Il y a bien longtemps que
je n'ai pas ouvert un ouvrage écrit par Stephen King. Comme
l'ancien grand fan de l'auteur de Shining
que j'étais et qui croit être revenu de tout, j'ai la prétention
d'avoir lu l'essentiel. Et même sans doute un peu trop. Jusqu'à La
Petite Fille qui aimait Tom Gordon
qui est sorti chez nous pile en 2000. Il y a donc vingt et une années
qui je n'ai pas feuilleté la moindre page de celui qui me poussa à
la trahison en affirmant un jour que Graham Masterton l'effrayait.
Une toute petite balle dans le pied que Stephen King allait se tirer
lui-même, lequel allait perdre l'un de ses fans qui, fort
logiquement, n'irait pas davantage se procurer Doctor
Sleep,
la suite de Shining,
lors de sa sortie en 2013. C'est donc l'esprit vierge et dénué de
toute appréhension que je me suis rué (en prenant tout mon temps
puisqu'il m'aura fallut deux ans pour sauter le pas) sur son
adaptation cinématographique. Ma passion pour le versant littéraire
de Stephen King étant consommée depuis longtemps, j'ai par contre
toujours pris le soin de me tenir au courant de tout ce que pouvaient
adapter de son grand œuvre la télévision et le cinéma. Du
meilleur, le plus rare, aux pires production, au titre desquelles La
tour sombre
figure sans doute comme le parangon de la trahison en terme
d'adaptation cinématographique d'une œuvre écrite par l'un des
maîtres de l'épouvante. On ne pouvait donc tomber plus bas avec
Doctor Sleep.
D'autant plus que Mike Flanagan n'est franchement pas un manche en
matière de mise en scène. Pour être tout à fait honnête, les
hostilités furent ouvertes pour la première fois il y a quelques
mois. Mais à l'époque, l'empreinte de Shining
de Stanley Kubrick fut telle que je stoppais la projection au bout
d'une dizaine de minutes seulement...
Quelques
mois plus tard donc, j'osais une nouvelle vision. En fait, en cette
moite nuit de septembre qui promettait d'être pluvieuse, laissant
pourtant l'asphalte de la rue barrant le quartier tout à fait sèche.
Une expérience de plus de deux heures trente qui selon certains est
digne de l'original (adaptation et roman compris) tandis que d'autres
vocifèrent sur le traitement qu'en a fait Mike Flanagan. Les
quelques références ( Ewan McGregor reprend le rôle du jeune Dannt
Torrance qui depuis à pris des rides et a hérité de l'alcoolisme
de son père, Carl Lumbly reprend celui de Dick Halloran
qu'interprétait à l'époque le génial Scatman Crothers, dès
l'entame, on entend le thème du Dies
Irae
réinterprété par le... pardon.... la compositrice Wendy Carlos,
etc...) appuyées à l’œuvre originale servent de lien mais
n'empêchent pas Doctor Sleep de
s'octroyer une personnalité qui lui est propre. Avec sa galerie de
nouveaux personnages plus ou moins grotesques forcément sortis de
l'esprit du King (non mais c'est quoi ce chapeau de magicien ridicule
que se coltine la méchante Rose O'Hara (l'actrice Rebecca
Ferguson)?), Doctor Sleep semble
parfois mixer cette envahissante vague de super-héros en mode
''anti'' qui pullulent sur les écrans de cinéma et de télévision
avec les vampires chers au John Carpenter de Vampires
(1998)...
Doctor Sleep
offre ce sentiment d'inutilité lorsqu'il est accolé à sa trop
grande référence, mais isolée de celle-ci, l’œuvre de Mike
Flanagan possède tout de même des qualités indéniables.
Visuellement, on est bluffé par l'esthétique générale. Les
couleurs sont magnifiques et la photographie souvent superbe de
Michael Fimognari nimbe le long-métrage d'une aura parfois très
particulière. Comme un rêve dont on ne pourra s'échapper qu'à la
toute fin de la projection. Ewan McGregor est convainquant en
alcoolique hanté, rejoint par Cliff Curtis qui malheureusement
disparu trop subitement des radars de la série Fear
the Walking Dead.
La jeune Kyliegh Curran également, dans le rôle d'Abra Stone, cette
sympathique gamine dotée des mêmes pouvoirs que Danny. Face à ces
trois là, une bande de zonards déplumés et criminels qui parfois
gonflent leurs rangs, parfois tuent et dont la survie ne tient qu'à
la consommation de la ''vapeur'' qu'ils prélèvent sur leurs
innocentes victimes elle-mêmes dotées des mêmes pouvoirs que Danny
et Abra. Malgré son importante durée, on n'a pas vraiment le temps
de s'ennuyer. Et même si certaines séquences sont visuellement
grotesques, ringardes, totalement éculées, comme peuvent l'être
certains effets visuels, Doctor Sleep
se laisse voir sans déplaisir, mais sans jamais s'autoriser la même
ampleur que celle du Shining de
Stanley Kubrick. Aussi entreprenant que niais, sombre mais parfois
lumineux (ahhhh, ces magnifiques pastels dignes des plus belles
œuvres picturales de style naïf), habité mais aussi parfois
surjoué (Rebecca Ferguson, je trouve, en fait trop), avec son retour
dans un hôtel Overlook délabré plein de promesses, Doctor
Sleep
est un sympathique petit film d'horreur auquel il manque cependant,
une bonne dose de vrais frissons. Un comble... !!!
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