Hideo Nakata, tous les
amateurs de cinéma d'horreur nippon le connaissent. Et quand bien
même, si son patronyme ne fait qu’effleurer la mémoire de
certains, il suffit d'évoquer la franchise Ringu ou
plus encore l'extraordinaire Honogurai Mizu no Soko Kara
(sorti chez nous sous le titre Dark Water) pour
effectivement voir remonter en nous de doux souvenirs bien
''Creepy'' ! Bien que le cinéaste ait tenté des
approches divergeant parfois de son cinéma voué au mythe du fantôme
japonais que l'on rencontre dans la J-Horror, tout comme son
compatriote, l'excellent Takashi Shimizu, Hideo Nakata semble avoir
toujours besoin de revenir à ses premières amours. C'est ainsi que
son dernier film en date intitulé Kinjirareta Asobi
(The Forbidden Play) s'inscrit dans cette vague de
longs-métrages horrifico-fantastiques dans lesquels évoluent des
créatures féminines blafardes, à l’œil glauque et à la
chevelure noire, longue et soyeuse... Mais alors que Takashi Shimizu
parvient en général à maintenir un certain niveau de qualité, la
dernière tentative de Hideo Nakata se conclut malheureusement par un
échec. Pour commencer, parlons de l'aspect visuel. Apparemment prévu
pour le marché du Direct to
DVD, Kinjirareta Asobi ne bénéficie pas
d'une qualité remarquable en terme d'esthétique. C'est moche, lisse
et ne percute donc jamais la rétine du spectateur. Avec ses allures
de drama mielleux, le film se prend en outre les pieds dans la
redite, le fond rejoignant ainsi la forme. Difficile alors de croire
que se cache derrière ce projet celui qui su si bien vendre en 1998
l'histoire adaptée du roman de Kōji Suzuki, Ringu.
Aujourd'hui, Hideo Nakata n'est plus que l'ombre de lui même et
enchaîne les séquences soporifiques et répétitives incarnées par
des interprètes aussi lisses et superficiels que les personnages
qu'ils interprètent. S'agissant du script, celui-ci met en scène
Naoto Ihara (Daiki Shigeoka), son épouse Miyuki (Uika First Summer)
et leur fils Haruto (Minato Shougaki). La petite famille coule des
jours heureux jusqu'à ce que Naoto reçoive un appel téléphonique
au travail de la part du service d'urgence d'un hôpital. Le mari et
père de famille apprend que son épouse et son fils ont eu un très
grave accident de voiture. À son arrivée, Naoto se précipite dans
la salle d'opération où est pratiqué un massage cardiaque sur
Haruto. Malheureusement, l'enfant décède...
Pourtant,
par on ne sait quel miracle autre que l'intervention de Dame Nature,
le cœur de l'enfant repart à la suite de la foudre qui vient de
tomber à proximité de l'hôpital... Premier exemple d'un scénario
complètement absurde justifiant de la manière la plus inconcevable
le retour à la vie d'un gamin décédé ! Les éléments
naturels ayant fait leur choix sur Haruto, sa mère n'aura pas eu la
même chance. Très gravement blessée, c'est à la morgue que Naoto
retrouve sa femme. Dont la main gauche laisse apparaître un index
dont la première phalange n'est retenue que par quelques lambeaux de
peau. Deuxième incohérence : voilà qu'après le retour du
père et du fils en deuil à la maison, le gamin demande à son
géniteur s'il peut enterrer le doigts de sa mère ! Allez donc
nous expliquer comment Haruto peut avoir en sa possession le doigt de
sa mère alors que c'est son père qui fut contraint de reconnaître
le corps de son épouse (nous ne verrons d'illeurs jamais ce dernier
s'emparer du doigt en question) !!! Mais vous vous demandez sans
doute pourquoi l'enfant veut absolument mettre en terre le doigt de
sa mère qu'il a miraculeusement entre les mains ? C'est
simple : un peu plus tôt, lors de la séquence d'introduction,
et alors que Haruto s'était saisi de la queue en mouvement d'un
lézard, son père lui avait promis que s'il l'enterrait dans le
jardin, un nouveau lézard viendrait à pousser derrière la dite
queue ! On comprend alors où veut très précisément en venir
le gamin qui enfouit donc le doigt de sa mère en espérant qu'elle
reviendra à la vie. Répétant sans cesse un rituel formé des mots
Eloim Essaim, le
miracle a lieu... Pour le malheur du père, du fils et du
Saint-Espr... pardon, et de leur entourage... Première et immédiate
impression : alors que le scénario de Noriaki Sugihara repose
sur une nouvelle de Karma Shimizu, le spectateur n'aura d'autre
reflex que de se remémorer l'excellent roman de Stephen King
Simetierre dont
Kinjirareta Asobi ressemble
parfois à un plagiat ! Mais alors que l'adaptation du roman de
l'écrivain américain était tout à fait honorable, celle de la
nouvelle éponyme du romancier japonais frise la purge. Complètement
largué, dépassé par la concurrence et aussi effrayant qu'une
histoire douce racontée à nos chères têtes blondes au moment
d'aller se coucher, le dernier long-métrage de Hideo Nakata reste
probablement l'une des pires propositions en matière de J-Horror...
à éviter...
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