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mardi 29 octobre 2024

Une famille de Christine Angot (2023)

 


 

Très chers amis cinéphiles... Où que vous soyez, en France, ou dans n'importe quel autre coin de la planète, je vous en conjure : veuillez me soutenir moralement pour cette expérience que je m'apprête prochainement à vivre. J'ai effectivement choisi de passer ce prochain début de soirée devant le récent documentaire qu'a réalisé en 2023 Christine Angot, née Schwartz le 7 février 1959. Romancière, dramaturge ou bien chroniqueuse chez ce pantin de Laurent Ruquier entre 2017 et 2019, la plupart d'entre nous connaît cet affreux épouvantail pour ses prises de position systématiquement contradictoires et pour ses humeurs aux relents de fins de soirée un peu trop alcoolisées. Comme échappant aux ruines physiologiques imputées à un trop fort degré d'alcool, cette dame aussi plaisante à voir et à écouter qu'un cancéreux en phase terminale nous détaillant les symptômes de la maladie parvient à transmettre aux spectateurs des effets secondaires nociceptifs d'ordre musculaire ! Sans doute serais-je trompé par des souvenirs qui voudraient que l'expérience soit aussi ''gratifiante'' que lorsqu'un certain Bernard-Henri Lévy nous infligea son nanardesque Le jour et la nuit il y a presque trente ans, mais je ne perds pas espoir de rire devant l'auto-suffisance de cette mégère bien que le sujet de l'inceste ne s'y prête pas vraiment. Retour à venir...


*Avant de commencer, petite précision : si par pur hasard certains lisent cet article, qu'ils ne viennent pas ajouter leur petite phrase personnelle et assassine du genre ''Je ne comprends pas qu'on passe autant de temps à écrire sur une œuvre si on ne l'a pas aimée'' et autres joyeusetés du même ordre. Ce genre d'avis, je m'en tape. Tout comme dans le même ordre d'idée qui veut que Christine Angot se fiche de tout ce qui ne porte pas le sceau ''Christine Angot''...**


''Impudiques, selon Christine Angot, sont les écrivains qui vont à la télévision raconter leur vie...''


Il serait à peine étonnant d'apprendre qu'en lieu et place d'un téléviseur, Christine Angot ait choisit d'installer dans son salon personnel, face à son canapé, un grand miroir mural pour s'y contempler aussi souvent et aussi sûrement qu'elle aime à rabaisser toutes celles et ceux qui lui donnent l'occasion de s'adresser à elle. Une famille n'est pas la première occasion pour elle de participer à des programmes autres que sur les plateaux d'émissions télévisées. Ce véritable ''Tue l'Amour'' auquel Laetitia Masson proposa de réaliser en 2001 le court-métrage Emmenez-la sur le thème de l'érotisme à partir de l'un de ses propres écrits (le narcissisme à son comble), inspirant notamment à plusieurs reprises la réalisatrice Claire Denis (Voilà l'enchaînement en 2014, Un beau soleil intérieur en 2017 ainsi qu'Avec amour et acharnement cinq ans plus tard), est donc la principale incarnation de ce documentaire écrit, réalisé et interprété par ses soins. Unanimement adoubé par la presse dite ''spécialisée' et par une partie des spectateurs qui s'y sont risqués, Une famille est donc l'occasion pour Angot de se mettre en scène et devenir ainsi l'actrice principale de sa propre tragédie. Un malheur qu'elle se croit contrainte de partager avec nous et qu'elle aime ici à rappeler aux intéressés de l'affaire tout en ne cachant pas le véritable sens premier du projet : être dans la lumière, quitte à déballer devant la France entière (ou du moins devant ceux qui auront bien voulu jeter un œil au documentaire) son linge sale en famille ET en public... Est-ce que l'héroïne meurt à la fin... ? C'est bien là tout le problème avec le format documentaire. Faut pas s'attendre à un déploiement d'effets-spéciaux numériques ou pyrotechniques qui nous débarrasseraient définitivement d'une protagoniste moribonde mais plutôt à un défouloir d'ordre nombriliste visant en priorité des spectateurs lobotomisés qui ne pourraient faire autrement que d'accepter le fait que tout ce qui concerne Christine Angot touche au sublime...


Fut un temps où j'aurais pu m'intéresser et donc me pencher sur l’œuvre littéraire d'Angot. Mais ses diverses interventions télévisuelles étant extrêmement pénibles, j'ai choisit de passer à côté de peur de voir l'ombre de cette mère-fouettard planer au dessus de ma tête durant sa lecture. L'inceste est semble-t-il au cœur de son œuvre. Quatre romans au moins se penchent sur ce sujet qui l'a touchée et la touche encore. L'inceste en 1999, Une semaine de vacances en 2012, Un amour impossible en 2015 ainsi que Le voyage dans l'est sorti quant à lui en 2021. Nous expliquant qu'elle aimerait en finir avec ce drame qui l'obsède au point d'en faire son principal sujet dans ses livres et dans les médias, Angot persévère donc pourtant avec ce documentaire que l'on espère alors testamentaire. Non pas que l'on aimerait qu'elle passe à autre chose, on s'en fout, mais qu'elle cesse surtout de parler d'elle à longueur de débats, d'interviews ou de chroniques. S'agissant d'Une famille, on le sait, les écrivains ne sont presque jamais de bons narrateurs. En voix-off, Angot aborde tout d'abord des éléments de son passé d'un ton monocorde. Première séquence, nous sommes en 1995 et sa fille âgée de quelques années seulement ramène une baguette de chez le boulanger. Toute mimi, filmée en Super 8 du haut de l'appartement où elle et sa mère vivaient à l'époque. 10 minutes plus tard, le ton a changé et Angot renvoie un visage peut-être encore pire que celui qu'on lui connaissait jusqu'à maintenant. S'introduisant avec force et agressivité dans la demeure où vit la femme de son père (en fait, sa propre mère) maintenant décédé, la romancière et désormais réalisatrice demande à la vieille dame des excuses et des explications. Sans même avoir l'autorisation d'entrer, poussant la propriétaire et imposant d'emblée la présence du cameraman, Angot obtient finalement d'elle les premiers fruits servant de matière première à son œuvre...


Beaucoup d'images d'archives dont on retiendra sans doute les moments de calme et de partage avec sa fille. Pour le reste, Angot reste sourde face aux réponses apportées par sa mère et ses deux demi-sœurs. Très ou trop fière d'elle, ce qui importe avant tout, c'est sa vérité et non celle des autres. La discussion devient donc souvent impossible. Pas facile de savoir ce que veut vraiment Angot en allant interroger les témoins de cette affaire d'inceste. Demeurer dans la lumière et entendre les autres parler d'elle, certainement. Au prix de devoir ressasser de manière obsessionnelle et jusqu'à la nausée. Quant à la forme que prend Une famille, on est proche de l'émission Strip-tease mais sans la note d'humour qui la caractérisait. Bref, à moins d'être un fan très assidu de la romancière et de ses diverses (et insupportables) apparitions à l'image, le documentaire de Christine Angot offre peu d'intérêt...


*Mode second degré activé.

** Mode second degré désactivé.

 

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