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samedi 22 février 2020

Im Keller (Sous-Sol) d'Ulrich Seidl (2014) - ★★★★★★★★☆☆



Quittons un moment notre quotidien pour pénétrer dans un lieu où les secrets les plus inavouables peuvent être révélés. Une porte donnant sur une dimension parallèle où les fantasmes habituellement enfouis dans la cave de ces femmes et de ces hommes ici dévoilés, s'ouvre à nous pour le meilleur, et peut-être aussi parfois, pour le pire. Bienvenue dans le monde d'Ulrich Seidl, auteur de nombreux documentaires dont fait partie cet Im Keller (traduit chez nous sous le titre Sous-Sol), mais également de quelques longs-métrages de fiction dont la fascinante trilogie Paradies. Présenté à la Mostra de Venise en août 2014 et sorti un mois plus tard en Autriche et chez nous en France, Im Keller peut se concevoir comme une version autrichienne de la célèbre émission de télévision franco-belge Strip Tease qui fit notamment le bonheur des téléspectateurs hexagonaux avides de curiosités et de marginalité entre 1992 et 2012. Si Im Keller n'entretient pas vraiment de relation avec l’impressionnant travail accompli par le cinéaste suédois Roy Andersson (Sånger Från Andra Våningen, Du Levande), il en ressort tout de même ce goût du plan fixe dans lequel évoluent en apesanteur des personnages hors du commun. La différence fondamentale étant que dans le cas présent, rien n'est fictif. Tout est réel et parfaitement assumé par des hommes et des femmes qui se livrent entièrement, quitte à ce que certains d'entre eux se mettent à nu au sens propre...

L'image du sous-sol, fantasme des criminologues en herbe qui imaginent les exactions de certains individus devenus célèbres pour avoir enfermé de jeunes femmes, est ici contrecarrée par des passionnés de toutes natures. Mais pas toujours des plus saines. C'est ainsi donc que l'on fait notamment la connaissance avec un ténor du dimanche amateur d'armes dialoguant avec des amis sur la situation des immigrés turcs dans leur pays. Un peu plus loin, nous faisons celle d'un couple dont le mari adore les instruments à vent, fait partie d'une fanfare, mais surtout, est fasciné par le nazisme. Si l'on s'enfonce encore un peu plus loin, on fini par faire une rencontre émouvante à travers le portrait d'une sexagénaire qui traite ses poupées baigneurs comme le ferait une mère avec ses propres enfants. Tendresse, amour, baisers, caresses. Un contact physique qui ferait presque écho à ces couples qui sans masques, nus comme des vers, attachés, fouettés, amateurs de fessées et d'humiliation, se laissent guider par la voix de leur maître(sse)...

Parfois drôle, attendrissant, absurde, dérangeant ou plus simplement étonnant, Im Keller dresse l'improbable portrait d'individus cultivant des passions hors normes dans de somptueuses séquences fixes, dignes de tableaux de maîtres. Œuvre picturale vivante par excellence, c'est en cela que l'autrichien Ulrich Seidl rejoint l'esthétisme envoûtant d'un Roy Andersson. Mais plus encore que le réalisateur, sa maîtrise formelle et sa patience, ce sont ces inconnus qui le temps d'un film ne dépassant pas une heure et vingt et une minutes, sortent de l'ombre pour briller sous les projecteurs. C'est eux qu'il faut honorer de notre présence en prenant le temps d'admirer ce que d'aucun pourra malheureusement sans connaissance suffisante, juger parfois de déviant. Même dans l'acte incompris, perçu comme sordide ou anormal, ce que nous offrent ces femmes et ces hommes qui ont choisi d'accorder leur confiance au cinéaste est la plus précieuse des offrandes...

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