Philippe Katerine jouant
dans un O.F.N.I, étonnant ! Non ? Pas vraiment en fait.
Aussi atypique sur grand écran qu'en musique lorsqu'il se met
lui-même en scène (Peau de Cochon)
ou que d'autres s'en chargent (Hibou
de Ramzy Bédia) comme en témoigne en 2011 ce film signé de Thierry
Jousse, Je suis un No Man's Land
dont il s'agit actuellement de la seconde réalisation après Les
Invisibles en
2005. Peu productif, le cinéaste a cependant le don de nous faire
voyager dans des paysages sonores et visuels différents. Entre
mélancolie, nostalgie, comédie et poésie, Je
suis un No Man's Land
est un retour à la nature, dans un coin de France paisible où
vivent les parents de Philippe. Ceux-là mêmes qu'il n'a pas revu
depuis cinq ans. Depuis surtout, que le succès est au rendez-vous
pour ce chanteur accaparé par sa carrière qui un soir reçoit dans
sa loge, une groupie très étrange qui l'invite à venir chez elle.
En fait, une ancienne camarade de lycée que Philippe a bien entendu,
oublié. Un verre d'alcool et le voilà flippant, s'échappant,
courant dans la forêt, tombant sur un cheval, marchant longuement
jusqu'à se retrouver là où il vivait étant enfant. Il y tombe nez
à nez avec un couple de vieux qui ne sont autre que ses parents. Le
lendemain matin, après avoir dormi dans sa chambre d'enfant,
Philippe est réveillé par sa mère, inquiet à l'idée de manquer
le car pour l'école...
On
aurait pu croire Philippe Katerine à l'origine du script et
pourtant, c'est bien Thierry Jousse en compagnie de Jérôme Larcher
et Camille Taboulay qui en est l'auteur. Une histoire un peu folle
parcourue de jolis instants de vie. Émouvant comme les retrouvailles
d'un gamin qui a peut-être grandit trop vite tout en gardant son âme
d'enfant. Lentement, mais sûrement, Je suis un
No Man's Land diffuse
son parfum de nostalgie et de regrets. Ceux qui mettent notre héros
face aux remords de n'avoir pas été là alors que sa mère se
mourrait d'une grave maladie. Mais alors qu'il ne lui reste que très
peu de temps, comment rapprocher un Philippe maladroit deson
père, méfiant. Une distance toute paysanne, bourrue, entre
le géniteur et sa progéniture.
Philippe,
le chanteur, fait l'école buissonnière. Quitte pour un temps le
show-business et les paillettes pour un retour à la réalité. Celle
des odeurs de foin, du monde paysan. Un décalage pas toujours
évident à assumer. Surtout pas auprès de Patrick Vidal, son ancien
guitariste qu'il a laissé choir, un jour, sur le bas-côté de la route tandis
que lui, partait conquérir le public. Un ancien copain avec lequel
il entretient désormais des rapports houleux. Et puis, il y a cette
drôle de fée qui débarque la nuit au beau milieu d'une forêt
tandis que Philippe fait l'amour à un arbre. C'est là que
l'ornithologue apprend au chanteur qu'il est dendrophile. Car oui,
philippe aime les arbres. Il les caresse, et les pénètre comme on
fait l'amour à celui ou celle que l'on aime. Faut-il pour autant y
voir une vision pervertie de l'amour ? Non. Surtout pas chez
Philippe Katerine auquel on donne le bon Dieu sans confession. Lui
qui ici se révèle comme à son habitude, d'un naturel déconcertant.
Naïf et mal préparé à tout ce qui est nouveau. Un chanteur pas
vraiment comme les autres. Ici, on parle évidemment de l'acteur, du
chanteur, et du personnage qu'il incarne bien entendu.
A
ses côtés, la toujours décalée Julie Depardieu dans le rôle de
Sylvie, l'ornithologue. Judith Chemla est Chloé, cette
inconditionnelle du chanteur un peu flippante. Patrick, l'ancien pote
de Philippe est quant à lui incarné par Jean-Michel Portal. Quant
aux parents du héros, ils sont respectivement interprétés par
Aurore Clément, et le toujours approximatif Jackie Berroyer. Je
suis un No Man's Land
ne ressemble à rien de commun si ce n'est à l'univers propre à
Philippe Katerine. On pourra le comparer, toutes proportions gardées, à Michel Gondry, Quentin
Dupieux, ou même Ramzy Bédia et son Hibou
pour son côté décalé et parfois naïf. Un long-métrage qui siéra
aux rêveurs de tous poils amateurs d'Objets Filmiques Non Identifiés
auquel le film de Thierry Jousse appartient indéniablement. Les
autres, pas ou peu préparés, risquent malheureusement de faire la grimace...
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