Il y a deux ans, je
découvrais comme nombre d'amateurs de thriller, d'épouvante et de
grands frissons Speak no Evil
du réalisateur et scénariste danois Christian Tafdrup. Je l'avais
noté six étoiles sur dix. Ce qui à peu de chose près correspond
au genre de long-métrage que je considère intéressant mais pas au
point de ressentir le besoin de le redécouvrir un jour prochain.
Deux ans plus tard, le cinéma américain s'empare de ce phénomène
relativement fort auquel son auteur avait apporté à l'époque une
conclusion terriblement nihiliste. L'auteur du perturbant Eden
Lake
en 2008, James Watkins, réalise donc en 2024 le remake
outre-atlantique du long-métrage de Christian Tafdrup en respectant
quasiment à la lettre le scénario écrit conjointement en 2022 par
le réalisateur danois et son frère Mads Tafdrup. S'il y a ça et là
quelques différences notables, c'est surtout la fin qui fera sans
doute rugir ceux qui apprécièrent Speak no Evil
dans sa version d'origine. Sans vouloir révéler le pot aux roses,
il va y avoir des dents qui vont grincer lorsque les spectateurs
découvriront que l'issue sera nettement moins fatales pour l'un des
couples du récit que cela ne l'avait été deux ans auparavant.
Concernant la personnalité de chacun des personnages, nous
retrouvons ici aussi les principaux traits de caractère qui les
définissaient. Et même si les prénoms changent en dehors de Louise
et Agnes, Ben est aussi soumis et émotionnellement incompétent que
Bjørn tandis que Paddy se montre aussi autoritaire, violent et d'une
manière générale, psychotique que Patrick. Concernant Paddy,
justement, le personnage est incarné par un James McAvoy qui
cabotine mais qui surtout finit par se montrer vraiment inquiétant.
Surtout face à un Ben (Scoot McNairy) dont l'inaction et la
poltronnerie confinent à la lâcheté et la bassesse les plus
crasses. Véritable paillasson sur lequel s'essuient symboliquement
les pieds les auteurs, l'homme se montre donc incapable de protéger
les siens. Contrairement à Louise (Mackenzie Davies), son épouse,
laquelle représente la véritable force du couple.
Bien
que l'on pourra critiquer une conclusion qui prend soin de son public
en évitant de trop le marquer psychologiquement par une fin trop
sombre, la version américaine de Speak no Evil
est au fond plutôt réussie même si ceux qui connaissent notamment
bien le cinéma de l'autrichien Michael Haneke ne seront pas mis
aussi promptement mal à l'aise devant certains déchaînements de
violence physiques et psychologiques dans le cas présent. L'atout
principal de ce remake, comme cela avait pu déjà être le cas deux
ans auparavant reste avant tout ce duel permanent qui oppose ce
couple en rupture de ban à cet autre, excentrique, hors de contrôle,
désaxé et dont le projet paraîtra formidablement bien conçu lors
de la principale révélation. Quoique, en la matière, James Watkins
a tendance à vouloir en faire trop dans la démonstration et assène
quelques séquences qui en disent long et donc beaucoup trop sur les
enjeux qui mènent Paddy et Ciara (Aisling Franciosi) à convier
leurs nouveaux amis rencontrés quelques mois plus tôt alors qu'ils
étaient tous en vacances en Italie. Pour résumer ce Speak
on Evil
cuvée 2024, la version de James Watkins n'apporte finalement rien de
plus que la seule interprétation de James McAvoy qui dans le rôle
de Paddy demeure assez remarquable. L'antithèse absolue de cette
mauviette de Ben, le réalisateur rendant de fait plus oppressant le
récit alors même que le représentant de l'autorité chez les
Dalton semble incapable de gérer une situation qui dégénère.
Notons également l'interprétation de MacKenzie Davis dans le rôle
au départ assez lourdingue de la végétarienne écologiste mais qui
d'une certaine manière prendre les rennes face à un époux
inefficient. Sans oublier les deux jeunes interprètes Alix West
Lefler et Dan Hough qui incarnent respectivement Agnes et le jeune
muet, Ant. Et bien sûr, Aisling Franciosi, actrice irlando-italienne
parfaite dans le rôle d'une Ciara complètement névrosée. Bref, si
vous êtes plutôt fragiles et peu habitués à ce genre
d'expérience, optez pour ce remake. Par contre, si vous être un peu
plus exigeants et que les issues nihilistes ne vous font pas peur,
préférez donc l'original...
Pas vu l'original, je ne peux donc comparer. Mais fin plus "morale" et consensuelle ici, si j'ai bien compris. Quoi qu'il en soit, j'ai bien aimé celui-ci. Enfin, ça se regarde, quoi...
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