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dimanche 10 novembre 2024

Speak no Evil de James Watkins (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Il y a deux ans, je découvrais comme nombre d'amateurs de thriller, d'épouvante et de grands frissons Speak no Evil du réalisateur et scénariste danois Christian Tafdrup. Je l'avais noté six étoiles sur dix. Ce qui à peu de chose près correspond au genre de long-métrage que je considère intéressant mais pas au point de ressentir le besoin de le redécouvrir un jour prochain. Deux ans plus tard, le cinéma américain s'empare de ce phénomène relativement fort auquel son auteur avait apporté à l'époque une conclusion terriblement nihiliste. L'auteur du perturbant Eden Lake en 2008, James Watkins, réalise donc en 2024 le remake outre-atlantique du long-métrage de Christian Tafdrup en respectant quasiment à la lettre le scénario écrit conjointement en 2022 par le réalisateur danois et son frère Mads Tafdrup. S'il y a ça et là quelques différences notables, c'est surtout la fin qui fera sans doute rugir ceux qui apprécièrent Speak no Evil dans sa version d'origine. Sans vouloir révéler le pot aux roses, il va y avoir des dents qui vont grincer lorsque les spectateurs découvriront que l'issue sera nettement moins fatales pour l'un des couples du récit que cela ne l'avait été deux ans auparavant. Concernant la personnalité de chacun des personnages, nous retrouvons ici aussi les principaux traits de caractère qui les définissaient. Et même si les prénoms changent en dehors de Louise et Agnes, Ben est aussi soumis et émotionnellement incompétent que Bjørn tandis que Paddy se montre aussi autoritaire, violent et d'une manière générale, psychotique que Patrick. Concernant Paddy, justement, le personnage est incarné par un James McAvoy qui cabotine mais qui surtout finit par se montrer vraiment inquiétant. Surtout face à un Ben (Scoot McNairy) dont l'inaction et la poltronnerie confinent à la lâcheté et la bassesse les plus crasses. Véritable paillasson sur lequel s'essuient symboliquement les pieds les auteurs, l'homme se montre donc incapable de protéger les siens. Contrairement à Louise (Mackenzie Davies), son épouse, laquelle représente la véritable force du couple.


Bien que l'on pourra critiquer une conclusion qui prend soin de son public en évitant de trop le marquer psychologiquement par une fin trop sombre, la version américaine de Speak no Evil est au fond plutôt réussie même si ceux qui connaissent notamment bien le cinéma de l'autrichien Michael Haneke ne seront pas mis aussi promptement mal à l'aise devant certains déchaînements de violence physiques et psychologiques dans le cas présent. L'atout principal de ce remake, comme cela avait pu déjà être le cas deux ans auparavant reste avant tout ce duel permanent qui oppose ce couple en rupture de ban à cet autre, excentrique, hors de contrôle, désaxé et dont le projet paraîtra formidablement bien conçu lors de la principale révélation. Quoique, en la matière, James Watkins a tendance à vouloir en faire trop dans la démonstration et assène quelques séquences qui en disent long et donc beaucoup trop sur les enjeux qui mènent Paddy et Ciara (Aisling Franciosi) à convier leurs nouveaux amis rencontrés quelques mois plus tôt alors qu'ils étaient tous en vacances en Italie. Pour résumer ce Speak on Evil cuvée 2024, la version de James Watkins n'apporte finalement rien de plus que la seule interprétation de James McAvoy qui dans le rôle de Paddy demeure assez remarquable. L'antithèse absolue de cette mauviette de Ben, le réalisateur rendant de fait plus oppressant le récit alors même que le représentant de l'autorité chez les Dalton semble incapable de gérer une situation qui dégénère. Notons également l'interprétation de MacKenzie Davis dans le rôle au départ assez lourdingue de la végétarienne écologiste mais qui d'une certaine manière prendre les rennes face à un époux inefficient. Sans oublier les deux jeunes interprètes Alix West Lefler et Dan Hough qui incarnent respectivement Agnes et le jeune muet, Ant. Et bien sûr, Aisling Franciosi, actrice irlando-italienne parfaite dans le rôle d'une Ciara complètement névrosée. Bref, si vous êtes plutôt fragiles et peu habitués à ce genre d'expérience, optez pour ce remake. Par contre, si vous être un peu plus exigeants et que les issues nihilistes ne vous font pas peur, préférez donc l'original...

 

1 commentaire:

  1. Pas vu l'original, je ne peux donc comparer. Mais fin plus "morale" et consensuelle ici, si j'ai bien compris. Quoi qu'il en soit, j'ai bien aimé celui-ci. Enfin, ça se regarde, quoi...

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