Tout commence en 1968 sur une route paisible de Pennsylvanie. Barbara et son frère Johnny viennent fleurir la tombe de leur père enterré dans le cimetière de leur ville natale. On sent bien que Johnny est embêté par cette traditionnelle visite annuelle à laquelle sa sœur attache bien plus d'importance que lui. Il semble tellement s'en irriter qu'il ne peut s’empêcher de provoquer Barbara en lui faisant croire que les morts vont venir la chercher, comme il le faisait lorsqu'ils étaient jeunes.
A force de la pousser dans ses derniers retranchement, Barbara finit par s'éloigner de son frère tout en le suppliant de bien vouloir cesser ce petit jeu. Plus loin, à quelques dizaines de mètres et marchant d'un pas mal assuré entre les tombes, la silhouette d'un homme en costume noir se rapproche peu à peu de la jeune femme. Gênée des bruits qu'occasionnent les quolibets de son frère dans cet endroit où règne généralement le calme, Barbara croise l'homme en baissant le regard. Alors qu'ils se frôlent presque, l'homme agresse subitement la jeune femme et tente de la mordre au visage. C'est alors que Johnny s'empresse de venir au secours de sa sœur. Les deux hommes s'empoignent, et bien que le frère de Barbara parviennent durant un court instant à prendre le dessus sur son assaillant, ce dernier finit par jeter au sol Johnny qui meurt la tête fracassée contre une pierre tombale.
S'ensuit alors une course-poursuite entre l'homme et Barbara sous la menace d'un orage qui se prépare. Après maintes tentative pour arracher la jeune femme apeurée des entrailles de la voiture dans laquelle elle s'est réfugiée, l'homme se saisit d'une pierre afin de briser le pare-brise avant gauche. C'est à ce moment là que la voiture démarre et que Barbara parvient à s'éloigner du lieu du drame. Quelques temps plus tard, elle arrive devant une demeure abandonnée, y pénètre, et s'y calfeutre alors que la nuit commence à tomber...
Débute alors un huis-clos tendu. Et pas seulement parce que la maison, très vite, va se retrouver entourée d'une ribambelle de zombies tous amateurs de chair fraîche mais surtout parce que les différents protagonistes qui vont faire bientôt leur apparition vont démontrer qu'une fois de plus le danger vient plus de l'homme lui-même que des créatures auxquelles il est confronté. Si Romero fait très vite se confronter l'homme noir aux plus vils instincts de l'homme blanc, c'est peut-être ainsi pour renverser la vapeur et démontrer que le méchant n'est pas celui auquel on pense. D'ailleurs, le premier prend les choses en main et barricade la maison alors que le second se planque sans faire de bruit à l'intérieur de la cave. D'ailleurs ce dernier n'est pas seul et l'on comprend que le groupe ainsi formé y est caché depuis un petit moment. Ben (l'homme noir) tente de faire revenir Barbara, qui s'est évanouie, à la raison. Elle reprend connaissance mais semble avoir perdu la tête. Ben n'a pas envie et n'a de toute manière, pas de temps à perdre avec la jeune femme. Le plus urgent et de bloquer les accès car dehors, les morts se font de plus en plus nombreux.
Lorsqu'interviennent les individus cachés dans la cave, l'ambiance commence très vite à s'échauffer entre Ben et Harry Cooper, l'un d'entre eux. L'homme ne semble pas près à écouter celui qui jusqu'à maintenant résonne de la manière la plus censée. Pour Harry, la seule alternative est de rester planqués dans la cave. Ben, lui, pense que s'y enfermer les empêchera de fuir si jamais la maison finit pas être envahie. La guerre qui semble devoir opposer les vivants aux morts est alors mise au second plan et c'est à celle qui oppose l'homme noir à l'homme blanc qui est mise en avant.
Romero se doute-t-il à l'époque que son film va devenir l'un des grands classiques de l'épouvante ? A-t-il déjà en tête le projet fou de transformer ce petit film d'horreur en une saga qui n'est encore aujourd''hui, pas arrivée à terme ?
Effets-spéciaux:
Tourné en 1968 et en noir et blanc, "Night Of The Living Dead" reste encore quarante-quatre ans après sa sortie un monument de l'épouvante. Pas seulement parce qu'il révolutionne un genre (on y voit pour la toute première fois des morts dévorer la chair des vivants) mais aussi parce qu'il a su conserver tout ce qui devait probablement faire sa force à l'époque. Volontaire ou non, l'utilisation du noir et blanc est un choix qui reste toujours judicieux, faisant d'un sujet même aussi peu crédible que le réveil des morts, une effrayante idée. On est encore loin de la phénoménale suite Dawn Of The Dead que Romero tournera dix ans plus tard en matière d'effets spéciaux. Tom Savini ne fait pas encore partie du projet et les maquillages restent jusqu'à présent, des plus sommaires. Comme pour accoutumer les spectateurs à l'horreur qui va bientôt surgir sur les écrans, les premiers morts se contentent de dévorer quelques insectes rampants arrachés au tronc d'un arbre. Ici, il n'y a pas encore vraiment de contact direct entre la chair vive et celle qui se décharne presque à vue d’œil. On peut tout de même supposer les effroyables conséquences que put avoir l'impressionnante orgie finale sur les spectateurs et qui est l'une des marques de fabrique de George Romero. Les maquillages faciaux sont sommaires, sans doute relatifs aux peu de moyens ou aux capacités limitées en matière d'effets-spéciaux de l'époque. Toujours est-il que le cinéaste parvient à créer l'une des scènes d'horreur les plus cauchemardesques de tous les temps à travers le meurtre d'Helen par sa propre fille. Quelques giclées de sang sur les murs, le visage déformé par l'horreur d'helen opposé à la froideur de celui de sa fille et surtout l'écho de la supplicié qui résonne et rebondit encore dans l'esprit de ceux qui ont assisté à cette scène démentielle.
L’éternel combat du bien contre le mal:
Ce dernier semble vouer un amour sans bornes pour ses monstres et fait d'eux les éternels vainqueurs du combat entre le bien et le mal. Le seul responsable de cet état de fait, c'est l'homme. Si les morts se lèvent de leur tombe, ça n'est pas la conséquence d'une hypothétique prophétie qui viendrait à maturité mais bien cette récurrente façon qu'il a de modifier la nature même des éléments offerts par notre planète. S'il est incapable de se défendre face à son pire ennemi (ici un contingent de morts-vivants avide chair humaine), c'est parce qu'il se laisse chaque fois submerger par ses émotions. Le cadre exigu choisi par Romero permet de créer une atmosphère des plus tendue. Les corps se frôlent, les regards se croisent, les avis divergent. La femme de Harry garde leur petite fille mordue par un zombie et restée allongée et inconsciente dans la cave. Pourtant, si l'on ressent une certaine pitié pour Helen (la femme de Harry), on comprend vite que ce qui anime son mari, c'est sa haine du noir, son désir de garder le contrôle sur le jeune couple formé par Judy et Tom et surtout, sa très grande lâcheté. La peur est un sentiment partagé par chacun d'une manière plus ou moins visible. Enfermés dans la cave, Tom, Judy et helen semblent avoir formé un groupe soudé autour du chef Harry, mais depuis qu'ils ont quitté leur cocon, l'unicité n'est plus. Harry ne parvient plus à la maintenir et seule sa femme reste à ses cotés même si l'on devine que c'est uniquement pour le bien de leur fille. Les esprits s'échauffent alors que dehors, malgré le calme apparent, l'invasion se fait de plus en plus précise. Les rares fois ou Romero projette sa caméra à l'extérieur, on voit grandir les rangs de son armée de morts. Rétrospectivement, on se demande si les personnages n'auraient pas mieux fait de fuir leur refuge plus tôt dans la soirée plutôt que de laisser l'atmosphère s'envenimer.
George Romero fait preuve d'un humour noir très présent et ce, à plusieurs reprises. Le retour inattendu de Johnny, zombifié, qui se chargera lui-même du sort peu enviable de Barbara ainsi que la fin tragique de Ben, le seul survivant de cette véritable nuit de cauchemar qui finira sur le bûcher après avoir été malencontreusement pris pour un mort-vivant par des chasseurs de zombies. La fin du film laisse deviner les projets du cinéaste qui ne compte pas en rester là. Ce n'est certainement pas une poignée d'hommes qui parviendra à éradiquer l'immonde invasion qui ne fait que commencer...
En cadeau: Les dix premières minutes du film:
A venir: Dawn Of The Dead (1978)
Hallucinant que ce film fait parti du domaine public suite au peu d'expérience légale de ce cher george.
RépondreSupprimerTrop heureux le jour ou j'ai trouvé la bo en vinyl a "Movie 2000" pour 30f ;)
Figure toi qu'il y a très longtemps, et dans cette même boutique, je suis tombé sur "La Maison Aux fenêtres Qui rient" en vhs alors qu'il était à l'époque introuvable.
RépondreSupprimerPs: j'ai tenté de t'écrire sur ton blog mais je ne parviens pas à m'y rendre.
On vient de se le visionner ce soir... dans une version colorisée, dommage. J'aurais préféré qu'ils retravaillent la bande-son, épouvantable, plutôt que la couleur, mais bon... malgré la bande-son effroyable, ça avait quand même de la gueule : je m'attendais au pire après les premières minutes, mais, plus ça avance, plus c'est jouissif ! Surtout cette fin noire, très noire, j'en ai ricané. Et de se dire que finalement, c'est peut-être le lâche qui avait raison de se réfugier dans la cave.
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