine d'années
par une majorité de courts-métrages et poursuivie par le
long-métrage horrifique Strange Darling il
y a deux ans...
Quant
à  Francis Lawrence, rien d'étonnant que de le découvrir aux
commandes de Marche ou crève
s'agissant d'un cinéaste qui a déjà donné dans la dystopie à
travers la franchise Hunger Games
dont il a repris la direction après le premier volet réalisé par
Gary Ross en 2012. D'une durée avoisinant les cent-dix minutes, 
Marche ou crève met
non plus en scène cent jeunes gens mais la moitié, durant un
parcours qui va dépasser les cinq-cent kilomètres. Une marche au
centre de laquelle plusieurs personnages et interprètes se détachent
du lot. Cooper Hoffman et David Jonsson incarnent respectivement Ray
Garraty et Peter McVries dans les rôles principaux. D'autres acteurs
les accompagnent durant cette longue et harassante marche, tel Gary
Barkovitch, personnage psychotique excellemment incarné par Charlie
Plummer. Quant à Mark Hamill, il interprète le Major, soldat de
l'armée américaine qui dirige l'événement et pousse les jeunes
gens à donner le meilleur d'eux-mêmes dans une Amérique qui s'est
effondrée. Comme écrit plus haut, l'importance accordée à
l'écriture est pour ce type de projet, fondamentale...
Malheureusement,  J. T. Mollner n'étant ni Frank Darabont ni même
Raynold Gideon et Bruce A. Evans (auteurs de la formidable adaptation
cinématographique de la nouvelle Le
Corps
qu'écrivit Stephen King et qui fut publiée chez nous avec trois
autres d'entre elles dans le recueil Différentes
saisons
en 1986), Marche ou crève
s'avère parfois aussi pénible à suivre pour le spectateur qu'il
l'est pour ses personnages à poursuivre un rêve qu'un seul d'entre
eux atteindra. Il y a bien quelques séquences intéressantes,
notamment filmées de nuit, mais ce qui manque au film, c'est une
certaine idée de profondeur psychologique. Peu ou pas du tout
émouvant et alignant des monceaux de lignes de dialogue sans
intérêt, Marche ou crève
n'est absolument pas la digne adaptation d'un roman qui s'avérait
pourtant passionnant. Reste que les acteurs sont convaincants, même
si le concept dépasse de loin certaines ''lois de la physique''
(comme dans le roman les derniers concurrents tiennent plus de
cinq-cent kilomètres sans s'arrêter!). Marche
ou crève
souffre en fait d'une longueur qui aurait pu être réduite de
quelques dizaines de minutes, d'un rythme qui donc se révèle
parfois trop lent et de dialogues souvent inintéressants...
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