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mardi 7 janvier 2025

Me Encontrarás en lo Profundo del Abismo de Matías Xavier Rispau (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Quelque chose est tombé du ciel et le monde a changé. Voici comment l'on pourrait résumer l'avant-dernier long-métrage du réalisateur originaire de Buenos Aires, Matías Xavier Rispau. Une œuvre dans laquelle est plongé un homme aux cœurs des ténèbres et les spectateurs en plein brouillard... scénaristico-esthétique! Que le film soit fameux ou fumeux, le sens artistique de son auteur reste indéniable. Avec son titre à rallonge mais néanmoins poétique, Me Encontrarás en lo Profundo del Abismo renvoie à ces bobines horrifiques signées du réalisateur brésilien José Mojica Marins dans les années soixante, telles À minuit, je posséderai ton âme (À Meia-Noite Levarei Sua Alma) et Cette nuit, je m'incarnerai dans ton cadavre (Esta Noite Encarnarei no Teu Cadáver) ou encore à cette myriade de Gialli qui virent notamment le jour dans les années soixante-dix, à l'image de Un papillon aux ailes ensanglantées (Una Farfalla con la ali Insanguinate) de Duccio Tessari, La Tarentule au ventre noir (La Tarantola dal Ventre Nero) de Paolo Cavara, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clef (Il tuo Vizio è una Stanza Chiusa e Solo io ne ho la Chiave) de Sergio Martino ou encore Chats rouges dans un labyrinthe de verre (Gatti Rossi in un Labirinto di Vetro) d'Umberto Lenzi. Des longs-métrages aux qualités à géométrie variable qui n'ont de toute manière aucun rapport avec le sujet qui nous intéresse ici autrement que pour la beauté de leur titre ! L'on est en revanche plus proches d'univers tels que décrits par exemple dans The Monster de Bryan Bertino, Splinter de Toby Wilkins, Reeker de Fave Payne et plus encore de Vanishing on 7th Street de Brad Anderson avec lequel il partage cette impression de fin du monde inexorablement construite autour d'une obscurité galopante. Me Encontrarás en lo Profundo del Abismo partage avec ces derniers cette quasi absence d'explication quant aux origines du mal même si durant tout le récit et notamment lors des derniers plans, l'on comprend ce qui s'est abattu à la surface de notre planète. Une civilisation extraterrestre apparemment de type reptilien. Des créatures hostiles renvoyant à leur tour vers nombre de longs-métrages et de séries avec, sans doute en première ligne, La Guerre des mondes et ses diverses adaptations cinématographiques et télévisuelles. Dans un monde recouvert d'une opaque obscurité seulement éclairée par la lampe-torche du héros incarné par Martín Rispau, la pluie tombe sans répit.


Alors que le ciel s'illumine parfois de couleurs orangées signifiant la présence d'une intelligence venue d'une autre planète à laquelle tente de s'opposer l'armée, Bannon essaie de survivre au milieu d'un véritable champ de ruines dont seules les conséquences sont visibles tandis que les causes demeureront remisées au placard. Une habitude qui au sein de ce récit écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par Boris C.Q., va se généraliser, Matías Xavier Rispau préférant laisser certaines questions en suspens jusqu'à la fin. Si l'on devine rapidement que la voix qui ressort des enregistrements audio que le héros se passe en boucle est celle de sa femme et que l'enfant qui trône sur une série de vidéos enregistrées sur son Smartphone est le leur, on n'en saura pas davantage sur ses proches. Matías Xavier Rispau fait planer le doute quant à l'origine de ces fichiers. Sont-ils récents ou Bannon les conserve-t-il en souvenir d'un passé lointain précédant un drame qui l'aurait définitivement séparé de ceux qu'il aime ? Certains éléments semblent cependant témoigner du fait que ceux-ci seraient récents. Comme ces quelques paroles que l'on entend et qui semblent se référer au drame qui est en train de se jouer dans la région. Me Encontrarás en lo Profundo del Abismo est une œuvre profondément Lovecraftienne en ce sens où durant une bonne partie de l'intrigue, les créatures demeurent pratiquement invisibles. Le réalisateur se jouant de l'une des thématiques propres au romancier américain : L'Indicible. Si à deux ou trois occasions le réalisateur permet au spectateur et au héros de les dévisager, l'on retiendra avant tout ce passage lors duquel, Bannon, planqué sous des vêtements, voit s'approcher de lui l'une de ces créatures. L'effet, tout en obscurité et en images floutées, s'avère redoutablement efficace. Cherchant à rejoindre sa voiture après avoir mis la main sur une nouvelle batterie et par la même occasion, à rencontrer Demian (Germán Baudino), un inconnu avec lequel il communique depuis plusieurs heures par Talkie-walkie, la traversée de Bannon dans cet univers étouffant et lugubre s'avère un poil longuet. On aurait aimé que le scénario soit resserré afin d'éviter les quelques problèmes de redondance qui l'émaillent. Parfois visuellement superbe et doté d'effets-spéciaux discrets mais réussis, Me Encontrarás en lo Profundo del Abismo est également parcouru de séquences relativement ambiguës qui questionnent parfois sur la réalité de certains événements qui se produisent. Au final, ce mélange entre survival, fantastique, horreur et science-fiction post-apocalyptique est plutôt satisfaisant et donne envie de découvrir les autres travaux du réalisateur argentin...

 

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