Quel rapport entre la
fermeture de l'usine Renault à Vilvorde en Belgique et la vie
sexuelle des belges peut-on se demander en visionnant ce qui
s'apparente désormais plus à un documentaire qu'à une fiction. Le
troisième volet des aventures ''sexuelles'' de nos amis les belges
met en berne leur appétit pour la ''chose''. Si désormais il ne
faut plus compter sur l'acteur Jean-Henri Compère pour incarner Jan
Bucquoy, c'est parce que celui-ci assure maintenant la relève en
interprétant lui-même son propre rôle. Il n'est d'ailleurs pas le
seul à le faire puisqu'à ses côtés, l'entarteur Noël Godin,
Nathalie Sartiaux ou Marie Bucquoy font de même. Et c'est sans
compter sur Louis Schweitzer, l'homme par qui le scandale arrive, mis
au pilori par les employés d'une usine Renault qui se révoltent
contre le sort qui leur est accordé à l'annonce de sa fermeture. En
anti-capitaliste chevronné, Jan Bucquoy suit le mouvement et
condamne à la potence le président du groupe automobile Renault
entre 1992 et 2005, Louis Schweitzer. Guignol involontaire de
La Vie Sexuelle des Belges 3 Fermeture de l'usine Renault à
Vilvoorde,
hué, insulté, menacé par les employés de Vilvorde, certains
allant même jusqu'à souhaiter sa mort. La caméra de Jan Bucquoy
exacerberait-elle les esprits ou est-le ras le bol général qui
pousse certains à tenir de tels propos ?
Le
27 février, Louis Schweitzer annonce la fermeture de l'usine Renault
de Vilvorde. Une mesure qui soulève des contestations de la part des
ouvriers qui stoppent les chaînes de montage. Malgré les menaces,
les tentatives d'intimidation de part et d'autre, l'usine ferme
finalement l'été suivant après qu'ait été négocié un plan
social. Jan Bucquoy débarque avec sa caméra en plein conflit et
participe au mouvement, profitant ainsi de l'occasion pour combattre
à nouveau ce capitalisme qu'il n'a jamais cessé d'invectiver. Si La
Vie Sexuelle des Belges 3 Fermeture de l'usine Renault à Vilvoorde
est nettement moins délirant et provocateur que les deux précédents
volets, le titre semble cependant ironiser sur le sort des ouvriers
dont la pensée n'est désormais guidée qu'à travers leur combat
contre la fermeture de l'usine.
C'est
sans doute ainsi donc pourquoi, en dehors des quelques sursauts
provocateurs du réalisateur belge, le troisième volet de La
Vie Sexuelle des Belges n'aborde
pas vraiment le thème de la sexualité. Tout dans ce documentaire
tente à démontrer le bouleversement que génère une telle
situation de crise. On n'y aborde plus les passions et les hobby de
chacun, et donc moins encore le sexe. Tout au plus la politique
répressive, les barricades, l'affrontement entre les forces de
l'ordre et les ouvriers, le mépris des hautes instances et des
dirigeants, certains ouvriers allant même jusqu'à alerter le
téléspectateur des méfaits de la parole médiatique. En gourou de
la provoc', Jan Bucquoy se désape devant la caméra, baise sa femme
sur leur lit d'amour, avant de préparer en sa compagnie la
révolution. Une thématique qui se répète chez le réalisateur
belge de manière obsessionnelle depuis le premier volet de la saga.
Un documentaire nerveux, sans langue de bois, plongeant le spectateur
au cœur d'un confit retentissant qui frisa même jusqu'aux sourcils
du Parlement Européen qui vota par la suite une directive visant à
informer et consulter les personnels d'entreprises de plus de
cinquante salariés concernés par des cas similaires. Fantasmant sur
l'éradication du capitalisme ici représenté par le président du
groupe Renault, Jan Bucquoy clôt son sujet en mettant à mort (un
sosie de) Louis Schweitzer...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire