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vendredi 1 avril 2016

Fitzcarraldo de Werner Herzog (1982) - ★★★★★★★★★★



Brian Sweeney Fitzgerald dit Fitzcarraldo est passionné par l'opéra et rêve d'en construire un au beau milieu de la forêt amazonienne. Inventeur d'un procédé permettant la fabrication de pains de glace, son métier ne lui rapporte malheureusement pas assez d'argent pour pouvoir mener à bien son projet. C'est pourquoi, avec l'aide financière de sa compagne Molly, propriétaire d'une maison close, il achète une concession de caoutchouc longeant le fleuve Ucayali et appartenant à Don Aquilino, ainsi qu'un bateau à vapeur en piteux état.

Après avoir formé un équipage principalement constitué par des habitants de la région, le bateau retapé par leurs soins, Fitzcarraldo embrasse une dernière fois Molly et part à la conquête de la forêt amazonienne. Mais sur la route, la proximité des indiens Jivaros, des réducteurs de têtes, fait craindre le pire à l'équipage qui prend la fuite. A bord du bateau ne demeurent plus que le chef cuisinier Huerequeque, le capitaine Orinoco Paul et le machiniste Cholo Miguel. Désemparé, Fitzcarraldo s'apprête à tout abandonner lorsque miraculeusement, les indiens Jivaros lui barrent la route et décident de l'accompagner dans ce rêve insensé qui consiste à bâtir un opéra au beau milieu de l'Amazonie...

Le cinéaste Werner Herzog et l'acteur Klaus Kinski se retrouvent ici pour la quatrième fois pour ce qui restera sans aucun doute comme leur plus ambitieuse collaboration. Les deux hommes se retrouvent pour la deuxième fois confrontés à la rage d'un fleuve qu'ils commencent à bien connaître puisqu'en 1972, soit dix ans plus tôt, ils tournèrent ensemble Aguirre, la Colère de Dieu. Fizcarraldo est à l'image de son réalisateur et de son principal interprète. Un projet invraisemblable, une mise en scène à l'ambition démesurée, et surtout, un spectacle extraordinaire mis en scène par un artiste qui aime, et veut le faire savoir, la nature dans ce qu'elle a de plus belle et de plus dangereuse.
Werner Herzog semble avoir été inspiré par un voyage effectué en Bretagne. Ébahi par le spectacle des alignements de pierres de Carnac, il se pose alors une question : comment faire franchir à un bateau, le sommet d'une montagne au cœur d'une nature hostile et dangereuse capable d'anéantir les faibles comme les forts. Mais si Fizcarraldo est une œuvre éblouissante conquérant l'esprit des spectateurs grâce à un visuel et par des scènes à la réalisation insensées, le cinéaste démontre avec force que l'homme n'est jamais rien d'autre qu'un simple mortel qui pour vivre a nécessairement besoin de rêver à travers l'expression artistique.

Outre la magnificence d'un décor dont Werner Herzog s'approprie le temps d'un film quelques milliers d'hectares à la simple vision d'un homme perché au sommet de la canopée, le cinéaste fait également référence aux coutumes et aux légendes qui entourent les peuples indiens qui vivent tout au long du fleuve. On y découvre l'homme blanc exploitant à nouveau, mais ici de manière presque innocente, des sauvages afin de mener à bien son projet. Le spectacle est alors total et compte des scènes totalement folles. Celle où le bateau franchit la colline demeurant sans doute comme la plus démentielle. Au son d'un Caruso dont la voix apparaîtra comme étant des plus émouvante même pour les plus réfractaires, Klaus Kinski interprète un Fitzcarraldo presque schizophrénique dans son comportement. On retrouve le Kinski halluciné mais aussi un acteur qui n'a sans doute jamais été aussi bouleversant.

Ceux qui pensent que l'acteur n'est que l’éternel fou génial jouant presque exclusivement de son faciès halluciné se doivent de découvrir Fitzcarraldo. Lors d'une scène dans laquelle l'acteur exprime tout le désarroi de son personnage face à la seule alternative qui lui reste lorsque tous les hommes du bateau ou presque l'ont abandonné, Klaus Kinsi se fait véritablement émouvant. On comprend mieux alors les raisons qui un jour ont poussé Werner Herzog à le désirer comme interprète principal de plusieurs de ses projets. D'un simple regard l'immense Klaus Kinski dessine les contours d'un homme acculé devant l'échec inévitable qui s'offre à lui. Fitzcarraldo est une œuvre immense récompensée par le prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1982. En complément, il est plus que conseillé aux spectateurs de voir Ennemis Intimes, un documentaire qui retrace les différents collaborations entre Werner Herzog et Klaus Kinski. On y apprend notamment que le tournage de Fitzcarraldo s'avéra parfois extrêmement difficile, et pas simplement à cause des conditions extrêmes dues à la forêt et au fleuve, mais aussi aux perpétuels affrontements verbaux entre les deux hommes...

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