Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


jeudi 14 mai 2015

Miss Violence de Alexandro Avranas (2012)



Parler du cinéma grec est ici tellement rare qu'il n'est pas anecdotique de se pencher sur l'une de ses œuvres. Drame familial par excellence, Miss Violence de Alexandro Avranas n'a pourtant pas tant de différence que cela avec le nauséeux et très réussi Singapore Sling de Nikos Nkolaïdis déjà traité ici.

Alors qu'elle fête en famille l'anniversaire de ses onze ans, la jeune Angeliki tombe du balcon et s'écrase plusieurs étages en contrebas de l'immeuble. La gamine meurt et les suppositions vont bon train. Pour les services sociaux, il s'agit sans doute d'un suicide. Pour ses parents, c'est un accident. Les temps sont rudes. Philippos, le fils de leur fille Eleni devient un élève agité, violent envers ses camarades. Myrto, la jeune sœur de Eleni est une enfant perturbée qui s'automutile parfois devant les yeux de sa mère. Eleni, elle, outre Philippos, a une deuxième enfant, la toute jeune Alkmini. Elle attend à nouveau un bébé dont personne ne connaît le père. Elle n'a d'ailleurs jamais donné le nom de celui de ses deux premiers enfants. Le père de famille élève ses enfants et ses petits-enfants dans un climat particulièrement rude. Seul a faire rentrer de l'argent, il décide de tout et est intransigeant. Sa femme, elle, est effacée et se tait.

Alors qu'ils préparent l'arrivée des services sociaux qui doivent examiner leur cas, des événements vont venir troubler le calme apparent de cette famille menée de main de fer par le patriarche...

Lorsque l'on se lance dans cette aventure, on est loin, très loin même d'imaginer comment vont évoluer les événements. On pense tout d'abord que ceux-ci vont uniquement se situer autour de la disparition de la jeune Angeliki qui s'est (et ce n'est pas divulguer une information importante que de le dire) volontairement jetée dans le vide. Mais en réalité, ce fait n'est que le point de départ d'un récit qui va enfoncer ses personnages et les spectateur au cœur d'un fait divers d'une ampleur horrifique à peine soupçonnable. Du moins pendant un temps puisque l'une des très grandes force du film de Alexandro Avranas est de parsemer au compte-gouttes son récit de détail qui vont forger la personnalité de ses personnages.

Derrière un titre un peu idiot et racoleur se cache un drame social terrible mené de main de maître par le cinéaste, mais avant tout par une brochette d'interprètes qui n'ont pas besoin d'en faire des « caisses » pour nous convaincre. On comprend que l’œuvre ait pu choquer les festivaliers de la Mostra de Venise en 2013, tout comme l'on comprend pourquoi elle ait remporté le Lion d'Argent du Meilleur Réalisateur et la Coupe Volti du meilleur acteur pour Themis Panou qui campe ici un patriarche impressionnant de froideur et de détermination.

Si le sujet est des plus difficile, il est livré dans des décors minimalistes qui servent entièrement le scénario et l'interprétation. On notera la visite des services sociaux à travers un plan-séquence très réussi de neuf minutes qui montre une jolie prouesse en terme d'espace et de cadrage.
La réussite tient également au fait que les portraits soient si justes et proches de ce à quoi nous pourrions nous attendre, confrontés à de telles personnalités. Entre le mal incarné par l'image du père protecteur, la (ou les) victimes, dont celle qui se réfugie dans le silence et que l'on condamne par la même, Miss Violence est un vibrant et monstrueux témoignage sur l'ignominie dont peuvent se rendre coupables certains d'entre nous. Mais au delà de cette sinistre image, il y a aussi ces être fragiles merveilleusement mis en images, interprètes de la souffrance qui dignement demeurent dans le silence en exprimant leur torpeur de leur seul regard. Miss Violence est un chef-d’œuvre qui émeut et réussit à aborder un sujet difficile et complexe sans tomber ni dans le larmoyant ni dans le sordide gratuit...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...