Quatre ans après le très
superficiel Leatherface : Massacre à la tronçonneuse III,
Tronche de cuir, sa tronçonneuse et sa famille de déjantés
reviennent sous la houlette d'un très grand bohomme puisque derrière
Kim Henkel se cache rien moins que le scénariste de l’œuvre
originale et du Crocodile de la mort
de Tobe Hooper. Autant dire qu'après la purge réalisée par Jeff
Burr quelques années en arrière, Massacre à la
tronçonneuse: la nouvelle génération
est attendu comme le messie. Comme la résurgence d'une saga qui
n'aura finalement jusque là pas su conserver le cap de la qualité
au delà de ses deux premiers volets pour les uns, et de son seul
volet d'origine pour les autres. Que faut-il comprendre à travers
cette nouvelle génération que nous promet le titre de ce quatrième
opus ? Un renouveau ? Certes non, puisque en réalité,
Massacre à la tronçonneuse: la nouvelle
génération
doit avant tout être envisagé comme une version 2.0 du tout premier
Massacre à la tronçonneuse
sorti pile poil vingt ans plus tôt. Un hommage donc au chef-d’œuvre
du réalisateur texan qui brille miraculeusement par ses nombreuses
qualités lorsque l'on pouvait se désespérer de n'y voir qu'un
énième avatar dans la lignée du précédent. Fort heureusement,
Kim Henkel n'est pas que le scénariste culte que l'on connaît mais
un brillant visionnaire qui malheureusement n'ira pas au delà de
cette seule expérience et raccrochera la caméra pour se concentrer
essentiellement sur sa carrière de scénariste (Butcher
Boys
en 2012, The Chainsaw Murders
en 2013 ou Leatherface
en 2017)...
Massacre à la
tronçonneuse: la nouvelle génération
est donc plus un remake qu'une suite réelle des précédents volets.
Car si une fois de plus le principe du texte défilant du générique
simule superficiellement l'évolution des crimes commis par la
famille Sawyer à travers les années, Kim Henkel fait comme Jeff
Burr avant lui et fait table rase de la plupart de ses membres afin
de la reconstituer à travers des individus qui n'ont rien à envier
ou presque aux précédents. On notera qu'outre Tronche de cuir, le
grand-père y est toujours présent et pour une fois, dans une
certaine forme olympique puisque capable cette fois-ci de se lever de
sa chaise. Pour celles et ceux qui ne le savent toujours pas, le
personnage de Leatherface provient à l'origine d'un fait divers
authentique entourant le cas d'Edward Gein connu sous le nom du
Boucher de
Plainfield.
Un bouseux qui se rendit coupable de deux meurtres et de dizaines de
profanations de sépultures. Des cadavres qu'il rapporta chez lui
avant d'en prélever diverses pièces pour en décorer sa maison.
L'une des particularités de cet étrange bonhomme souvent considéré
par ses voisins comme l'idiot du village fut d'avoir fabriqué à
l'aide de la peau de ses victimes une étrange combinaison qu'il
revêtait les soirs de pleine Lune. Le Leatherface de Massacre
à la tronçonneuse: la nouvelle génération
semble plus proche que jamais de son... ''modèle''. Ce qui
malheureusement aura des conséquences sur le sérieux du propos car
comment ne pas trouver le Tronche de cuir de ce quatrième volet
ridicule ? C'est sans doute l'aspect le plus navrant d'un
long-métrage qui par ailleurs est considéré comme le pire d'entre
tous. Allez savoir pourquoi ? Pour la faiblesse de son
scénario ? Peut-être, mais alors il faudrait critique de la
même manière l'original et ses nombreuses suites...
Première
chose : le visuel. Kim Henkel semble s'être souvenu de
l'esthétique générale du Crocodile de la mort
au moment de tourner son unique long-métrage. Dehors, la brume y est
épaisse et persistante. Le réalisateur opte pour des teintes brunes
qui donnent à de nombreuses séquences en extérieur un indéniable
cachet. Certains passages mériteraient d'être mis en position
''arrêt sur image'' pour en contempler les qualités picturales. La
laideur y est magnifiée bien davantage que dans le précédent volet
dont la disgrâce visuelle gâchait en partie l'intérêt d'une œuvre
déjà mal fagotée. Ensuite, que l'on aime ou pas le principe, Kim
Henkel reprend à titre de droit ce qui lui appartenait en partie à
l'origine : le scénario de l'original pour le triturer à
quelques égards et en conserver certains effets à d'autres
occasions. On retrouve donc la maison des Sawyer, son entrée (que
Leatherface éventrera une fois de plus à coups de lame de
tronçonneuse) et son escalier, cette fois-ci positionné à gauche.
On retrouve également l'hallucinant dépotoir intérieur, sa
cuisine, son congélateur et son crochet auquel Leatherface suspendra
bien évidemment le corps d'une jeune étudiante vêtue de ses habits
d'apparat de fête de fin d'année. D'autres séquences viendront
rappeler le spectateur à ses bons souvenirs d'il y a vingt ans en
arrière. Mais des acteurs originaux, que nenni. Renée Zellweger
vient prendre la place de Marilyn Burns sept ans avant de devenir une
star mondiale grâce au premier volet de la trilogie Bridget
Jones
et Matthew McConaughey celle d'Edwin Neal avant de jouer pour le
compte de Steven Spielberg, Robert Zemeckis, Ron Howard, Christopher
Nolan ou Gus Van Sant. Celles et ceux qui charrient de mauvaises
ondes sur Massacre à la tronçonneuse: la
nouvelle génération
devraient reconsidérer leur position. Car même en faisant preuve
d'assez peu d'imagination d'un point de vue scénaristique, même
avec son final ridicule exposant un Leatherface grotesque, ce
quatrième opus reste visuellement très agréable et relativement
délirant dans la caractérisation des membres de la famille
Tronçonneuse. En tout cas, un film qui a gagné en qualité à
travers les années malgré ce que l'on a pu en penser à l'époque
de sa sortie. À chacun de rester sur sa position ou de réévaluer
le film à la hauteur de ses mérites...
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