Il faudra passer par la
plate-forme Netflix pour
découvrir le premier long-métrage du cinéaste espagnol Galder
Gaztelu-Urrutia qui avec The Platform
(El Hoyo)
signe un long-métrage étonnant bien qu'étant la dernier rejeton
d'un sous-genre qui a permis à Cube
de Vincenzo Natali et quelques autres d'éclore ces vingt-cinq
dernières années. Un complexe souterrain constitué d'un peu plus
de deux-cent étages communiquant entre eux par une immense fosse est
le théâtre d'un récit métaphorique entre le Bien, le Mal,
l'administration, l'élite et les mendiants. Ceux des premiers
niveaux se partageant grassement des plats préparés chaque jour et
installés sur une plate-forme qui descend lentement du premier au
dernier étage. Bien entendu, on l'aura compris, ceux qui ont le
malheur d'avoir été tirés au sort pour habiter dans les niveaux
inférieurs sont généralement condamnés à une mort certaine, la
nourriture n'arrivant jamais jusqu'à eux. Ceux qui survivent ont une
chance de connaître ensuite un meilleur sort puisque chaque mois est
réorganisée la disposition de ces prisonniers volontaires (là
dessus, le réalisateur reste assez discret sur les raisons qui
poussent hommes et femmes à s'inscrire à cette étrange
expérience).
Si
le message est clair et relativement pieu, on ne peut pas dire que
Galder Gaztelu-Urrutia fasse preuve d'une grande finesse au moment de
nous le délivrer. Loin des prisons aseptisées des dystopies
habituelles, The Platform
situe son action dans un cadre entièrement bétonné ou les
tonalités sont donc majoritairement grises. Seul le sang versé
tentera de faire exploser une esthétique moribonde traitée de
manière austère confinant parfois au nihilisme et à l'attitude
trash. Parcouru par Ivan Massagué, Zorion Eguileor, Emilio Buale ou
l'une des rarissimes représentantes de la gente féminine Antonia
San Juan, The Platform
mise sur une tension quasi permanente tout en véhiculant un
message confinant parfois à la puérilité. Dans un monde où règne
la violence et le désir de survivre, le message du héros Goreng
paraît en effet bien naïf au regard des préoccupations de la
majorité des prisonniers dont la seule obsession et de se nourrir et
par conséquent, de rester en vie.
Derrière
ce message à ''l'eau de rose'' édulcorant l'aspect terne des
décors, Galder Gaztelu-Urrutia évoque l'idée de partage, de la
concurrence et de la survie, cette dernière se résolvant de manière
parfois résolument crue. C'est ainsi que l'espagnol ajoute
ponctuellement à son œuvre quelques saillies rougeoyantes et
excrétions scatologiques du plus bel effet, accentuant ainsi le côté
glauque de The Platform.
On a forcément envie d'aller jusqu'au bout pour connaître l'issue
de cette histoire et du héros incarnant un messie ensanglanté même
si parfois le film a tendance à tourner en rond. La fin s'avère
quelque peu décevante même si Galder Gaztelu-Urrutia est parvenu à
faire passer son message. Si le principal est accompli, il reste
certaines zones d'ombres que l'on aurait sans doute aimé voir
éclairées. Un long-métrage sympathique et foncièrement honnête...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire