Ça n'est pas sur les
CONSEILS de mon ami Michael Hagelstein, ce grand penseur qui me met
le rouge aux joues à la lecture de ses admirables articles,
infiniment plus profonds que les miens, mais sur la simple EVOCATION
d'Agafia
dont il m'a entretenu il y a quelques heures, que la curiosité de
découvrir ce court-métrage de Jean-Pierre Mocky m'a piqué au vif.
Ahhhh ! Jean-Pierre Mocky, cet auteur sublime, capable (presque)
du meilleur, comme (souvent) du pire. Bourvil, Mitchell, Serrault,
Poiré, Maillan, Novembre, Noiret, et j'en passe des dizaines
d'autres. Mais aussi, un vivier de personnages tous plus étranges
les uns que les autres. Car l’œuvre de ce cinéaste français
maudit par une partie de l’intelligentsia (autant dire, certains
des critiques cinématographiques les plus pompeux) ressemble à un
immense Barnum accueillant en son sein des créatures auxquelles
aucun autre cinéaste ne se serait risqué de donner une chance de
tourner dans un film. Un généreux donateur donc, en conséquence de
quoi, l'interprétation est parfois bancale, inadaptée, improbable,
surréaliste... bref, lamentable.
Mais
ici, rien de grave. Jean-Pierre nous ayant habitués à faire du
Mocky, on sait généralement à quoi s'attendre. En plus, lorsque
débarquent sur le devant de la scène Pierre Richard et Gérard
Depardieu, on pense forcément que le film fera partie de ces
quelques grands classiques que l'auteur du Témoin,
du Miraculé,
ou de La Grande Lessive
(chacun pourra y joindre ses propres références) a signé durant sa
carrière. C'est la larme à l’œil, la morve au nez et la lèvre
supérieure tressautant que l'on évoquera la trilogie constituée
par La Chèvre,
Les Compères,
ainsi que par Les Fugitifs.
Le binôme étant de retour trente-deux ans plus tard, qu'allait-il
nous réserver ?
Une
vache maigre, je vous le dis. Car en adaptant une nouvelle d'Anton
Tchekov, la bien nommée Agafia,
du nom du principal personnage féminin venu profiter des faveurs
d'un vagabond, Jean-Pierre Mocky réalise parmi ce qu'il a tourné de
pire. Pourtant, le sujet n'étant pas particulièrement casse-gueule
et le récit étant des plus limpide, on se demande comment le
cinéaste a pu passer à côté. Et surtout, oui, surtout, dénaturer
ainsi l'esprit de son œuvre. Car sans en avoir été d'abord averti,
comment deviner en effet que l'auteur des Saison
du Plaisir ou
de Litan
se
cache derrière ces vingt minutes de pur ennui. Pierre Richard ?
Inutile. Gérard Depardieu ? Grotesque. Le premier a beau avoir
bercé nos années de jeunesse et avoir été l'un des plus grands
acteurs comiques, et le second a beau avoir été l'un des plus
grands acteurs français tout court, ni l'un ni l'autre ne
parviennent à éveiller le moindre soupçon d'intérêt pour ce
court-métrage qui s'enlise dans une succession de scènes d'où toute
notion de plaisir et de dramaturgie s'est faite la malle.
Agafia
ne démarre jamais. L'intrigue n'apporte pas son lot d'émotions,
l’œuvre étant interprétée avec un luxe de médiocrité. Gérard
Depardieu fut grand, beau, charismatique, il n'est aujourd'hui que
boursouflures s’essoufflant à la suite de chaque réplique. LUI,
l'amant avec lequel toutes les femmes du village rêveraient de
partager la couche ? A d'autres, hein ? Pierre Richard
n'est que l'ombre de lui-même, planqué de surcroît derrière un
bandeau noir, ne montrant alors plus qu'un œil unique et honteux
d'avoir accepté de tourner dans une engeance pareille. France 2... à
l'ouverture... déjà, ça sentait le purin. Autant Jean-Pierre
Mocky, lorsqu'il tournait ses plus mauvais films avait le mérite de
nous faire sourire (voire rire). Mais à l'occasion d'Agafia,
c'est la sinistrose qui nous guette. Et encore, soyons heureux que le
tout ne dure qu'un peu plus de dix-neuf minutes. Même la beauté
slave de l'actrice Olga Korotyayeva n'y fait rien.
Agafia
est un ratage total qui ne profitera même pas aux fans purs et durs
de nanars...
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