Tomie: Re-birth(富江
re-birth
) de Takashi Shimizu est le troisième long-métrage à adapter la
série de Mangas d'horreur créés par le mangaka japonais Junji Itō.
Se prononçant ''TO-MI-Yé'',
ce personnage féminin a la
particularité de pouvoir ressusciter après avoir été assassiné
ou bien même de se régénérer après qu'il ait été démembré.
Spécialiste de l'horreur dans son pays natal, Takashi Shimizu a
participé aux grandes heures du cinéma fantastique nippon plus
communément décrit sous le terme de J-Horror.
Aux côtés de son compatriote Hideo Nakata (la série des Ringu,
Honogurai Mizu no Soko Kara,
etc...), il signa quelques-uns des plus grands films d'épouvante
contemporains avec la franchise Ju-On,
avec Rinne
ou encore à travers la ''trilogie villageoise'' formée autour de
Inunaki : le village oublié,
de Jukaï : la forêt des suicides
et de Ushikubi Village.
Au tout début du vingtième siècle, le réalisateur et scénariste
originaire de la préfecture de Gunma, Maebashi, revient au cinéma
qui l'a rendu populaire après avoir signé en 2019 et 2020 les volet
5 et 6 d'une série de documentaires intitulée Shin
Rei Bideo (si
d'ailleurs quelqu'un avait des informations à son sujet, je suis
preneur). L'un des intérêts majeurs de Tomie:
Re-birth
est ici d'éloigner sa créature du prototype même qui fait la
particularité de la J-Horror
moderne. Dans le cas de Tomie (qu'interprète l'actrice japonaise
Miki Sakai), cette jeune femme n'apparaît pas sous la forme d'un
fantôme au cheveux sombres et au regard perçant débarquant
subitement accrochée au plafond, au dessus du lit ou sous les draps
de ses victimes. Séduisant par sa beauté (toute relative) la gente
masculine qui se regroupe en général autour d'elle dès qu'elle
apparaît dans une pièce, elle est la petite amie de Hideo Kamata
(Shugo Oshinari), un artiste-peintre qui travaille actuellement sur
son portrait. Mais alors qu'il en achève la création, tandis que
Tomie glisse à l'oreille de son compagnon qu'elle l'aime, celui-ci
s'empare d'une truelle et l'assassine sans raison. Vraiment ?
Sans raison ? Quelques courts flash-back laissent plus
probablement supposer que si Hideo tue celle qu'il aime, c'est par
jalousie. Mais qu'importe puisqu'il lui faut désormais se
débarrasser du corps. C'est donc avec l'aide de ses amis Takumi
Aoyama (Satochi Tsumabuki) et Shunichi Hosoda (Masaya Kikawada) que
le jeune peintre va déplacer le corps, l'emmener en forêt pour
enfin l'enterrer à l'abri des regards... Un détail intriguant vient
ensuite s'ajouter à cet événement particulièrement sordide.
Un
fait troublant qui explique sans doute l'origine des événements qui
se produiront par la suite. En effet, lorsque le personnage de Hideo
est de retour à son atelier, il découvre une importante tâche du
sang appartenant à Tomie qu'il utilise alors sur la toile qu'il
était en train d'achever au moment d'assassiner la jeune femme. On
peut donc supposer que cet acte de folie, qui n'est pas loin de
rejoindre celui de l'artiste-peintre Adam Sorg (l'acteur Gordon
Oas-Heim) qui dans Color Me Blood Red
du réalisateur Herschell Gordon Lewis peignait ses toiles en 1963
avec le sang de ses victimes, est à l'origine des événements qui
vont dorénavant se produire dans l'entourage de Takumi et Shunichi
(Hideo étant rapidement retrouvé mort dans un bain de sang à
l'intérieur de toilettes publiques). Sur un rythme relativement
déconcertant auquel nous habituera ponctuellement le cinéaste,
Takashi Shimizu préfère étudier les conséquences du comportement
invasif d'une jeune et jolie ''créature'' sur le Couple (celui que
forme Shunsuke avec sa mère ou celui qui rattache Takumi à sa
petite amie Hitomi Kitamura qu'interprète la charmante Kumiko Endô)
plutôt que de devoir asséner à un public sevré au genre, une
série de meurtres horribles perpétrés à distance par un fantôme
visuellement terrifiant. En ce sens, Tomie l'est véritablement,
terrifiante ! D'apparence tout à fait normal, c'est donc moins
sur un potentiel physique monstrueux que sur ses charmes qu'elle va
s'attaquer à ceux qui ont aidé Hideo a se débarrasser de son
corps. Là où le récit devient redoutable, c'est lorsque éperdument
amoureux d'elle, Shinuchi est capable de mépriser sa propre mère.
Ou lorsque Hitomi soupçonne Takumi de la tromper avec Tomie.
Véritable manipulatrice (la brûlure de cigarette qu'elle s'inflige
elle-même en faisant porter le chapeau à la mère de Shunsuke),
insaisissable en ce sens ou même où après avoir été de nouveau
assassinée, la jeune femme réapparaîtra afin de perpétrer sa
vengeance, il semble qu'il n'y ait aucune autre option que de se
laisser mourir lorsque une fois fixée sur son objectif, rien ne peut
plus arrêter Tomie. Lent, Tomie: Re-birth
l'est fort assurément. Et pourtant, comme très souvent chez Takashi
Shimizu, le charme finit par opérer sur le spectateur et ce, en
partie grâce à la partition musicale anxiogène du compositeur Gary
Ashiya. Et même si visuellement le film s'avère plutôt laid
(puisque typé DTV),
le réalisateur parvient une fois encore à nous happer dans cette
histoire de vengeance surnaturelle...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire